La galère des migrants subsahariens
Le royaume chérifien est-il débordé par les ressortissants d’Afrique au Sud du Sahara ? La question est légitime, vu la situation à laquelle ces derniers se trouvent confrontés, dans cette zone désertique. En cette fin d’année 2012, les Africains de différentes nationalités ont vécu des expulsions massives de la part du Maroc. La Mauritanie, de son côté, refuse de laisser passer sur son sol ces subsahariens, arguant qu’ils sont en situation d’irrégularité.
Plus d’une dizaine de migrants sénégalais ont subi les affres du désert depuis la mi-décembre. Certains pour défaut de pièces, d’autres, pour avoir tenté à partir d’El Ayoune (Maroc) d'atteindre le sol espagnol. Treize Sénégalais ont été bloqués à la frontière mauritano-marocaine, alors que le consul du Sénégal à Casa leur avait délivré des sauf-conduits que les autorités mauritaniennes n’ont pas accepté. Pour entrer en Mauritanie, des points de passage précis ont été redéfinis, depuis deux ans. Et ce point de la frontière avec le Maroc n'en fait pas partie. Ce qui a compliqué les choses.
Toutefois, 7 sénégalais ont pu recevoir les copies de leurs passeports et être acceptés sur le sol mauritanien. Les 6 autres ont dû leur salut à l’intervention de l’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, SEM Mamadou Kane, qui a sollicité et obtenu des autorités mauritaniennes l’autorisation pour ceux qui avaient un document justificatif d’entrer en Mauritanie. Parmi les 6, 3 n’avaient même pas un document en main, souligne l’ambassadeur Kane. Malgré tout, l’autorité mauritanienne, à la demande du diplomate sénégalais, a accepté de les faire escorter par le président des Sénégalais de Nouadhibou El Hadj Kébé. Ils ont été accompagnés jusqu’à la frontière Rosso, en passant par Nouakchott et ce, après que le nouveau consul honoraire du Sénégal à Nouadhibou, Moulaye Abasse, a pris des garanties. Il s’agissait de Seydou Baldé et Abdourahmane Mballo, en provenance de France, et d'Ablaye Ndiaye qui ne possédait pas de passeport.
Deux compatriotes, A. Ndiaye et H. Sy, toutes deux coiffeuses, témoignent de leur calvaire, dans cette zone subsaharienne. «Pendant des jours, nous avons vécu la souffrance dans cette zone du Polisario, sans nous laver, ni prendre soin de nous'', ont-elles indiqué, les visages froissés par l’effet de la fatigue. Elles avaient juste chacune un petit sac contenant leurs effets. Elles ont été arrêtées en situation irrégulière et expulsées du Maroc. Des Sénégalais et d’autres Africains vivent en cachette au royaume chérifien qui entretient pourtant de bonnes relations avec le pays de la Teranga. A en croire nos interlocutrices, le Maroc, qui se prépare à organiser le prochain sommet de l’OCI, se trouve dans la nécessité de «nettoyer» son territoire.
Mais est-ce une raison suffisante pour mettre ces immigrés dans des situations aussi difficiles, à la merci du froid qui s’abat dans cette zone désertique ? Selon l’ambassadeur Kane, «il arrive très souvent que des Sénégalais se trouvent confrontés à des situations compliquées à El Ayoune à la frontière entre le Maroc et l’Espagne», où ils tentent leur chance pour atteindre les îles Canaries.
IBOU BADIANE
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