Publié le 14 Nov 2024 - 12:35
REUG REUG CHAMPION DU MONDE

FIERTE NATIONALE ET PETITES REFLEXIONS SUR LES SPORTS AU SENEGAL

 

L’éclatante victoire de REUG REUG aux derniers championnats du monde de MMA au-delà de la fierté nationale d’avoir un champion du monde bien de chez nous, nous donne l’opportunité de partager avec tout un chacun, ces quelques lignes sur les sports de manière générale au Sénégal. D’autant que notre pays doit accueillir en 2026, les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), initialement prévus en 2022.

En matière de sports, toutes disciplines confondues, la victoire de REUG REUG semble être l’arbre qui cache la forêt.

En effet, de l’Indépendance à nos jours, notre pays a pris part à presque toutes les compétitions sportives (Jeux olympiques, Coupes du monde, Coupes d’Afrique) sans remporter aucun trophée majeur. Aucune médaille d’or juste une d’argent celle de DIA BA aux 400 M Haies des Jeux Olympiques de Séoul en 2000. Là où, Il aurait même pu gagner l’Or s’il ne s’était pas trop focalisé sur Edwin Moses. Passons.

Aucune coupe du monde, une seule CAN glanée en 2022 et mis à part les dix glorieuses des Lionnes et des Lions du basket et quelques titres africains individuels glanés çà et là par les judokas, les karatékas et le Taekwondo. Rien d’autre. Le bilan est plus que maigre, il est tout simplement squelettique au regard des ambitions déclarées, des moyens déployés et surtout des talents réels que nous avons dans presque toutes les disciplines et dont le sacre récent de REUG REUG en est une parfaite illustration de ces talents cachés qui ne demandent qu’à éclore.

Le constat est accablant. En sport, Le Sénégal n’a JAMAIS RIEN gagné de PROBANT.

Et pourtant…

Pour le peu que j’en sais, un champion Olympique se construit en trois-quatre ans. Et dans la perspective des JOJ 2026, il devient donc plus qu’urgent de repenser notre politique et nos pratiques sportives pour espérer glaner quelque médaille d’Or lors de ces joutes mondiales que nous allons accueillir chez nous. Pour ce faire, les épreuves dominantes des JOJ étant l’athlétisme, il serait temps de détecter et de sélectionner les talents dans toutes les disciplines et s’atteler à leur formation et encadrement de haut niveau afin qu’ils puissent atteindre les standards mondiaux en la matière.

Sur ce chapitre, les tournois de l’UASSU (Union des Associations Sportives Scolaires et Universitaires) constituaient de véritables viviers de futurs champions qui ne demandaient qu’à être bien encadrés pour éclore au sommet de leur art. C’est donc le lieu d’interpeller les inspecteurs de la jeunesse et des sports (IJS) de notre pays pour ce travail de terrain pour la détection des talents par la remise à jour et la redynamisation des activités de l’UASSU. Sur ce plan, Il serait souhaitable et salutaire que le ministère des sports dans la perspective de la réalisation du PROJET, renouvelle ses cadres de direction en mettant en selle des jeunes Inspecteurs de la Jeunesse et des Sports (IJS) qui sauront – nous l’espérons bien – quitter le confort des bureaux climatisés et descendre sur les terrains pour dénicher les talents dont regorge notre pays, dans toutes les disciplines.

Dans la même perspective, les écuries de lutte qui sont déjà de véritables concentrations de jeunes forts et vigoureux et dont REUG-REUG est un pur produit, recèlent des potentiels champions dans les épreuves de force, d’endurance et d’adresse.  Ainsi, on peut y trouver des Hercules, véritables mastodontes de muscles purs sans graisse, bons pour la lutte, toutes les luttes et l’haltérophilie ; des Samson pour les lancers (javelot-poids-disques- marteau) qu’il s’agira de bien encadrer pour leur inculquer les techniques à maitriser dans ces disciplines olympiques pour nous valoir de réelles satisfactions à l’avenir. Les compétitions de l’UASSU bien organisées et bien suivies, serviront à détecter les talents dans les autres disciplines telles que les courses et les concours. Les Navétanes aussi, malgré tous leurs avatars de violence et autres déviances-regorgent de jeunes joueurs de talent qui ne demandent qu’à être bien accompagnés pour devenir des « Sadio Mané » en puissance. Nos plages sont envahies par de véritables jeunes nageurs très doués qui ne demandent qu’à discipliner pour en faire des champions des bassins. Et la liste est loin d’être exhaustive. Tout cela est possible avec la coopération de pays amis pour la mise à disposition d’entraineurs et de techniciens de haut niveau dans toutes ces disciplines là. Il s’agit simplement d’instituer un travail de terrain permanent aux IJS et sélectionner les bons talents pour une préparation de haut niveau à même de nous valoir des réels motifs de satisfaction lors des grandes compétitions sportives notamment celles des JOJ à venir.

