Dr Abdourahmane Diouf annonce un large front de l’opposition
Le Dr Abdourahmane Diouf, Président du parti Awalé, se trouve à Paris. Le candidat déclaré à l’élection présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal y a animé, le 18 mars, une conférence sur le thème ‘’Demain l’Afrique’’. Il s’est largement prononcé sur l’actualité nationale.
À Paris où il est en tournée en Europe, le Dr Abdourahmane Diouf, Président du parti Awalé, a rencontré à Paris ses partisans, militants et sympathisants. Il a animé une conférence qui lui a permis de parler des transitions nécessaires en Afrique, mais aussi de l’actualité politique nationale, notamment, en dénonçant les séries de violence perpétrées par le pouvoir actuel.
‘’Aujourd'hui plus que jamais, Macky Sall montre une réelle détermination à casser l'opposition sénégalaise. À toutes les combines politiciennes déjà expérimentées, il rajoute des exactions physiques et des actes d'intimidation inacceptables dans une démocratie. De Paris où je me trouve pour consolider la résistance de l'opposition face aux dérives du pouvoir en place, je vois l'image de mon pays piétinée par des agissements paniqués d'un pouvoir en fin de règne’’, dénonce-t-il.
L’opposant d’ajouter : ‘’Plus que jamais, l'opposition doit se réunir en un bloc uni pour résister et faire face à Macky Sall. Nous souhaitons un prompt rétablissement à tous les blessés victimes de la violence d'État. Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques détenus par la simple volonté du régime en place. Nous restons déterminés à lutter pour la sauvegarde de la démocratie sénégalaise. En tout état de cause, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs’’.
D’ailleurs, il annonce la naissance d’une large plateforme de toute l’opposition et des forces vives de la nation éprises de paix, de justice et de démocratie, pour faire face aux dérives totalitaires du régime de Macky Sall et de son éventuelle 3e candidature.
En outre, il a animé une conférence sur le thème ‘’Demain l’Afrique’’. Ce qui lui a permis de faire plusieurs constats. Notamment, le refus de l’Afrique de sortir du joug impérialiste. ‘’L’Afrique, dit-il, est la seule partie au monde qui fonctionne à l’envers ; où il n'y a pas de développement économique, où il n’y a pas de développement social. Et c’est le continent où l’on va vous marteler, du matin au soir, qu’on a toujours fait comme cela et qu’on n’a pas besoin de changer. Ceux qui n’ont pas besoin de changer, c’est ceux pour qui le statu quo donne des privilèges. Nous sommes ancrés dans le statu quo, parce que nous refusons de réfléchir par nous-mêmes. Donc, quand vous mettez tous ces biais-là ensemble, vous vous rendez compte pourquoi on disait, à l’époque, que l’Afrique noire est mal partie. Aujourd’hui, personne ne peut le contredire, parce qu’on voit, effectivement, qu’à l’heure de la mondialisation, l’Afrique, continent à très grand potentiel, ne parvient pas encore à décoller’’.
Pour étayer son propos, le Dr Diouf souligne qu’aujourd’hui, ‘’l’Afrique, c’est 3 % du commerce mondial’’. Il développe : ‘’Même dans le commerce intra-africain, on est à 5 %. Personne ne sait ici, peut-être dans la salle que le premier partenaire commercial du Sénégal, c’est la Suisse. Pourquoi ? Parce que le Sénégal vend tout son or à la Suisse. Ça, on ne l’apprend pas dans nos écoles. Donc, on est dans un système commercial qui défavorise l’Afrique. Et pourquoi l’Afrique ne compte que si peu dans les échanges mondiaux, c’est parce que nous avons un système qui a été mis en place de façon insidieuse durant la colonisation que nous perpétuons’’.
Le piège de la progressivité des droits de douane
Selon lui, ‘’le système colonial était organisé de sorte que nous ne soyons pas dans une situation de produire. Je rappelle toujours que la science économique est aussi une science sociale. Ça peut changer, tous les jours. Je veux parler d’une règle qu’on appelle la progressivité des droits de douane. C’est-à-dire, quand vous, Africains, vous nous vendez vos produits bruts, vous ne payez pas de droits de douane. Quand vous nous vendez vos produits transformés à 10 %, vous payez tel taux de droits de douane. Et plus vous montez dans l’échelle de la transformation, plus vous payez des droits de douane’’.
Ainsi déclare le président d’Awalé : ‘’Derrière cette règle de la progressivité des droits de douane, se cache un besoin de transformation des produits qui est à la base de l’industrialisation, de la création d’emplois, de richesses, qui est à la base du développement.’’ Il prend l’exemple du coton qu’on vend brut. Les Occidentaux le prennent pour créer des industries en France, aux États-Unis... ‘’On fait le tissu et on vous le vend dix fois plus cher. Et on nous dit que c’est une règle économique sociale. Mais cette règle, c’est de la science sociale ! Cela a été inventé par des hommes qui étaient dans une situation de domination et aucun de nos chefs d’État, aucun de nos économistes n’a essayé de changer cela. L’Afrique est aujourd’hui un continent sous-industrialisé. Et sans industrie, vous ne pouvez pas avoir les emplois et les richesses qui vous permettent d’être une nation développée. Et ça continue’’, constate-t-il.
D’ailleurs, il se demande : ‘’Qu’est-ce qu’on produit au Sénégal ?’’ La réponse coule de source. ‘’Ni le petit-déjeuner ni le déjeuner, encore mois le diner ne sont produits au Sénégal. Nous avons des repas d’importation. Nous ne pensons pas à des produits de substitution. Ainsi, le système économique international, tel qu’il est organisé, défavorise l’Afrique. Le statu quo défavorise l’Afrique et c’est là où nous avons besoin de transitions. Il y en a’’. Dr Abdourahmane Diouf cite la Zlecaf pour faire face à l’Europe.
‘’La mise en place de la zone d’échange continental, dit-il, donne de l’espoir. C’est pourquoi je parle des transitions commerciales qui pourraient nous permettre de tirer notre épingle du jeu’’.
S’adressant aux militants et sympathisants venus nombreux, il lance : ‘’Ma conviction est que l’Afrique a les moyens de tirer son épingle du jeu, si elle a le leadership qu’il lui faut pour s’assumer. J’ai la chance d’appartenir à une génération qui n’a pas peur, une génération décomplexée qui ne comprend pas la frilosité de certains aînés, encore tétanisés par l’Occident et ses méthodes.’’
Le Dr Diouf d’ajouter : ‘’Nous sommes une génération de rupture. Nous avons compris les enjeux. Les semailles de l’Awalé sont disséminées partout. Elles germeront et nos enfants prendront le relais. C’est un processus irréversible. Il faudra compter avec l’Afrique !’’
AMADOU FALL