Macky Sall face à la feuille de route des Ong
A défaut de ne pouvoir boycotter l'invitation de son homologue gambien de ce matin, Macky Sall devrait y aller avec au moins des interpellations fermes. Les organisations des droits de l'Homme lui ont dressé une feuille de route à cet effet.
Macky Sall est l’invité du président Jammeh à la célébration du 48e anniversaire de l’indépendance de la Gambie. Des organisations de défense des droits de l’Homme qui voient en cette invitation du président gambien une utilisation intelligente de la ‘’carte de décrispation’’ et de ‘’l’endormissement de l’Etat sénégalais’’, ont suggéré au président Sall la posture à adopter. S’il se rend à Banjul, le président sénégalais est invité à exiger la lumière sur les Sénégalais exécutés et la restitution de leur corps. Dans une note intitulée ‘’Gambie, célébration 48e fête d’indépendance : l’exigence du respect des droits humains honorerait le Sénégal’’, les organisations signataires ont demandé au Président Sall de ne pas se ‘’laisser embobiner’’ par les promesses de Jammeh sur ‘’sa volonté et capacité’’ à aider le Sénégal à résoudre le conflit casamançais.
Le chef de l'Etat a été appelé aussi à inscrire sur son agenda la situation des droits humains en Gambie. A travers cette invitation, Yaya Jammeh chercherait ‘’à faire oublier l’exécution des Sénégalais Tabara Samb et Djibril Bâ en août 2012 dont les corps ne sont, jusque-là, pas encore restitués à leurs familles’’, affirment la Raddho, Article 19, Amnesty international Sénégal, la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH), la Coalition pour les droits humains en Gambie, la Coalition pour le changement en Gambie (CCG) et l’Association des organisations de la société civile gambienne (CSAG). Dans la note commune parvenue à EnQuête, elles demandent au Président Macky Sall de ne pas sacrifier ‘’l’espoir de justice’’ des centaines de victimes de violations graves et massives des droits humains en Gambie, ce, sous l’autel d’une diplomatie d’apaisement. Il lui est demandé aussi d’exiger la lumière et la restitution des corps des Sénégalais exécutés sur l’ordre du Président Jammeh.
«Iman Babah Leigh et Omar Bun Mbye encore emprisonnés (…) Le jeune Saliou Niang attend son exécution»
Aujourd’hui encore, poursuit la note, des centaines de personnes sont «illégalement détenues» dans les geôles gambiennes. Et après des procès politiques ‘’iniques’’, certains sont ‘’torturés à mort’’’ et ceux qui ont la chance de survivre subissent des ‘’atrocités’’. Parmi ces détenus, figure l’imam Babah Leigh, arrêté le 3 décembre 2012 par les services secrets de Jammeh, et le dénommé Omar Bun Mbye. Et depuis, leurs proches sont sans nouvelles d'eux, sans possibilité d'accès à leurs avocats. De même, d’anciens ministres, des journalistes et agents de sécurité sont «régulièrement» arrêtés et emprisonnés sur des bases ‘’sordides’’, selon les Ong signataires de l'adresse à Sall. Dans cette «liste noire», figure le jeune sénégalais Saliou Niang, en attente d’être exécuté... A rappeler que la Gambie abrite le siège de la Commission africaine des droits de l'Homme...
AMADOU NDIAYE
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