Une cinéaste aux commandes
Le conseil d’administration de la nouvelle société de gestion collective des droits d’auteur et droits voisins qui s’est réuni hier au Goethe Institut pour élire son président a vu porter le choix des membres en la personne d’Angélique Diabang.
Angélique Diabang est depuis hier la présidente du conseil d’administration de la nouvelle société de gestion collective des droits d’auteur et droits voisins, née en décembre dernier, suite à une assemblée générale des artistes. Angélique Diabang est sortie largement vainqueur de cette élection, avec 17 voix sur 35. Seule la styliste Oumou Sy était absente. Ngoné Ndour de Prince arts est arrivée deuxième avec 6 voix. Macodou Mbengue, le directeur du fest’art, a récolté 4 voix.
Angélique Diabang est cinéaste. Elle a réalisé une dizaine de films et de documentaires. Elle doit son sacre à sa brillante présentation. Chaque candidat avait cinq minutes pour expliquer brièvement son cursus, ses motivations, mais surtout ses objectifs pour réussir sa mission. La nouvelle présidente a fait, selon un membre qui a parlé sous l’anonymat, ‘’un bon discours, correct, plein de sens et d’espoirs‘’. ‘’Nous avons tous voté pour Angélique, parce qu’elle était la candidate la plus crédible, malgré son jeune âge’’, a ajouté notre interlocuteur.
''Vous m’avez élue, malgré mon âge et mon statut de femme''
Après son sacre, elle a remercié l’assemblée pour la confiance placée en sa modeste personne. ‘’Vous m’avez élue, malgré mon âge et mon statut de femme. Je n’ai jamais pensé dans ma vie que j’allais arriver à ce stade. Il y a des gens qui ont duré plus que moi dans le cinéma. J’appelle à l’unité et à la réconciliation, pour que nous tous arrivions à travailler, pour présenter des résultats concrets à la fin de notre mandat’’, a déclaré la cinéaste.
Le dépit de Élie Charles Moreau, candidat malheureux
Son discours sera peut-être entendu. Car, juste après son élection, un des protagonistes, Élie Charles Moreau a quitté la salle, sans demander son reste. ‘’Je n’ai pas boudé. En sortant, je savais que les gens allaient dire ça. Ils savent peut-être que j’ai le profil, qu’ils en ont déduit cela’’, a-t-il confié à EnQuête. ‘’Cette nouvelle société de gestion, a-t-il poursuivi, fait partie de mon cahier de charges culturel. Il y a des manquements, mais c’est derrière.
Je sais que j’ai le profil pour le poste, mais on a choisi une autre. Je prends acte et je les regarde agir.’’ Encore qu’en venant, a-t-il soutenu, il savait que ‘’les jeux étaient déjà faits depuis longtemps’’. Ainsi, il soupçonne un lobbying. ''J’espère qu’elle ne va pas désespérer les acteurs culturels’’, a conclu celui qui n'a récolté qu'une seule voix.
En effet, l’élection s’est déroulée en 3 temps. Elle a commencé par la présentation et la plaidoirie des différents candidats. Ensuite, il y a eu le vote et enfin le dépouillement. Neuf candidats étaient en lice. En dépit des 4 personnes déjà citées, s'étaient présentés l’éditeur Élie Charles Moreau, les rappeurs Aladjiman et Maxi Crazy, le communicateur Pape Faye et le reggaeman Iba Guèye Massar. La nouvelle équipe entend rencontrer très prochainement le président de la République Macky Sall pour une présentation.
PROFIL- ANGELIQUE DIABANG Jeune et talentueuse Réalisatrice et productrice, Angélique Diabang est depuis hier la présidente du conseil d’administration de la nouvelle société de gestion collective des droits d’auteur et droits voisins. Âgée juste de 35 ans, Angélique est la première femme élue à ce poste. Elle est également la première cinéaste arrivée à ce stade. Elle se montre lucide sur les attentes placées en elle. ‘’Je crois que je dois mon sacre de ce jour à une envie de changement notée auprès des acteurs culturels. C’est une sorte d’alternance. J’incarne un changement, en tant que femme et cinéaste’’, confie-t-elle à EnQuête. Angélique a réalisé différents films entre le Sénégal et le Congo. D’ailleurs, en ce moment, elle est en train de finaliser trois films au Congo, avec sa maison de production Karoline Ka. Jeune réalisatrice, Angélique a pourtant commencé à la faculté des sciences juridiques. ‘’J’ai commencé à l’université le Droit, mais j’ai très vite quitté, parce que je voulais faire du cinéma’’, a-t-elle dit. Elle a alors entamé une formation en montage, à l’institut français Léopold Sédar Senghor en 2000. ‘’C’est vraiment Pape Gora Seck qui m’a initiée au montage’’, se souvient-elle. Elle intègre en 2003 le média centre. Elle y suit une formation, en tant que réalisatrice. Elle ira par la suite se parfaire en France, puis en Allemagne. Pour son nouveau poste, elle s’est bien assigné une mission. ‘’Je veux commencer par faire un diagnostic de ce qui n’avait pas marché avec le BSDA et éviter de faire les mêmes erreurs’’, explique-t-elle. Ensuite, ‘’on va s’atteler à mettre en place une équipe dynamique compétente et choisir un directeur général.’’ |
Mariétou Kane et B. BOB