Embuscades
Dernière ligne droite pour le quinté présidentiel. La campagne bat son plein et les concurrents ont pris le pouls du pays. Les électeurs ont jaugé les offres et les forces des prétendants. Une campagne avec ses lumières et ses ombres.
Les présidentiables en compétition achèvent des périples mémorables. Ils ont couvert de poussière ces régions délaissées qui ne voient défiler les cortèges de politiciens que le temps d’une campagne. L’opportunité rare d’enregistrer des promesses généreuses, vite oubliées jusqu’à la prochaine échéance. Des virées épiques dans ces contrées qui couvrent de honte les régimes en place et qui dopent l’adrénaline d’une opposition en béatitude devant une indigence si criarde. Moment de révélation de ces citoyens de seconde zone, complétement en rade, qui ne reconnaissent que l’instituteur ou l’infirmier comme les preux représentants d’un Etat absent. Ces contribuables en corvées qui s’éclairent au clair de lune et boivent l’eau des sources troubles, s’émerveillent de ces politiciens qui jubilent, juchés sur leurs rutilants bolides qui arpentent si aisément les pistes cabossées de ces hameaux perdus.
Comme à l’arène, les intrépides adversaires boivent les mêmes potions magiques, invoquent les mêmes marabouts et parcourent le même territoire national. A dire vrai, ils sont tous pareils et recyclent le même personnel politique au gré des enjeux. Opposants, ils critiquent le système et annoncent à tout-va des ruptures retentissantes. Dans une société fortement conservatrice, ceux qui ont osé des réformes se sont rapidement ravisés après s’être frottés aux forces réactionnaires. Au pouvoir, ils perpétuent les mêmes pratiques.
Comme au jeu d’échecs, le roi Macky, qui semble hors de portée, est toujours sous la menace d’un coup de génie. En cas d’échec au premier tour, le mat sera inévitable au second tour. L’opposition, pleine d’illusions, se prépare à prendre l’ascenseur qui le mènera au triomphe.
Des combats épiques s’annoncent. Des manches à ne pas perdre pour éviter de passer à trépas. L’intérieur du pays traditionnellement acquis au pouvoir, des poches de résistance subsistent dans les grandes cités insoumises et peuvent renverser la tendance au profit de l’opposition.
Dakar sans patron répondra ou pas aux consignes de Khalifa, alors que les pontes du régime s’y investissent à fond pour leur survie. En lutteurs de mbapatt, les politiciens de la banlieue feront preuve de prouesses pour enrôler les goorgorlous dans leurs écuries.
Pour être tous allés s’agenouiller devant les saints, le suspense sera insoutenable avant de connaitre le candidat béni qui va décrocher la caution électorale de Touba-Mbacké.
La coquette Casamance succombera-t-elle au charme des ‘’mackysards ‘’ou se laissera-t-elle séduire par l’Apollon Sonko ?
Les clés de la ville remises à Macky par le maire Talla Sylla, la forteresse imprenable de Thiès va-t-elle résister à l’assaut des chevaux au pelage marron ? Idy imbattable dans sa cité va-t-il sortir le grand jeu de David contre Goliath ?
Pour une fois dans l’urne, le citoyen armé de sa carte d’électeur reprendra son pouvoir. Hors de vue de ces prestidigitateurs aux pouvoirs occultes, qui l’ont saoulé de belles paroles, il jouira de sa puissance.
Le peuple, en embuscade, départagera les belligérants et en toute liberté.