Publié le 3 Sep 2023 - 00:23
JUAN BRANCO SUR LA SITUATION D’OUSMANE SONKO

 “Sonko n’a jamais rien cédé”

 

Que faire pour apaiser la tension politique qui alimente les débats depuis deux ans ? Pour l'avocat français d’Ousmane Sonko, il n’y a que deux voies qui restent : ''le droit ou la force''. Juan Branco demande ''la libération des prisonniers politiques, la tenue d’élections libres et le départ dans la dignité.

 

Un processus de négociation sera-t-il enclenché pour trouver une issue heureuse au différend opposant Ousmane Sonko au gouvernement ? Hier à Dakar, le collectif des avocats pour la défense de l’opposant a alerté l’Etat du Sénégal sur l’état de santé ''préoccupant'' de leur client, admis en réanimation à l’hôpital Principal de Dakar, depuis le 17 Août 2023, suite à un malaise à la maison d’arrêt de Sébikotane. Les avocats invitent le gouvernement à prendre en urgence toutes mesures nécessaires pour éviter la survenance d’un drame.

Pour en revenir à notre interrogation, Me Juan Branco a donné des éléments de réponses dans une note reçue à EnQuête.  ''De Paris à La Haye en passant par Genève et Washington, se portent sur le Sénégal des regards toujours plus pressants et exigeants. Ils se joignent à ceux de millions de sénégalais, qui, éberlués, voyant leur pays tanguer, craignent de le voir sombrer. A ces regards s’ajoutent des voix, qui s’adressent au pouvoir et à nous, en nous demandant: qu’est-ce qui peut être fait ?'', écrit l'avocat d’Ousmane Sonko pour qui ces gens sont inquiets et pressent les cadres de l'ex-Pastef à décider.

Deux voies restent, selon l'avocat français : ''le droit ou la force''. Le droit, soutient Juan Branco, ''c’est la libération des prisonniers politiques, la tenue d’élections libres, et le départ dans la dignité. C’est ce point et ce point seul qui pourra être négocié''. Quant à la force, ''c’est la mort et l’indignité''. ''Nous refusons d’y concéder. Eviter le drame. Le leur, et non le nôtre. Voilà ce que j’ai eu instruction de rechercher'', poursuit la robe noire.

Ainsi, Juan Branco clame haut et fort que M. Sonko ne négociera jamais son destin et sa liberté. Chose ''inaliénable'', à ses yeux. ''Ceux qui ont cru pouvoir s’en sortir en l’enfermant doivent le comprendre. C’est eux, et non lui, qui sont en danger. Eux et non lui qui dans quelques mois de devront faire face à leurs responsabilités'', martèle l'avocat. Qui note que des procédures ''imprescriptibles'' contre ''les auteurs'' de meurtres, blessures, tortures, détentions arbitraires et autres ''crimes contre l’humanité'' qui ont été commis depuis mars 2021 par ses affidés, ont été lancées en France et à La Haye.

Imprescriptibles, cela a un sens très simple, selon lui, ''un spectre, pour le restant de leurs jours, menace de les hanter''.

Juan Branco demande aux membres du gouvernement de prendre garde à tenter d’y échapper en prolongeant leur ''oppression'' et en décalant les élections. ''La balle est dans leur camps. A eux de décider de leurs destinées'', lance-t-il.

D’autant que, poursuit Me Branco, Ousmane Sonko, en une vie de lutte, ne cède pas. ''Il s’est toujours tenu droit aux côtés du peuple sénégalais. Le pouvoir, qui le rêve depuis toujours suppliant, baisant ses babouches, a tout fait depuis 2016 pour l’abaisser. Radiation, menaces, tentatives de corruption, accusations infondées, violences, arrestations se sont succédés. M. sonko n’a jamais rien cédé'', soutient-il.

''Alors ils ont insisté. Tout homme a un prix, ont-ils pensé, toujours plus désespérés. Tout homme a un prix, pensent les hommes compromis. Depuis 2016, le pouvoir se l’est pourtant vu rappeler avec la même clarté : cet homme ne fera jamais commerce de sa dignité, qu’il rattache à la souveraineté du peuple sénégalais'', insiste l'avocat.

Selon Me Juan Branco, les soixante morts, les milliers de blessés et les détenus constituent un rappel. ''Ils sont la raison pour laquelle il ne leur concédera jamais. Des millions de Sénégalais lui vouent pour cela un immense respect'', estime l’avocat. Selon qui, le pouvoir continue à le rêver quémandant aux pieds du Palais, négociant ses destinées. Alors ils s’accrochent au moindre signe qui pourrait le leur assurer''.

Il considère d’ailleurs que le palais présidentiel ''s’est précipité'' sur l’une de ses déclarations pour la commenter. A ce propos, il déclare : ''Je comprends la nécessité, en le contexte actuel, un instant encore, de croire rêver. Un instant encore, de croire et de rêver à ce que ces milliers d’arrestations, d’arbitraires, ces meurtres, ces crimes, aient enfin permis d’atteindre leur objectif tant recherché : l’impunité et la compromission de celui qui à eux s'opposait. Mais quelle fébrilité, et quel aveu de fragilité. Ils ont cru que j’annonçais que M. Sonko s’apprêtait à céder, et qu’ils avaient gagné''.

L’avocat de poursuivre : ''Ils ont cru pouvoir faire de moi, qui les ai défiés pieds nus, le vecteur de la compromission de leur adversaire le plus tenace et acharné. Moi qui ai défié la perpétuité pour me rendre à ses côtés. Moi qui me suis tenu, des jours durant, aux côtés de Sénégalais, tandis qu’ils remuaient ciel et terre sans être capables de m'arrêter. Moi qu’ils ont dû finalement faire kidnapper à 300km de leurs frontières avant de piteusement devoir me libérer. Moi qui face aux juges, policiers et magistrats, en ces jours sans pain ni vin, n’aura adressé qu’un mot, sans trembler : Seule la lutte libère''.

Section: