Le oui, mais des 3 000 récupérateurs
Les 3 000 récupérateurs de Mbeubeuss sont pour la délocalisation de ladite décharge, mais souhaitent des mesures d’accompagnement pour continuer leur travail.
L’Association des récupérateurs de Mbeubeuss n’est pas contre la délocalisation de la décharge, mais souhaite des mesures d’accompagnement. L’annonce a été faite hier par leur secrétaire général. Face à la presse, Mohamadou Wade a confié qu’en tant que responsable de cette structure, ils suivent le projet de délocalisation de Mbeubeuss depuis 2018. Dans ce sens, ils ont créé un comité mixte qui participe au processus.
‘’Nous sommes pour la délocalisation, car c'est pour le bien-être de tous, mais nous voulons un accompagnement. Nous sommes des responsables. On va partir certes, mais nous voulons des zincs et autres matériels pour refaire des endroits où travailler. Nous avons des bagages à sécuriser une fois sur place. Pour l'instant, aucune mesure d'accompagnement n'est disponible. Qu'ils fassent cela ou qu'ils nous financent pour le faire. Il y a des gens qui sont ici depuis plus de 30 ans. Je comprends ceux qui sont frustrés, car il y a une menace, mais ce qui est sûr, c'est que tout est limpide dans ce projet. Il y a un comité directeur fort de 25 membres qui défend tous les récupérateurs. Nous vivons en démocratie, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a l'intérêt de tous. À l'heure des indemnisations, l'État va respecter ses engagements. Nous demandons juste une compréhension avant de nous déplacer. Qu'on nous accompagne afin que nous puissions continuer à mener nos activités. Nous allons défendre les récupérateurs jusqu'au bout’’, a-t-il précisé.
Dans la même veine, Mohamadou Wade a confié qu’ils ont entamé des actions avec le Promoge (Projet Sénégal déchets solides), notamment le retrait des enfants et des personnes vulnérables de cette décharge. ‘’Nous y travaillons depuis. L'autre chose est que nous savons que Mbeubeuss ne va pas continuer ainsi, car elle va changer. C'est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied une coopérative, car il y a des gens qui ont passé toute leur vie ici. Ils ne connaissent nulle part ailleurs. Nous avons décidé de les encadrer. Ainsi, demain, ce que l'État construira ici quand cette décharge ne sera plus là, nous ferons partie des personnes qui vont piloter cette infrastructure. C'est cela notre métier. Il y a ici des sages aussi, donc nous devons tout faire pour encadrer toute personne qui travaille ici dans cette décharge, afin qu'elle y trouve son compte, surtout les personnes du troisième âge et les femmes. C'est ce que nous attendons des autorités’’, a confié Mohamadou Wade.
D’après lui, il y a aussi des discussions concernant cette délocalisation, car depuis des années, on parle de les faire quitter cet endroit qui constitue leur gagne-pain. ‘’Nous avons eu à faire une marche de protestation. Notre ministre de tutelle d'alors nous avait convoqués et nous avions eu une discussion. Mais on ne peut pas continuer à nous battre éternellement. Les nouvelles autorités nous ont fait croire qu'elles allaient nous déplacer dans un autre endroit afin que nous puissions continuer notre travail. S'il y a déplacement, les priorités seront les personnes du troisième âge. Plus de 3 000 récupérateurs ont été recensés dans la décharge pour accompagner ce projet. Une enquête a été faite dans ce sens. Donc, si jamais nous devons indemniser les récupérateurs en cas de délocalisation, tout a été fait. Ici, on sait qui est qui. L'État connaît tout le monde. Nous avons été à Mbour. Nous avons confiance en eux’’, a-t-il confié.
CHEIKH THIAM