Un convoyeur risque deux ans de prison ferme
Organiser clandestinement des voyages pour l’Europe, c’est le gagne-pain de Mamadou Diop. Ce père de famille a été arrêté en mars 2024, à Bargny, alors qu’il tentait de convoyer des dizaines de jeunes de différentes nationalités vers l’Espagne. Devant les juges du tribunal correctionnel, il a nié toute implication dans cette affaire, malgré les témoignages des candidats à l’émigration qui l’accablent.
Dans la nuit du 9 au 10 mars 2024, le commissariat de Bargny a reçu un signalement concernant un voyage clandestin. Aussitôt, les enquêteurs se sont transportés sur les lieux. Des candidats composés de Gambiens, de Guinéens et de Sénégalais étaient sur le point d’embarquer. Une enquête effectuée a permis de découvrir que Mamadou Diop dit ‘’Baye Modou’’ était le convoyeur. Une descente effectuée chez ce dernier a permis de retrouver sur les lieux une quarantaine de personnes, eux aussi des candidats à l’émigration. Ceux-ci ont versé des sommes allant de 170 000 à 400 000 F CFA. Baye Modou n’étant pas à son domicile, sa femme a été embarquée pour le contraindre à se rendre. En prison depuis dix mois, Mamadou Ndiaye dit ‘’Baye Modou’’ a fait face aux juges de la Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar.
Poursuivi pour trafic de migrants, Baye Modou, 37 ans, a plaidé non coupable. ‘’Je n’ai organisé aucun voyage et je n’ai amené aucune personne’’, a dit le prévenu dès l’entame de son propos.
Selon lui, les personnes retrouvées chez lui étaient venues récupérer des gris-gris que son père avait l’habitude de confectionner. À l’en croire, ces amulettes les empêchent de mourir sur la route ou en mer. S’agissant de ceux qui sont arrêtés à la plage de Bargny, il soutient qu’ils faisaient leurs offrandes. Pourtant, cet habitant de Yeumbeul Benne Barack a reconnu les faits devant les enquêteurs, lors de son audition. Pour justifier son attitude devant ceux-ci, il a déclaré : ‘’Les agents retenaient en détention mon épouse qui était enceinte de cinq mois. Je ne pouvais qu’avouer ce qu’on me reprochait pour qu’elle soit libérée.’’
Le substitut du procureur de la République est convaincu que l’imputabilité des faits à l’encontre du prévenu ne souffre d’aucune contestation. Il a requis deux ans d’emprisonnement ferme et une amende ferme de cinq millions de francs CFA. Maitre Bamar Faye, avocat du comparant, a trouvé que le réquisitoire du représentant du ministère public est sévère. ‘’Pour le condamner, il faudrait qu’il soit coupable de tentative. Il n’y a aucun acte d’exécution dans ce dossier. Il n’y a pas de pirogue, il n’y a pas de personnes montées dans une pirogue’’, a relevé Me Faye. Il a ainsi sollicité la relaxe pure et simple de son client. Subsidiairement, il a demandé une application bienveillante de la loi pénale.
Le tribunal correctionnel rendra sa décision le 12 mars prochain.
MAGUETTE NDAO