Le Président de la République accueilli avec des brassards rouges
La tournée économique du Président de la République, entamée ce samedi 29 mai 2021 à Kaffrine, s’est poursuivie, hier, à Koumpentoum. Dans le Niani, le Chef de l’Etat a été accueilli par des populations insatisfaites et assoiffées, déterminées à faire passer leur message au chef de l’Exécutif.
Sous un soleil de plomb, des manifestants vêtus en rouge avec des brassards de même couleur sur la tête ou autour du bras. Le décor à Koumpentoum tranche avec la ferveur de la veille à Kaffrine. Alerté par cette manifestation ostensible de colère, le Chef de l'Etat, qui ne doit passer que par Koumpentoum pour rallier Tambacounda, fait arrêter son convoi pour écouter les populations. C’est l’imam Ibrahima Abdallah Ba, de la mosquée Alfallah, porte-parole des manifestants, qui délivre le message. Après avoir souhaité la bienvenue au Chef de l'Etat, il déclare : "Monsieur le président, notre mobilisation a un seul but, celui de vous faire savoir que nous avons soif. Depuis plusieurs années, nous sommes confrontés à un problème d'eau et aujourd'hui, avec la croissance démographique, le problème a atteint des proportions démesurées".
Le porte-parole de s’en prendre aux autorités locales, en l'occurrence le député, maire de Koumpentoum, Sidi Traoré. "Nous avons organisé plusieurs marches pacifiques, mais, aucune autorité locale ne nous accompagnés, dans ce combat. C'est pourquoi, nous n'avons plus confiance en elles pour porter le combat. Nous avons décidé de nous adresser à vous, directement. Nous vous rappelons aussi que vos représentants ici à Koumpentoum ne travaillent pas et ne font rien pour la population", ajoute-t-il.
Après avoir écouté les manifestants, le chef de l'État salue la mobilisation, sans laquelle il n'aurait pas pu mesurer l'ampleur de la souffrance causée par ce manque d'eau. Et promet d'instruire le ministre en charge de l'Hydraulique de régler, au plus tôt, ce problème. Il donne sa parole que le manque d'eau sera bientôt un mauvais souvenir.
Il en profite pour annoncer la création d'un centre de formation et de l'emploi pour les jeunes. S'agissant de la construction du marché et du lycée, il demande d'écrire un mémorandum qu'il récupérera à son retour, le mardi.
Une manifestation qui a failli virer au chaos
Avant l’arrivée du cortège, il a fallu tout le sens de la diplomatie des gendarmes pour la manifestation ne vire pas au drame. En effet, les jeunes partisans des autorités locales et responsables politiques ont attaqué les manifestants pour les disperser. La veille, au soir, le député-maire Sidi Traoré et le président du conseil départemental avaient tout fait, lors d'une rencontre, pour dissuader les jeunes à manifester.
Ainsi, il a fallu tout le professionnalisme du commandant Ndour de la brigade de gendarmerie pour éviter l'inévitable affrontement. Il a rappelé à tout le monde qui est le patron. "Que personne ne vienne m'apprendre comment faire mon travail. Celui qui essaie de semer le désordre, ici, je le mets aux arrêts", a-t-il lancé à la cantonade. Le coordonnateur de la Cojer nationale, Moussa Sow, à son tour, a essayé, à plusieurs reprises, de les dissuader de manifester, en vain.
La détermination des manifestants a fini par payer, car, ils ont réussi à capter l'attention du Président de la République. Qui, après, cette halte de quelques minutes, a rallié Tambacounda, puis Medina Gounass où il a rendu visite au Khalife.
Le chef de l'État a passé la nuit à Tambacounda, avant de se rendre, aujourd’hui, à Kédougou pour l'inauguration de l'hôpital régional, d'un système d'alimentation en eau et le lancement des travaux de Promovilles.
BOUBACAR AGNA CAMARA (TAMBACOUNDA)