Diagnostic d'une maladie qui souffre de clichés

Le Centre ressources autisme de Dakar a accueilli, ce samedi, la Journée internationale de la sensibilisation à l'autisme, instaurée par l'ONU depuis 2007. Cette rencontre annuelle, co-organisée par les services de pédopsychiatrie des hôpitaux de Diamniadio, de Thiaroye et de Fann, a permis de mettre en lumière une pathologie assez rare, encore méconnue du grand public.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'autisme, pourtant considéré comme une maladie innée, reste une grande inconnue, presque un sujet tabou. L'absence de structures adéquates pour le traitement et le regard social viennent corroborer ce constat. Mais qu'est-ce que l'autisme ?
À cette question, la cheffe du Service de pédopsychiatrie de l'hôpital psychiatrique de Thiaroye a répondu, samedi, lors de la journée dédiée à la sensibilisation autour de la “maladie des enfants” : “L'autisme est un trouble neurodéveloppemental qui atteint l'enfant à la naissance. Il se manifeste ainsi au niveau de trois spectres : comportemental, linguistique et intellectuel. Mais même si l'un de ses signes est perceptible, il faut toujours un diagnostic préalable pour définir si le patient souffre ou pas d'autisme.”
Après cet aspect théorique, la psychiatre est revenue sur le contexte particulier de cette édition. “Je rappelle que c'est une journée internationale organisée chaque 2 avril. Cependant, cette année, le contexte de la Korité combiné à celui du 4 Avril nous a poussés à décaler un peu la date de la commémoration.”
Pour cette maman d'un enfant souffrant d'autisme, Ndèye Meissa Guèye, la pathologie n'est pas une fatalité. “J'ai accepté ce handicap dont souffre mon enfant. Je le vis très bien et nous le traitons comme toute autre maladie. Même s'il faut avouer que ce n'est pas une affaire aisée, nous faisons avec, car chaque enfant autiste est différent des autres. Sans oublier le regard social qui peut pousser certains parents à avoir du mal à accepter cette situation. À ce propos, j'invite tout le monde, les parents d'abord, et la société à s'adapter à ces enfants-là”.
Dans son commentaire, celle qui revêt également la casquette de présidente de l'association Enfants Espoir Bleu plaide pour un plateau médical renforcé pour la prise en charge de la maladie. “Les centres à Thiaroye, à Diamniadio et à Fann, déjà peu nombreux, sont loin d'être appropriés pour le traitement de l'autisme. Pour résumer, la question de l'autisme est un peu le parent pauvre de la santé publique. C'est ainsi que nous lançons un appel auprès de la tutelle d'abord et du président de la République pour que nos préoccupations soient prises en compte. Car, de plus en plus, nous avons des cas d'autisme”.
MAMADOU DIOP