Barthélémy Dias livré à la justice
L’Assemblée nationale a procédé hier à la levée de l’immunité parlementaire du député Barthélémy Dias à la suite d’un vote soumis à la plénière. Dorénavant, le fils de Jean Paul Dias pourra comparaître dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf survenu devant sa mairie en 2011.
C’est fait. Barthélemy Dias pourra désormais comparaître devant la Justice pour répondre du meurtre de Ndiaga Diouf. Son immunité parlementaire a été levée hier à la suite d’un vote à main levée des députés de la douzième législature. Cet acte a eu lieu après la présentation du rapport de la Commission ad hoc mise en place à cet effet pour statuer sur la question.
La tournure que prend cette affaire ne semble point inquiéter le maire de Mermoz Sacré-Cœur. Barthélemy Dias, drapée d’un boubou traditionnel blanc, lunette noire sur le visage, a franchi la grande salle de l’Assemblée nationale aux environs de 16h40mn. Le maire socialiste qui a trouvé sur place son avocate, Aïssata Tall Sall et le maire de Dalifort, Idrissa Diallo, a demandé à l’assistance une plénière sans débat. ‘’Je prends la parole pour vous réitérer ma demande de levée de mon immunité parlementaire, sans débat, dans l’affaire de l’attaque violente, à main armée, dont la mairie de Mermoz Sacré-Cœur et moi-même avions été victimes le 22 décembre 2011’’, a-t-il d’emblée déclaré. Le parlementaire d’ajouter que seul la Justice pourrait le laver de toute accusation qui tend à devenir permanente.
‘’Mon immunité parlementaire doit être levée afin que cette affaire soit vidée pour qu’à l’avenir, nul ne s’aventure plus à attaquer, armes aux poings, violemment, en bandes organisées, une institution de l’Etat du Sénégal comme une préfecture, un commissariat, une mairie, un ministère ou autres’’, souligne-t-il. Il a été conforté par le président de la commission ad hoc, Moustapha Diakhaté. Le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar a demandé le respect du rapport de la Commission qui a plaidé pour la levée de l’immunité du député. Cette requête du camarade de Khalifa Sall n’est pas tombée dans l’oreille de sourds. En effet, 62 députés dont Barthélémy Dias ont voté Oui contre 16 voix dont celles de Me El Hadji Diouf, Aïssata Tall Sall, Idrissa Diallo, Maguette Diokh. 14 abstentions ont été dénombrées.
Cette épine ôtée du pied, le parlementaire manifeste sa satisfaction et indique sa volonté d’avancer dans la politique. ‘’Ce que certains veulent considérer comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de ma tête ne m’ébranle guère’’, martèle-t-il. Barthélémy Dias trouve déplorable qu’on veuille le traduire en justice depuis le moment où il a décidé d’accompagner Khalifa Sall dans la mise sur pied d’une coalition électorale aux élections locales de 2014. ‘’On voulait dans un premier temps faire croire à la population de Mermoz Sacré-Cœur que je ne devais pas être élu parce que j’étais un criminel qui était un soi-disant protégé. Je suis l’objet d’un acharnement et d’un complot politique ; ça ne passera pas parce que je ne fais pas partie des hommes qu’on peut piétiner’’, a-t-il averti.
‘’J’ai tiré, cela ne veut pas dire que j’ai tué’’
Barthélemy Dias demande à ses accusateurs de prouver qu’il est responsable de la mort de Ndiaga Diouf. ‘’Je leur laisse le soin de prouver que j’ai tué cet homme qui était un nervi venu faire un sale besogne’’, rouspète-t-il. Le membre de la coalition Taxawu Dakar menace de divulguer des informations, à la veille de son procès sur les commanditaires politiques de cette attaque à main armée. ‘’Certains d’entre eux cherchent à se rapprocher du pouvoir dont l’ancien ministre de l’Intérieur.
Le droit sera dit et je vais gagner ce procès parce que je ne peux pas accepter d’être la victime ou qu’on veuille me mettre au banc des accusés’’, clame-t-il. Le maire socialiste de rappeler que ‘’la révolution’’ pour le départ de Wade à la tête du pays a occasionné 17 morts dont Ndiaga Diouf. ‘’Pourquoi on n’ouvre pas un procès sur les 16 personnes tuées en 2011 ? Nul ne pourra être en mesure de dire que j’ai tué cet homme parce que je ne l’ai pas fait, j’ai tiré et cela ne veut pas dire que j’ai tué. Ils ne seront jamais capables de prouver que j’ai tué Ndiaga Diouf’’, a fait savoir le maire socialiste.
Selon Barthélémy Dias, la plupart des immunités parlementaires levées a conduit à des rapprochements et des compromis politiques. ‘’Les choses doivent être bien dites, le PS ne soutient pas Macky Sall et ne le soutiendra pas. Qu’une minorité incarnée par l’actuelle direction du parti veuille faire croire au Président Macky Sall qu’il bénéficiera du soutien du parti pour les prochaines élections, on verra bien le moment venu’’, avertit-il.
HABIBATOU TRAORE