Le sort de l’ex-Aide de camp suspendu à un décret présidentiel
Hier, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar a émis un avis favorable à l’extradition de Aboubacar Sidiki Diakité dit ‘’ Toumba’’. Maintenant, le dernier mot revient au Chef de l’Etat qui doit prendre un décret dans ce sens. L’ex-Aide de camp de l’ancien Président guinéen Dadis Camara ne veut pas encore rentrer dans son pays pour des raisons de sécurité.
Les jours de Aboubacar Sidiki Diakité dit ‘’ Toumba’’ au Sénégal sont-ils comptés ? En tous les cas, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar lui a donné hier son ticket retour pour la Guinée. Le juge a, en effet, émis un avis favorable à son extradition sollicitée par l’Etat guinéen. Par la même occasion, il a rejeté la requête aux fins d’annulation déposée par Me Baba Diop, conseil de l’ex-chef des bérets rouges de la Guinée et ex-Aide de Camp de l’ancien Président Dadis Camara. C’était lors d’une audience au cours de laquelle Toumba a exprimé son souhait de rester encore au Sénégal, car il craint pour sa sécurité. D’abord, il a expliqué qu’il n’avait pas fui la Guinée à cause des évènements du 28 septembre 2009. Avant de supplier le juge de ne pas ordonner son extradition. ‘’Les mêmes personnes sont toujours aux affaires. Je veux qu'on me laisse ici et qu’on me mette en liberté provisoire, jusqu'à ce que les conditions d’une extradition soient réunies’’, a imploré Toumba Diakité moulé dans un ensemble blouson rouge.
Abondant dans le même sens, son avocat Me Baba Diop a d’abord plaidé l’annulation de la procédure, en dénonçant le non-respect des délais légaux en matière d’extradition. Me Diop déplore le fait que son client ait été entendu hors des délais légaux, soit 8 jours après l’exécution du mandat d’arrêt, alors qu’il devait être auditionné 24 heures après. Pour cela, il estime que Toumba doit être libéré et la procédure annulée. L’autre argument pour la libération de son client constitue les craintes exprimées par le Guinéen.
En outre, la robe noire estime que l’ancien Commandant n’a rien à se reprocher et que le mandat d’arrêt est adressé à Aboubacar Sidiki Diakité. Or, même s'il y a sa photo, son client s'appelle plutôt Aboubacar Diakité et est né en 1961 et non 1980. L’autre grief soulevé par le conseil, c’est la notification de la demande d’extradition signée par le Procureur général de la Guinée et non par le Président Alpha Condé. Dans ses réquisitions, l’avocat général Alioune Ndao a relevé que la convention d'extradition existant entre le Sénégal et la Guinée ne prévoit pas de procédure de notification, mais détermine uniquement les conditions. ‘’L'inobservation des délais n'est pas sanctionnée par la nullité de la procédure’’, a ajouté le parquetier, tout en soulignant que toutes les conditions sont réunies, puisque Toumba Diakité est bien de nationalité guinéenne et les faits sont de droits communs et non politiques ou militaires. ‘’Donc, il est extradable car il n’y a aucun risque par rapport à sa sécurité. La Cour pénale internationale a un œil sur cette affaire’’, a conclu le magistrat.
Actuellement, la balle est dans le camp du Président Sall qui a un délai d’un mois pour prendre un décret sur la base de l’avis. D’après Me Diop, le décret peut prendre le contrepied du juge.
REACTION ME BABA DIOP
‘’Nous estimons que la diplomatie l’a remporté sur le droit, parce que le droit était avec nous. Mais nous allons continuer le combat. Car, après cet avis, le président de la République devra prendre un décret d’extradition que la loi nous donne la possibilité d’attaquer devant la chambre administrative de la Cour suprême pour excès de pouvoir. Malgré toutes les violations, la Chambre a émis un avis favorable. Mais cet avis est irrégulier et illégal.
C’est pourquoi d’ores et déjà, tout décret basé sur cet avis sera attaqué, car les conditions d’extradition ne sont pas respectées. Parmi les conditions de fond, les faits, objet de la demande, ne doivent pas avoir une connotation politique ou militaire, or tout le monde sait que dans cette affaire, il s’agit de militaires qui ont agi dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.
Même si l’infraction se détache des faits, le statut militaire de ses fonctions ne pouvait pas se détacher des faits. C’est pourquoi nous pensons que, de par le mobile, le caractère des faits, il y a une fonction militaire qui s’y attache. De ce point de vue, on ne peut pas demander l’extradition, encore que les faits ont été commis dans un contexte de pouvoir politique exercé par les militaires. Sur ce point, les faits ont une connotation politique.’’
FATOU SY