"Le modèle sénégalais doit être étendu à tous les pays africains, les Maliens", selon le chercheur Moussa Cissokho
« Le problème malien a sonné le réveil des Etats africains sur le plan de la démocratie, de la sécurité, de la décentralisation, de la déconcentration, de la gestion des affaires publiques », c’est le sentiment du chercheur malien Moussa Cissokho sur les ondes de Sud Fm, avant de se féliciter du modèle sénégalais de la traque des biens mal acquis.
Selon lui, « ce modèle doit être étendu à tous les pays africains », avant de déclarer que « notre pays a émerveillé les Maliens en envoyant autant de troupes pour la libération du nord de ce pays, puisque ayant, très vite compris que la crise dans ce pays est une affaire de tous les pays africains ».
« Le cordon ombilical entre la France et ses anciennes colonies ne peut être coupé. Mieux, pour ce cas du Mali, il faut savoir que la puissance coloniale française n’a pas fait une intervention d’elle-même. Elle a été appelée au secours sur la base des accords de coopérations qui la lient au Mali. Quand ta case brûle, tu dois faire appel à tes amis. Il n’y a de plus normal que cela. D’autant plus que les pays de la Cedeao qui avaient émis l’idée d’intervenir seraient confrontés à un problème de moyens », se défend Moussa Cissokho, chercheur malien relatif à l’intervention de la France au Mali comme pour battre en brèche la thèse de néocolonialisme de la France.
Analysant l’origine de la crise qui sévit actuellement au Mali, le chercheur estime que c’est le « Pacte national » du Mali avec les touaregs qui a été un piège dans lequel toutes autorités maliennes sont tombées en 1992 et en 2006. « Puisque c’est à partir de ce pacte que le nord Mali est presque déserté et par l’administration centrale et par l’armée. Du coup, cette partie du pays est devenue une sorte d’un zone sans droit, donc un terreau fertile pour les groupes armés ».
Aussi, ajoute-t-il, « le coup d’Etat du 22 mars dernier a été mal géré par la Cedeao, car rien ne peut se faire sans la junte et quand on confie la gestion de l’Armée à un putschiste, il devient du coup, un collaborateur dans la gestion du pays. Après la libération du nord Mali, il faut vite organiser des élections pour avoir avec qui discuter et renvoyer l’armée dans les casernes et mettre fin au laxisme des autorités en ce qui concerne surtout la question de la sécurité et faire une analyse fine des comportements de certains pays africains ».
Car s’interroge-t-il, « on n’a pas compris les tergiversations de l’Algérie qui a finalement mis de l’eau dans son vin après la prise d’otage dans son site gazier et la position de la Mauritanie, deux pays qui partagent avec le Mali les mêmes frontières. Au sortir de cette épreuve, chaque pays devra jouer le jeu. Une fois des leçons tirées, des clarifications doivent être faites afin de construire une barrière de défense autour de leurs frontières ».
Abordant la décision du Sénégal à envoyer ses troupes au Mali, Moussa Cissokho déclare que « le Sénégalais a surpris les Maliens en décidant d’envoyer autant de troupes pour aller libérer le nord Mali. Ce pays a vite compris que le problème malien n’est plus celui des maliens seulement, mais africain ».
« Le cas du Mali a sonné le réveil des pays africains. Chaque Etat sait maintenant qu’il n’est pas l’abri du terrorisme. Au sortir de cette situation, je m’attends à des débats sur la question du terrorisme, de la démocratie, de la décentralisation, de la déconcentration pour avoir des modèles adaptés à chaque pays. On ne peut plus continuer à gérer le centre d’un pays maintenant et laisser la périphérie et où la démocratie a enrichi une minorité ». C’est pourquoi, Moussa Cissokho estime que le modèle sénégalais de la traque contre les biens mal acquis doit être étendue aux pays africains où la démocratie a échoué.
Par ailleurs le chercheur semble être convaincu que « l’islam est un manteau brandi par les groupes islamistes pour se faire comprendre par les populations. A Tombouctou, les marabouts de cette ville ont vite fait comprendre que aux groupes jihadistes que l’islam fondamentaliste qu’ils brandissent n’est pas de l’islam et qu’ils ne peuvent leur rien apprendre. Car ils ne peuvent pas nier qu’ils ont volé, violé, détourné des femmes d’autrui…
Ferloo