Bachir Diawara échappe à Rebeuss
Après une nuit passée en prison, Mouhamed El Bachir Diawara a recouvré la liberté hier. L’ex-chef de cabinet de Karim Wade a été relaxé des fins de la poursuite par la CREI.
Seconde personne à être jugée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) pour trouble d’audience, Mouhamed El Bachir Diawara a eu plus de chance que son prédécesseur, Moïse Rampino. Le membre de la Génération du concret a été relaxé des fins de la poursuite. A la barre, il a nié les faits après avoir été placé sous mandat de dépôt avant-hier.
Selon le gendarme Albert Tine qui l’a interpellé, Bachir Diawara a scandé « Karim Wade Président » alors que la Cour ne s’était pas retirée de la salle. Hier, le jeune homme s’est dit étonné par cette affaire car n’ayant commis aucun trouble ni opposé une quelconque résistance aux gendarmes. « Lorsque l’audience a été suspendue, tout le monde s’est levé et je me suis levé dans la foulée avant de me rasseoir 30 secondes après », a expliqué le prévenu. A peine s’est-il assis que le gendarme Diène l’a sommé de se lever. D’après le pandore, Diawara « a résisté » un peu, il ne s’est pas exécuté sur le coup mais s’est mis à lui dire : « qu’est-ce que j’ai fait ?» Par la suite, le supérieur de Diène, El Hadj Samba Ndour, est intervenu pour l’expulser. C’est là que les choses ont dégénéré.
«Je n’ai aucun intérêt à troubler l’audience»
Selon le gendarme, le prévenu s’est mis à proférer des propos du genre : « je n’ai aucune considération pour vous. Nous avons affaire avec Macky Sall ». Et lorsqu’il a demandé à Bachir Diawara d’arrêter, il lui a rétorqué que personne ne pouvait l’empêcher de parler. « Je suis franchement surpris par la déclaration de Ndour. Tout ce qu’il a dit relève de son appréciation personnelle des choses car il m’a interpellé dehors et non dans la salle », a réagi le prévenu face au témoignage du gendarme. Ajoutant qu’il s’adressait plutôt à un de ses frères de parti. Et c’est à ce moment-là que le gendarme est venu pour le prier de le suivre au poste.
«Monsieur le président, encore une fois, je n’ai jamais eu l’intention de troubler l’audience, je n’y ai aucun intérêt car tout ce que je souhaite est que ce procès se déroule normalement pour qu’on en sorte grandi».
Le prévenu a été conforté dans ses dénégations par les trois libéraux ayant témoigné. Le trio a affirmé que «leur frère» n’a ni jubilé ou crié encore moins manifesté une résistance. « La résistance n’est pas que physique », a asséné Antoine Diome, adjoint du procureur spécial. A ses yeux, « tous les éléments constitutifs du délit se retrouvent à travers le geste de Bachir Diawara».
«Ne pas sanctionner quelqu’un qui n’est pas coupable»
Néanmoins le parquetier a estimé que le prévenu a « été d’une très grande correction à la barre », et a requis six mois ferme. La défense a plaidé la relaxe à l’unanimité d’autant que les faits se sont déroulés pendant la suspension. Ce qui, selon Me Ciré Clédor Ly, donne une autre qualification aux faits. Mes Adama Fall et Souleymane Ndéné Ndiaye ont écarté la résistance, arguant qu’il est normal pour un citoyen interpellé de demander à l’agent l’objet de son interpellation. « Ces poursuites sont menées pour l’exemple », a fustigé Me Abdou Dialy Kane. C’est pourquoi, Me Moussa Félix Sow, avocat de l’Etat qui s’est constitué pour le prévenu dans cette affaire, a lancé à la cour : « il ne faut pas que, pour donner un exemple, on sanctionne quelqu’un qui n’est pas coupable.»
Même si la Cour a renvoyé le prévenu des fins de la poursuite, le président n’a pas manqué d’apporter la réplique à la défense. « La cour ne condamne pas une personne pour donner un exemple, juste si sa culpabilité est établie », a rétorqué le président. Avant de se tourner vers le public pour le mettre en garde sur les conséquences des troubles.
FATOU SY