Publié le 23 Feb 2013 - 03:22
LETTRE OUVERTE À MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

 De la nécessité du chemin de fer pour notre pays !

 

 

Un bruit sourd nous parvient, le sol tremble sous nos pieds, sirènes aux vents, Arigoni le cheval de fer Dakar-St Louis déboule, avec sa crinière toute en vapeurs noires et épaisses … il est dix-sept heures passées de quelques minutes, nous accourons vers les rails à hauteur du lycée Peytavin pour voir et admirer le monstre d’acier qui fait trembler les murs alentours. Quelle joie pour nous, alors mômes de l’école Léona-filles qui rentrions au quartier Ndioloffène, avions de voir et admirer le défilement devant nous des wagons remplis de voyageurs qui nous faisaient des signes de la main en réponse à nos cris, gestes et grimaces.

 

Ces souvenirs, je les garde toujours vivaces et leur évocation m’emplit le cœur de nostalgie. Quarante ans plus tard que reste-il de cette réalité-là ? Rien malheureusement. Ayant lu avec un plaisir immense la contribution de Monsieur Khatary Fall (journal l’Enquête n°508 du mardi 19 février 2013), j’étais heureux de savoir que je n’étais pas le seul Sénégalais à penser comme lui. Chapeau M. Fall pour la clairvoyance. Développer le chemin de fer et le secteur primaire, c’est le fin mot. Point besoin d’avoir fait Harvard ou M.I.T pour appréhender les voies les plus simples mais pas toujours évidentes. Car il aura fallu faire le tour de toutes les questions du développement pour en arriver à cette évidence. À mon tour de vous interpeller Monsieur le Président de la République. Permettez mon outrecuidance. Ce billet est juste une contribution à verser dans la corbeille Sénégal.

 

Monsieur le Président, nous avons des secteurs, secondaire et tertiaire que ne supporte aucun secteur primaire valable. Il faut revenir aux b.a.-ba des choses. Je ne comprends toujours pas comment on a pu laisser mourir le chemin de fer du Sénégal ? Comment a-t-il pu en arriver à ce niveau de misère ? On nous a chanté à l’époque que les chemins de fer n’étaient plus rentables, qu’ils coûtaient cher à l’Etat. Pourquoi donc ? Etaient-ils gérés de la meilleure des manières, le management était-il à niveau ? Je ne le pense pas. Tuer le chemin de fer d’un pays, c’est résolument prendre le pari de marcher à reculons, forcément.

 

Engagez-vous Monsieur le Président car il s’agit là de projets structurants pour un Sénégal indépendant en progrès. Pour limiter la lourdeur des investissements on pourrait faire appel à un volontariat des milliers de jeunes désœuvrés avec quelque compensation à la clé. Réfléchissons bien à comment le chemin de fer a été construit dans nos pays au 19ème siècle. Sans gros moyens, du sang et de la sueur de nos ancêtres. La détermination du colonisateur en sus. Dessinons et réalisons un réseau ferroviaire à la forme d’une étoile à plusieurs branches avec un épicentre. Le bitume est juste un relais du chemin de fer, il ne doit en aucun cas le suppléer. C’est de l’hérésie.

 

Monsieur le Président,

 

Dans ce dessein, il faudra pousser, aller vite, bousculer les adeptes du traintrain quotidien. Nous ne voulons pas d’un Président qui « gère ». Nous voulons d’un Président qui réoriente les perspectives du développement, c’est-à-dire qui remet les choses à l’endroit. Pour cela choisissez-vous des collaborateurs proactifs, énergiques qui aiment se mettre la pression, dotés d’une générosité débordante, qui suivent au jour le jour ce qui leur est confié. Des collaborateurs capables de travailler 25% de plus que l’homme ordinaire. Car avec les meilleurs programmes, la meilleure vision, rien de significatif ne se fera avec des pantouflards adeptes de l’inertie. Monsieur le Président vous avez un mandat et le propre des mandats c’est que les années vous sont comptées. Il me souvient que vous êtes ingénieur. Un ingénieur comprend vite. Un ingénieur est un constructeur par essence.

 

Ces deux leviers mis en branle et bien exécutés feront progresser le Sénégal d’un cran critique. Le cran critique c’est celui qui permet de faire ce bond qualitatif permettant à l’entreprise créatrice de richesses d’exprimer tout son potentiel et de réaliser ce qu’on attend d’elle, à savoir : la création d’emplois et le reversement de ressources à l’Etat. Parce qu’auparavant vous aurez libéré toute sa créativité et ses énergies comprimées en faisant de la transparence le credo de tous les services publics.

 

Aujourd’hui le transport de marchandises et de personnes entre le Mali et le Sénégal se fait essentiellement par voie de routes, quelle catastrophe!!! En plus du coût exorbitant de ce transport, le coût en termes de dégradation des routes est monstrueux. Comme si chaque année on jetait délibérément de l’argent par les fenêtres. C’est un luxe qu’aucun pays ne doit se permettre, fût-il le plus nanti au monde. Il suffit de prendre exemple sur les pays dits développés et ceux dits émergents. Au lieu de tuer leurs chemins de fer, au contraire chaque jour est une motivation de plus pour les étendre et les moderniser. Autre chose, observons le développement de l’agglomération dakaroise, plus aucun lopin de terre disponible, et même si ça se trouve, il faut être multimillionnaire pour espérer en acquérir. Cela malheureusement ce n’est pas le lot du sénégalais ordinaire. Monsieur le Président, le sénégalais ordinaire c’est plus de 90% de la population ! Donc Dakar va forcément s’ouvrir et s’ouvre déjà vers l’intérieur à savoir vers les nationales 1 et 2.

 

La route ne peut pas et ne pourra pas combler ce besoin énorme de transport public, il faut du chemin de fer et du bon dans la future agglomération qui est entrain de s’ériger. Il est temps dès maintenant de déterminer les emprises et de dessiner les contours de la nouvelle ville qui ne devrait pas répéter les mêmes errements que connaît le Dakar d’aujourd’hui, qui a perdu son lustre depuis belle lurette ; on est choqué par tant de plaies béantes qui ont fini de transfigurer notre capitale. Certes il y’a de beaux immeubles par-ci, par-là, et quelques belles avenues, mais du point de vue urbanistique, depuis trente ans, on se laisse aller de façon très coupable. Cela aura l’avantage de réduire le coût d’acquisition du foncier ; celui du loyer ; réduction drastique des embouteillages monstres et des accidents inacceptables ; par conséquent une pressante demande sociale sera résolue au bonheur de tous. Bon vent.

 

Issa Nabédé.

sprintman@live.fr

 

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