Plus de 600 mille Sénégalais dans la tourmente
La fin de l’hivernage pointe à l’horizon et pour plus de 600 mille Sénégalais, ça sonne le début d’une famine qui risque de les envoyer sur le carreau. Il urge d’agir.
Les chiffres donnent froid dans le dos. Plus de 600 mille Sénégalais du monde rural seront victimes du déficit pluviométrique et dans l’urgence d’être assistés. Le secrétaire général du ministre de l’Intérieur a donné l’information hier, lors de la troisième réunion du Comité de pilotage sur l’analyse de la situation de l’hivernage en cours. Ce, au regard du contrat d’assurance sécheresse entre le Sénégal et la Mutuelle panafricaine de gestion des risques et catastrophes. Cheikhou Cissé, s’appuyant sur une étude menée par African risk capacity, une mutuelle panafricaine de gestion de risques (ARC), a soutenu que les projections actuelles du nombre de personnes touchées par la sécheresse montrent que plus de 600 000 personnes seraient affectées par le déficit pluviométrique.
L’ARC est une institution spécialisée de l’Union africaine qui entend renforcer les capacités des gouvernements dans la gestion des risques et améliorer les mécanismes actuels de réponse aux crises alimentaires à travers un système paramétrique. L’étude montre également que les agriculteurs du centre et de l’ouest n’ont pu procéder à temps au semis de l’arachide et du mil. L’étude a aussi alerté sur un risque de survenance de sécheresse au Sénégal. Ce que confirme Sidy Ba, Secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs agricoles. Selon lui, les 2/3 des populations des régions centre ont un hivernage hypothétique. Il reste convaincu qu’en fin septembre, début octobre, plusieurs cultures dont le mil et l’arachide ne vont pas boucler leur cycle qui équivaut à 3 mois minimum. Il estime en outre que pour le niébé qui dispose d’un cycle plus court, l’espoir est permis.
L’Etat a fait des efforts cette année, mais la nature n’a pas suivi
Sidy Bâ a précisé, cependant, que l’Etat du Sénégal a fait d’importants efforts, avec la mise en place très tôt des engrais et des semences. ‘’Cette année particulièrement, des efforts ont été faits par l’Etat, mais la nature n’a pas suivi’’, regrette le secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs agricoles. Mesurant l’ampleur du phénomène, le secrétaire général du ministre de l’Intérieur a dit hier que les consultations et discussions issues de la 3ème réunion vont permettre de donner des orientations précises à l’équipe technique devant élaborer le plan de mise en œuvre. Il souligne que le gouvernement compte apporter la meilleure assistance possible aux populations affectées du monde rural, dans les délais recommandés par ARC.
Déjà en février dernier, lors du lancement du plan de réponse stratégique humanitaire pour le Sahel, dans la période 2014-2016, de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), la représentante résidente du Système des Nations unies au Sénégal, avait rappelé l’urgente nécessité de mener des actions humanitaires. Il urgeait, selon elle, d’éviter la famine dans certaines parties du pays. Des zones qui risquent de plonger dans une carence en vivres, eu égard à la rupture des stocks. La mauvaise pluviométrie, les inondations, la cherté des denrées de première nécessité et l’inaccessibilité des zones de production en Casamance sont passées par là.
AMADOU NDIAYE