Publié le 13 Aug 2014 - 15:18
INSALUBRITE, ECLAIRAGE PUBLIC DEFICIENT, INCIVISME

Kolda, le nez dans les ordures, les pieds dans le noir

 

La commune de Kolda souffre le martyre des décharges sauvages et de l’insalubrité cumulées à l’absence d’éclairage public, à un état des routes largement préoccupant, du fait de l’incompétence des élus locaux. Mais selon le premier adjoint au maire, c’est d’abord l’incivisme des populations face au bien commun qui est le fondement du mal-vivre qui frappe cette partie du Fouladou.

 

La commune de Kolda, située au sud du pays, a perdu son attraction. Elle offre aujourd’hui une triste image aux hôtes, avec ses décharges sauvages, ses espaces verts abandonnés et surtout les détritus qui jonchent les rues. De toutes les façons, les qualifications ne manquent pas pour décrire l’état dans lequel se trouve la ville. L’exemple des quartiers comme  Ndiobène, Doumassou, Ilèle, centre ville, Bantanguel (…) est édifiant en matière d’insalubrité.

Entre arbres et espaces verts asséchés, ruelles sales et pleines de déchets, caves pleines d’eau devenues de véritables réservoirs pour la prolifération des cafards et des moustiques, insectes nécrophages et mouches virevoltant autour de la saleté, on se croirait dans un centre d’enfouissement. A cela s’ajoutent des tourbillons de sachets en plastique et de papiers avec leurs relents pestilentiels. Une odeur nauséabonde et écœurante s’en dégage. A Kolda, la ville de « Koli Dado », on a fini par s’accommoder de ce spectacle quotidien. Le mal est partout, sauf peut-être au niveau des itinéraires qu’ont l’habitude d’emprunter les officiels.

« Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des autorités sur les dangers que présente cette situation, mais rien n’a été fait », affirme El Hadji Seydi, un notable du quartier Ndiobène qui a bien voulu nous guider jusqu’à l’endroit où se trouve un dépotoir d’ordures abandonné à son triste sort. Selon lui, les éboueurs ne font pas leur travail. « Ils ne respectent pas le programme de ramassage. Les déchets sont partout dans notre quartier, et les odeurs qui s’en dégagent constituent un réel danger pour notre santé », se plaint Moussa Baldé, assis devant sa maison.

Même décor au marché central de la capitale. Alpha Diallo, commerçant, ne comprend pas que lui et ses collègues évoluent « dans un environnement aussi éprouvant sans que cela inquiète les services compétents. » Il poursuit : « notre marché regorge d’immondices ». Interrogés à cet effet, les habitants de la ville  sont unanimes à déclarer que « le laxisme des services de la voirie » et « l’inaptitude des autorités locales à venir à bout de cet épineux problème » ont sérieusement aggravé la situation.

Incivisme et laxisme, le bon ménage

Du côté des autorités locales, on se défend comme on peut face aux accusations de toutes parts. « Malgré les moyens dérisoires dont dispose la mairie, les responsables font tant bien que mal un travail qui mérité d’être salué, indique Barou Baldé, premier adjoint au maire. Le personnel et le matériel disponibles sont maigres. « Avec un seul tracteur qui est d’ailleurs en panne, et 5 à 6 manœuvres qui font le ramassage des ordures ménagères dans le périmètre communal, il est difficile de faire mieux. »

En se promenant dans la ville, on est surpris par le nombre de décharges sauvages sur les bordures des routes. « Cette situation est due à l’incivisme des habitants qui jettent leurs déchets à tout va et à n’importe quel moment », accuse l’adjoint au maire. Avec un petit cours de civisme : « la propreté de la ville doit être le souci de tout le monde, pas uniquement des autorités locales. Ce qui fait que les éboueurs sont confrontés quotidiennement à des situations épineuses engendrées par l’ingratitude des populations… »

Pourtant, une carte de nettoyage par secteur associée à un programme de ramassage bien défini a été établie. « Nous avons toujours réuni les entrepreneurs et présidents d’associations pour les sensibiliser sur l’ampleur de ce phénomène, explique Barou Baldé. « Mais face à l’incivisme du citoyen, nous ne parvenons pas rendre la ville propre. Les éboueurs sont contraints de ramasser les déchets déversés çà et là par les femmes et les enfants ; les ménages sortent leurs déchets aux heures qu’ils veulent et en ignorant les endroits recommandés. Alors, les poubelles que la mairie a fait l’effort de placer en des lieux bien identifiés se retrouvent vides au moment du ramassage…», s’insurge-t-il.

Routes dégradées

Le réseau routier koldois est dans un état de dégradation avancé. Il est difficile ici de zigzaguer entre nids-de-poule, crevasses et ornières qui parsèment toute la chaussée. Dans certains endroits, la circulation automobile est quasi-impossible, « sauf sur les rares itinéraires où passent les officiels et les hôtes », explique un responsable politique qui préfère garder l’anonymat.

Abdoulaye Cissé, président de la convention régionale des jeunes de Kolda, s’indigne du fait que « Les rues et ruelles de la ville semblent en perpétuel chantier caractérisé par de continuelles réfections. Or, les routes sont devenues impraticables. Le maillage routier a subi une dégradation frappante accentuée par le laxisme des autorités locales, qui n’ont toujours pas trouvé de solutions. » En outre, « les travaux de la route nationale N°6 (RN6) sont engagés dans une anarchie qui laisse comprendre qu’aucun contrôle ni suivi n’ont été faits jusque-là, si l’on tient compte de l’état des routes qui sont, à certains endroits, carrément défoncées. Un véritable calvaire pour les usagers qui l’empruntent chaque jour ».

Du côté de la mairie, une source qui a gardé l’anonymat explique pourtant que « bientôt la RN6 sera prête et que la question de la dégradation des routes ne sera qu’un vieux souvenir ». A ses yeux, c’est la ville de Kolda tout entière qui est devenue un immense chantier, en particulier avec le lancement des travaux de la RN6.

Dans le noir

Kolda se débat dans d’autres problèmes. En effet, l’électricité y demeure un handicap de taille pour les populations, entre coupures et délestages intempestifs. Selon une source contactée par EnQuête, « la production locale d’électricité n’est mise en marche que pendant quelques heures, en plus du fait qu’il y a souvent des pannes ». Ce qui contraint les habitants à ne jamais rompre avec leurs lanternes traditionnelles et la lumière blafarde des bougies. A la tombée de la nuit, toute la ville sombre dans l’obscurité et le noir à cause du manque d’éclairage public, mettant en veilleuse son légendaire dynamisme nocturne, obligeant la majorité des populations à se barricader dès après 22 heures.

Interrogés sur la question, les responsables de la SENELEC refusent d’apporter des réponses, sous prétexte que « le délégué région Sud se trouve à Ziguinchor et c’est lui qui est habilité à répondre aux questions des journalistes ». Selon Barou Baldé, c’est le Sénégal qui est confronté à un problème d’énergie. « A Dakar, il y a des coupures intempestives contrairement à Kolda où on se frotte les mains dans les ménages. Actuellement, la demande est supérieure à l’offre, surtout pendant cette période de chaleur. Si la SENELEC s’amuse à servir les ménages et à alimenter les voiries, Kolda deviendra comme Dakar, ce sera des coupures », dit-il.

Pas d’agression

Pour le moment et malgré tout, « aucun cas d’agression n’est à signaler », a souligné le commissaire de police Ousmane Diédhiou, même si « le manque d’éclairage public est une source d’insécurité. » Mais « heureusement, il n’y a pas d’agressions. Nous travaillons 24 h sur 24, avec tous les jours des patrouilles dans la ville pour neutraliser les faiseurs de troubles », précise le policier en chef. « Les cas de blessures, de mœurs, de détention de chanvre indien, de vols sont les plus enregistrés dans le commissariat », a-t-il indiqué.

EMMANUEL BOUBA YANGA (CORRESPONDANT)

 

 

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