Il tue d’un coup de fusil le berger M. Sow
Le sieur S. Diop sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, si le juge de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Thiès suit les réquisitions du procureur de la République. Poursuivi pour meurtre, il est accusé d’avoir tué le berger M. Sow avec une arme à feu qu’il n’avait pas l’autorisation de détenir.
Le jeune agriculteur S. Diop apprendra désormais à maîtriser ses émotions dans n’importe quelle situation. Face à la résistance des bergers qui conduisaient leur troupeau à côté de son champ, il a tiré une balle sur l’un d’eux, entraînant sa mort. Les faits se sont déroulés le 4 janvier 2021 à Thilmakha (Thiès).
Ce jour-là, S. Diop était parti à une cérémonie dans un village voisin. À son retour à Thilmakha, il a aperçu un troupeau de bœufs dans son champ. Nerveux, il est entré dans la chambre de son marabout pour prendre son fusil de calibre 12 mm afin de sommer les bergers de faire sortir leurs animaux de sa propriété. Armé de ce fusil, il s’est dirigé vers le champ et y a trouvé trois bergers nourrissant leur bétail aux alentours. Il leur a intimé l’ordre de quitter les lieux, mais les bergers ont refusé. Il s’en est suivi une altercation.
Selon le meurtrier, les bergers ont voulu l’attaquer et l’un d’eux détenait un pistolet. C’est alors qu’il a lui aussi brandi son fusil et a tiré sur M. Sow, âgé de 22 ans. Ce dernier s’est écroulé et s’est vidé de son sang, tandis que les autres bergers ont pris la fuite. La victime décédera des suites d’une forte hémorragie.
Après son acte, S. Diop est rentré pour en informer ses parents, qui ont ainsi fait part de l'incident à l’autorité municipale de Thilmakha. Le maire de la commune a alors alerté la gendarmerie de Pékesse, qui a effectué une descente sur les lieux pour arrêter l’auteur du meurtre.
Arrêté pour meurtre et détention illégale d’arme sans autorisation administrative, S. Diop a comparu devant la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Thiès.
Devant la barre, le prévenu a reconnu les faits. ‘’J’ai vu les bergers nourrir leur troupeau dans notre champ. Je suis ensuite entré dans la chambre de mon marabout pour prendre son fusil et aller les chasser. Quand ils m’ont vu venir, ils se sont dirigés vers moi, armés de machettes. Je les ai sommés de quitter les lieux avec leur troupeau et ils ont voulu m’attaquer. L’un d’eux avait un pistolet en main. Je me suis défendu avec l'arme à feu que je détenais. J’ai tiré sur M. Sow et il s’est écroulé. Je suis ensuite allé dire à mes parents que j’ai tué une personne’’, a expliqué S. Diop.
Il a souligné qu’il était armé de ce fusil parce qu’il craignait une attaque des bergers. Il a également signalé qu’il avait voulu chasser ces éleveurs parce qu’ils venaient souvent nourrir leur troupeau dans leurs champs et en profitaient pour emporter leur bétail.
Témoin des faits, G. Ndiaye a témoigné avoir vu les bergers brandir leurs machettes contre S. Diop. Selon lui, les éleveurs ont voulu attaquer le meurtrier et c’est dans ces circonstances qu’il a tiré sur la victime. ‘’J’étais là-bas au moment des faits. C’est le berger M. Sow qui a brandi en premier son pistolet. Ensuite, S. Diop a dégainé son fusil. Je ne pouvais pas intervenir parce qu’ils détenaient tous deux des armes à feu’’, a déclaré G. Ndiaye. Il a également fait comprendre au tribunal que ces conflits entre agriculteurs et éleveurs sont récurrents dans leur localité.
Pour le procureur de la République, S. Diop a commis volontairement cet homicide, parce qu’il n'était pas à sa première expérience de manipulation d’une arme à feu. S’il n’avait voulu qu'intimider les bergers, le ministère public estime que le meurtrier n’aurait pas pris ce fusil et n’aurait pas dégainé contre la victime. Il a ainsi requalifié les faits de détention illégale d’arme sans autorisation administrative en usage illégal d’arme. Puis, il a requis la réclusion criminelle à perpétuité. L’affaire est mise en délibéré pour être vidée le 30 juillet 2024.
Ndeye Diallo (Thiès)