Dans un autre chapitre, la pratique améliorée du sport peut-être pour ne pas dire, est une opportunité immense pour l’insertion sociale de plein de jeunes qui n’ont aucune formation ni académique ni professionnelle dans aucun autre domaine de production. La pratique du sport offre des grandes opportunités de réussite sociale que beaucoup de pays ont compris pour donner au sport toute sa dimension politique et économique.  Ainsi les sud-américains, notamment les Brésiliens et les Argentins entre autres-ont élevé le football au rang de voie d’ascension sociale pour fabriquer des champions à la pelle qui réussissent à tutoyer les grands capitaines d’entreprise et d’industries en termes de fortune financière. Tellement la discipline génère des chiffres d’affaires faramineux qui dépassent de loin le budget de nombre de très grandes entreprises. Les Sports, tous les types de sports et notamment le Football brassent des sommes énormes et paient des salaires très élevés à leurs pratiquants que ne le feraient nombre d’entreprises pour leurs cadres de haut niveau et cela, pour une masse critique de pratiquants.

En réalité, dans ce monde clivant où la suprématie blanche règne en maitresse absolue dans presque tous les domaines de la vie économique, sociale, académique et autre, avec un plafond de verre quasi infranchissable pour émerger, le sport et accessoirement la musique et la danse restent les domaines véritablement ouverts pour permettre aux autres, d’avoir un tremplin d’activités et une réelle chance de jouer dans la cour des Grands de ce monde.

Donnons donc au sport toute l’importance de sa dimension d’ascenseur social pour inciter nos jeunes à le pratiquer de façon constante, méthodique et organisée pour. REUSSIR dans la vie. Cela passe par des politiques hardies de détection, d’encadrement, de suivi et de promotion des talents dans tous les domaines du sport. Le sport est avec l’armée à la fois, une école d’endurance, de discipline (fair-play), de solidarité (esprit d’équipe), de civisme (sentiment patriotique, drapeau national) etc…avec en prime un créneau de réussite sociale. Sur ce plan, toutes les disciplines sportives « rapportent ». Et, une fois la richesse acquise, on pourra s’intéresser à d’autres domaines d’investissements pour participer au développement du pays. C’est ce que font tous les grands sportifs du monde. On joue au foot, au basket, au tennis, au golf, on pratique la boxe, la lutte et autres à un niveau élevé, on gagne des millions voire des milliards ensuite, on investit dans des domaines porteurs et...voilà.

L’exemple de Youssou NDOUR que je me plais à citer souvent, est admiratif et très instructif. De chanteur, il est passé chef d’entreprise en investissant dans des domaines porteurs. Et aujourd’hui, il est à la tête d’un groupe multi-nodal qui compte plus de cinq cent salariés qui y gagnent assez bien leur vie.  Sans compter son aura qui le fait entrer dans le gotha du monde entier. C’est là, LA VOIE.    Et elle est bien meilleure que BARSAKH et autres pirogues d’émigration clandestine.

Que le travail commence donc en mode RUPTURE avec les 3J JUBB-JUBBEL-JUBBENTI pour donner au sport ses lettres de noblesse et faire prendre conscience de sa dimension économique et sociale aux jeunes. Et surtout pour ne pas vivre des JOJ sans aucune médaille sénégalaise dans aucune discipline. Ce qui serait plus qu’une honte, un déshonneur pour notre pays.

Alors au travail Messieurs, Dames...AU TRAVAIL pour qu’éclosent mille REUG REUG dans notre pays. 

DIEU nous garde et garde le Sénégal.

Dakar le 12/11/2024

 

Guimba KONATE

DAKAR

guimba.konate@gmail.com

Section: