Le recteur Mbaye installe l’anarchie à l’UCAD
Après que toutes les voies intermédiaires ont été investies sans succès, après que nous n’avons trouvé que des portes hermétiquement closes auprès de nos supérieurs hiérarchiques directs (le recteurs de l’UCAD et le ministre de l’enseignement supérieur) nous nous permettons de solliciter l’arbitrage suprême du Président de notre République avec la conviction ferme qu’il saura, lui, apprécier les choses avec le degré de responsabilité que nous n’avons pas pu, hélas, rencontrer chez les autorités adjuvantes du chef de l’Etat, délégataires privilégiés de ses pouvoirs présidentiels.
Etant fonctionnaires d’un genre particulier, nous ne sommes pas, comme les administrateurs centraux, soumis aux exigences d’un certain devoir de réserve qui fait ailleurs la force disciplinaire des corps impérieux de l’Etat. Par vocation, notre mission d’universitaire nous situe au pôle inverse du devoir de réserve puisque nous sommes payés pour penser en toute liberté et exprimer nos idées tout aussi librement au bénéfice de l’Etat et de la communauté, au bénéfice de la nation toute entière.
Quand donc les délégataires des pouvoirs présidentiels, se démettant de leurs responsabilités, renoncent à toute impartialité et choisissent de dresser un camp universitaire contre un autre, c’est la responsabilité du chef de l’Etat qui est directement mise en cause puisqu’il est le seul, in fine, à répondre devant la nation du destin des universités publiques, lequel complètera à l’actif ou au passif de son bilan politique, lui et lui seul, Monsieur Macky SALL.
Nous avons écrit au ministre de l’enseignement supérieur pour lui révéler comment le recteur Ahmadou Aly Mbaye a installé l’anarchie à l’IFE au point de rendre l’établissement ingouvernable. Le ministre n’a pas réagi. Revenons sur les faits. Tout d’abord, à la mi-mai de l’année en cours, le recteur Ahmadou Aly Mbaye a nommé comme directeur un enseignant de rang B :
- il commet une première entorse à l’obligation de désigner un enseignant issu du corps A, seul habilité à exercer des fonctions d’encadrement à l’université, le corps B ne pouvant être sollicité que par défaut. Pour se défendre, le recteur semble se cacher le nez derrière son doigt en extirpant un arrêté rectoral signé par Ibrahima Thioub qui stipule que, pour les facultés et autres établissements où les assesseurs et les directeurs des études sont toujours choisis dans le corps A, ces derniers peuvent remplacer les doyens et autres chefs d’établissement en cas d’empêchement temporaire ou définitif, pour le reste du mandat en cours. Appliquer l’arrêté de Thioub est une formidable supercherie car à l’IFE, même un assistant peut être directeur des études.
- Le recteur commet une dernière entorse à l’obligation de se référer à l’avis du conseil d’administration, seule instance compétente pour choisir un directeur de l’IFE après appel à candidature.
Ce qu’il y a de pervers dans la violation de dispositions légales encadrant le fonctionnement d’établissements publics comme les universités et les établissements qui les constituent c’est son puissant effet addictif qui incite le responsable délibérément fautif à commettre encore et encore de nouvelles entorses à la loi, aux règlements et aux traditions universitaires. Bis repetita, trois semaines après son premier forfait, le recteur récidive en nommant un directeur des études sur le poste laissé vacant par le premier qui avait été bombardé directeur, toujours sans se référer au conseil d’administration, instance légale.
Autre problème, et même un très grave problème : la personne choisie ne supporte aucune contrariété, particulièrement depuis sa nomination comme directeur des études. Pis, il n’hésite pas à s’en prendre physiquement aux collègues qui ne partagent pas ses avis.
On aurait parlé de drame comique si l’université n’était pas une affaire trop sérieuse pour prêter à rire à une situation anarchique qu’y a créé l’arrogance méprisante du recteur à croire que les agitations intempestives du chef pouvaient avoir raison d’un monde normé par des règles et des pratiques huilées depuis toujours. Il le sait mais il n’en a cure par le malheureux effet d’une idiosyncrasie jupitérienne.
Quelques faits pour juger de l’attitude du recteur :
- Quand le SUDES-ESR, avec son Secrétaire Général, convie ses militants de l’IFE à être membres de la délégation syndicale chargée de rencontrer le recteur, celui-ci chasse de son cabinet les enseignants de l’IFE comme le ferait un propriétaire à la vue de chiens enragés à l’intérieur de sa concession.
- Le recteur explique publiquement que l’IFE étant un institut d’université, son directeur est assimilable à un collaborateur direct du recteur que celui-ci peut choisir et nommer selon son pouvoir discrétionnaire. Voilà ce qu’on peut appeler du pur révisionnisme académique.
- Le recteur, saisi de la plainte du professeur Sidy Diop contre son fameux directeur des études dans l’indifférence incompréhensible du « directeur » Abdoulaye Diouf, ignore la lettre du plaignant et encourage, du même coup, la poursuite des voies de fait recommencées sur Thierno LY, un autre collègue
- Le recteur ignore la demande légitime de ses administrés de recevoir les arrêtés de nomination des directeurs concernés. Il s’y refuse parce qu’il sait que lesdits arrêtés seraient sans doute rejetés par la cour suprême qui les invaliderait à coup sûr. Par cette attitude de déni juridique assimilable à la forfaiture, le recteur a fini de créer l’anarchie dans l’établissement où une partie importante du corps enseignant refuse de reconnaître l’autorité d’une direction dont il n’a été saisi par aucune notification officielle. L’université sénégalaise ne mérite pas un pareil traitement.
- L’attitude du recteur, faite d’obstination dans l’arrogance et le mépris et du refus de toute règle de droit, aura servi d’étalon au chapelet d’actes illégaux posés par la « direction » qu’il a fabriquée à l’IFE. D’abord, une délibération irrégulière a clos le premier semestre de l’année académique 2020-2021 : la réunion fut tenue sans la présence des enseignants qui refusaient d’admettre la forfaiture et de se soumettre à la situation anarchique installée à l’IFE par le recteur ; ainsi, le quorum exigible, à savoir la moitié des membres de l’équipe pédagogique plus un, n’était pas atteint : il n’y avait que deux enseignants et un retraité en position de vacataire (autre irrégularité). Ensuite, l’examen du second semestre fut convoqué et organisé avec les tares d’encadrement que l’on sait déjà. Conséquence : la partie significative de l’équipe pédagogique (la majorité des enseignants, compte non tenu du retraité et des deux nouvelles recrues qui viennent de prendre fonction) ne sait aujourd’hui que faire des copies et des notes d’examen qu’elle se fait un devoir de remettre à une direction légale.
Enfin, la dynamique de la fuite en avant a inspiré à la « direction » sous l’impulsion de Abdoulaye Diouf l’idée, ô combien lumineuse, de programmer un test diagnostique d’entrée ce lundi 8 octobre 2021 sans en informer les enseignants concernés, du moins ceux qui contestent l’imposture. L’acte d’ostracisme consistant à organiser la rentrée pédagogique de l’IFE en mettant à l’écart une partie des enseignants ne relève de rien moins que de la provocation. Les enseignants ostracisés refuseront de voir leur instrument de travail saboté par de sombres charlots.
Il serait regrettable que, pour une querelle de postes de direction, les autorités académiques elles-mêmes mettent en péril le devenir des établissements qui leur sont confiés, voulant gouverner selon leur bon plaisir ou selon le bon plaisir de leurs amis et non en se fondant sur les textes légaux. Voilà pourquoi, Monsieur le Président de la République, nous sollicitons votre sage arbitrage, armés de l’intime conviction que c’est sous votre unique commandement que les délégataires de votre pouvoir appliqueront la seule solution qui vaille volens nolens. Or, les exigences des « frondeurs » organisés sous la bannière de l’Unité Syndicale de Base (USB) SUDES-ESR de l’IFE sont simples et justes, parce qu’inscrites dans l’ordre réglementaire :
- Invalidation immédiate de la nomination du directeur et du directeur des études.
- Ouverture immédiate de la procédure de recrutement d’un directeur et d’un directeur des études par le Conseil d’Administration.
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Les membres de l’USB SUDES-ESR de l’Insitut de Français pour les Etudiants étrangers (IFE)
- Sidy Fakha DIOP, maître de conférences (CAMES) en Langue, Littérature et Civilisation de la Grèce ancienne
- Thierno LY, maître-assistant en Sciences de l’Education
- Ndiabou Séga TOURE, maître-assistante en Littératures, Langues et Sociétés africaines
- El Hadji Malick Sy WONE, maître-assistant en Grammaire et Linguistique du Français