Les premières mesures d'Hollande
La présidence Hollande est entrée dans le vif jeudi avec la tenue dans l'après-midi du premier Conseil des ministres du gouvernement Ayrault, « déjà au travail » selon sa porte-parole Najat Vallaud-Belkacem, après une matinée rythmée par les passations de pouvoirs. Première mesure symbolique adoptée, la réduction de 30 % du salaire du Président et des ministres, et la signature d'une charte de déontologie. Nommés mercredi soir, les 17 hommes et 17 femmes de ce premier gouvernement paritaire de la Ve République ont tenu leur premier Conseil des ministres pendant environ 45 minutes. Il a été l'occasion d'adopter la première mesure du quinquennat : la baisse de 30 % du salaire du président et de ses ministres. A son issue a eu lieu la traditionnelle photo de famille, côté jardin. Le duo exécutif était entouré de Marisol Touraine et du numéro deux du gouvernement, Laurent Fabius. Le président et son Premier ministre ont ensuite repris la pose avec les seules femmes de l'équipe. Devait suivre le traditionnel compte-rendu du conseil par la porte-parole.
Consciencieux, les 34 ministres et ministres délégués étaient arrivés entre 14H30 et 14H50, à la suite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, posant, le sourire aux lèvres, pour les photographes et cameramen. A l'image de la benjamine Najat Vallaud-Belkacem, il s'agissait du baptême du feu pour la plupart d'entre eux : cinq seulement avaient une expérience en la matière (Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Jean-Yves Le Drian, Michel Sapin, Marylise Lebranchu). Inédit : c'était même le premier Conseil dont les deux têtes, MM. Hollande et Ayrault, n'ont jamais été ministres. Dès mercredi soir, M. Ayrault a assuré qu'il ne serait pas le « collaborateur » de M. Hollande, terme utilisé par Nicolas Sarkozy pour François Fillon en 2007, mais qu'il aurait « la responsabilité de faire fonctionner l'Etat et d'animer l'équipe gouvernementale ». Les membres du gouvernement se verront imposer une « charte de déontologie pour que les ministres, dans l'exercice de leur fonction, ne mélangent pas les genres et qu'ils soient exemplaires », a-t-il expliqué. M. Hollande achèvera sa première semaine à l'Elysée en partant vendredi matin pour les Etats-Unis, où il doit passer quatre jours afin d'assister au sommets du G8 et de l'Otan, et rencontrer Barack Obama.
La matinée a été rythmée par les passations de pouvoirs. Au moment de succéder à Alain Juppé au Quai d'Orsay - comme lui énarque et normalien -, le numéro deux du gouvernement Laurent Fabius - l'homme du « non » au projet de Constitution de l'UE - s'est dit « profondément Européen », mais en faveur d'une « Europe différente ». Succédant à Luc Châtel, le numéro trois Vincent Peillon (Education) a souligné sa « responsabilité particulière » : faire de l'école « une priorité ». A son côté se trouvait sa ministre déléguée à la Réussite éducative, la députée parisienne George Pau-Langevin. Pierre Moscovici (Economie), relayant Valérie Pécresse et François Baroin, a souligné que la dette publique était « un ennemi » pour la France. Sous les yeux de Claude Guéant, Manuel Valls (Intérieur) a promis qu'il n'y aurait « ni angélisme ni course aux chiffres » en matière de sécurité, « ni stigmatisation de communautés ». Marisol Touraine, nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé, a eu le droit à une double passation : Santé puis Solidarités. Rue de Valois, la cérémonie a été le théâtre d'un éloge de Frédéric Mitterrand à Aurélie Filippetti. « C'est un jour de chance pour ce ministère car il va y avoir à partir de maintenant une ministre dont l'empathie pour le monde de la culture est connue depuis longtemps », a-t-il dit.
Avec son prédécesseur Gérard Longuet, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a parlé de l'Afghanistan. Najat Vallaud-Belkacem a salué un « gouvernement du changement » incarnant le « respect des engagements pris ». Alors que Jean-Marc Ayrault a prévenu mercredi que tout ministre battu aux législatives ne resterait pas au gouvernement, la ministre lyonnaise a annoncé en matinée qu'elle renonçait à sa candidature, dans une circonscription qui s'annonçait des plus incertaines. Des responsables UMP, dont Christian Jacob, ont dénoncé « un manque de courage ». Martine Aubry, qui briguait Matignon et dont l'absence a été très commentée, a assuré jeudi qu'elle serait « la première alliée » de François Hollande. Avec 34 membres, dont sept ont moins de 40 ans, le gouvernement est plus fourni que le précédent (31). Il sera probablement remanié en fonction des résultats des législatives, le pire scénario, brandi par la droite, étant celui d'un « troisième tour » amenant à une cohabitation. Bernard Accoyer, président UMP de l'Assemblée sortante, a notamment regretté un « recroquevillement » du gouvernement sur le PS. Jean-François Copé, patron de l'ex-parti présidentiel, a qualifié d'« imposture » la baisse du salaire des ministres dans un gouvernement comptant « 14 membres de plus » que le premier gouvernement Fillon.
(LaVoixduNord)