Il prétend que le butin est destiné à des dons
Pour faire des dons aux nécessiteux, Modou Babou n’a rien trouvé de mieux que de voler sa mère. Encore que les raisons de ses larcins n’ont ni convaincu le procureur ni sa mère. Élève en classe de terminale, il a commencé à voler les bijoux en or de sa mère d’une valeur de 30 millions de francs CFA, depuis l’année dernière. Après chaque forfait, il bradait les joyaux auprès du bijoutier Massamba Dieng qui, lui, est poursuivi pour recel.
Alors que sa mère économisait chaque centime pour son avenir, Modou Babou n’a rien trouvé de mieux que de la dépouiller de tous ses biens. Âgé à peine de 18 ans, le jeune homme, qui est en classe de terminale, a emporté les bijoux en or de sa daronne estimés à 30 millions de francs CFA. Après chaque forfait, il se rendait chez le bijoutier Massamba Dieng qui achetait les joyaux à vil prix. Si Modou Babou prenait du plaisir à voler sa mère pendant une année, ses larcins ont été découverts.
En effet, alors que sa mère recherchait fortuitement une somme d’argent qu’elle avait perdue, elle lui a demandé de lui apporter la valise où les bijoux étaient gardés. Sachant que les carottes sont cuites, Babou a décidé d’avouer ses forfaits en implorant le pardon de sa mère. ‘’Quand je lui ai demandé ce qu’il a fait de mes bijoux, il m’a dit qu’il les a vendus au bijoutier Massamba. J’ai tout fait pour mes enfants. Ce sont mes amis. J’ai été surprise par l’attitude de Modou’’, a déclaré hier Sagar Diagne, la partie civile. ‘’Depuis qu’il est en classe de seconde, j’ai entamé les démarches pour sa préinscription. Je comptais tout prendre en charge avec l’argent des bijoux. C’était pour lui et ses frères’’, a-t-elle ajouté.
Même si sa mère dit ne pas avoir déposé plainte contre lui, Modou Babou a été placé sous mandat de dépôt. Jugé pour vol, il a plaidé coupable. Il renseigne que lors du premier vol, il s’est rendu chez Massamba pour qu’il vérifie si les boucles d’oreilles sont en or. Il lui dit qu’il les a ramassés aux Almadies. Ces boucles d’oreilles, qui sont d’une valeur de 700 mille francs CFA, ont été achetées par le bijoutier à 100 mille francs CFA. La deuxième fois, Modou subtilise une bague estimée à 300 mille francs CFA. Pour la quatrième fois, il lui vend des bracelets d’un coût de plus d’un million de francs CFA à 500 mille francs CFA.
Sur les raisons de son acte, il déclare qu’il a volé les biens de sa mère pour faire des dons.
Entendu, Massamba Dieng avoue avoir recélé tous les bijoux de la dame. ‘’La deuxième fois, quand il est venu, il m’a dit que c’est sa mère qui l’a envoyé. Il m’a fait croire qu’ils étaient dans le besoin, parce que son frère était malade. S’agissant de la troisième fois, il m’a fait part du décès de sa mère et m’a proposé d’acheter les bracelets issus de son héritage. Je ne savais pas que ces bijoux étaient issus d’un vol’’, a déclaré Massamba Dieng qui dit avoir revendu les joyaux à Lahat.
En outre, il ressort de la procédure que Massamba et Modou évitaient de se rencontrer à l’atelier du bijoutier, car le patron de celui-ci le défendait d’acheter des bijoux dont l’origine était douteuse. De fait, ils se retrouvaient au mausolée de Cambérène ou au cimetière de ladite localité.
Dans ses plaidoiries, l’avocat de la partie civile a sollicité que Modou Babou soit relaxé du fait de l’immunité familiale dont il dispose. Car, dit-il, la partie civile n’a pas porté plainte contre lui. En ce qui concerne Massamba Dieng, Me Ibrahima Mbengue a demandé qu’il soit maintenu dans les liens de la détention, car il n’ignorait pas l’origine frauduleuse des bijoux. De plus, souligne l’avocat, au moment des faits, le fils de sa cliente était encore mineur.
Pour les intérêts civils, la robe noire a réclamé la somme de 30 millions F CFA. Il a demandé que la contrainte par corps soit fixée au maximum.
La déléguée du procureur de la République a requis également la relaxe de Modou Babou en vertu des dispositions de l’art 365 du Code pénal. En ce qui concerne Massamba Dieng, elle a requis un an, dont six mois d’emprisonnement ferme, après avoir demandé au tribunal de le reconnaître coupable de recel.
De son côté, l’avocat de la défense soutient que l’infraction de recel ne peut être retenue contre son client, dès lors que la partie civile n’a pas déposé plainte. Selon lui, l’infraction de vol qui conduit au recel n’existe pas. Il a, à cet effet, sollicité la relaxe de son client.
Pour les intérêts civils, il a demandé qu’ils soient rapportés à leur juste valeur.
L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 9 novembre.
MAGUETTE NDAO