Publié le 1 Dec 2014 - 08:32
LIBRE PAORLE

Projet de déclaration commune sur l'unification des forces  de gauche 

 

Dans le monde actuel, les forces démocratiques et celles de la Gauche en particulier, tentent de se retrouver pour former un bloc capable de faire face et de promouvoir des politiques alternatives de progrès pour l’émancipation de leurs peuples.

Au Sénégal, la deuxième alternance survenue en Mars 2012, et à l’avènement duquel les forces de la Gauche ont largement contribué dans tous les domaines et dans tous les secteurs,  est une résultante de la lutte des démocrates et des forces de progrès. Il faut, en effet, souligner le fait notable que ces forces de gauche ont uni leurs efforts dans les différentes dynamiques pour la promotion des Assises nationales, du M23 comme des coalitions pour l’avènement de la nouvelle alternance. Il est tout aussi notable de constater que certaines de ces forces participent au pouvoir dans la division, et sous la direction de forces dites libérales alors que d’autres se sont positionnées dans l’opposition au régime libéral.

Dans notre pays, jusque-là, l’histoire de la gauche a toujours été une histoire d’émiettement et de tentatives d’unité ayant fait long feu avec pour conséquences la bipolarisation de la scène politique dominée par les libéraux et les sociaux démocrates.

L’état des forces de Gauche est donc caractérisé par la division, la fragmentation et la confusion idéologique. Ainsi, affaiblie par cet état de fait, la Gauche a été bien souvent réduite au rôle de force d’appoint électoral. Les organisations se réclamant du peuple et des travailleurs, du patriotisme, du panafricanisme, de l’internationalisme et de l’anti impérialisme, à cause de leur division, se sont retrouvées trop faibles pour pouvoir peser, au nom des classes et de l’idéologie qu’elles représentent, dans les luttes comme dans les échéances électorales. C’est ainsi que les deux alternances au Sénégal, survenues le 19 mars 2000 et le 25 mars 2012, ont porté au pouvoir les libéraux, appuyés à chaque fois par les forces de la gauche historique.

La Gauche n’a pas non plus rallié assez de militants pour pouvoir peser sur le cours politique,  ni constituer une force de pression décisive contre le pouvoir ni devenir un rempart pour les classes populaires qui naturellement cherchent des alliés politiques dans leurs batailles quotidiennes.

Or l’unité de la Gauche est une préoccupation permanente de nos différentes organisations.  C’est ainsi qu’après l’échec du MAG, notamment depuis janvier 2009, de nombreuses initiatives, rencontres et tentatives d’unification et même d’unité organique effective ont été notées. En 2011, a été constitué un groupe de gauche composé du PIT, de la LD, de YAW, du RTA-S/ Pencoo Rééw, de l’ORDC, du RND, de Fernent/MTPS et de l’UDF/Mbooloo mi. Ce groupe a adopté des termes de références pour l’unité des forces de gauche le 14 mars 2014. 

Ces termes de références, outre l’accord sur l’unification des forces de Gauche, marquent un consensus

1)   sur l’application des conclusions des Assises nationales,

2)   la confirmation de l’adhésion à la charte de gouvernance démocratique

3)   l’application des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI)

4)   l’adoption par référendum de l’avant-projet de Constitution proposé par la CNRI.

Il s’agit là d’une base programmatique consensuelle, historiquement forgée au cours de la lutte du peuple sénégalais pour édifier une république démocratique, laïque et citoyenne dans un Etat de droit incarnant le souveraineté du peuple.

Aussi, le contexte international et africain actuel, les récents développements de notre situation nationale, constituent un motif supplémentaire et suffisant pour les forces de gauche de faire un pas qualitatif, à travers la constitution d’une Confédération des Partis et Organisations de Gauche.  

C’est pourquoi, nous lançons un appel pressant à la Gauche sénégalaise, organisations comme individualités, à assumer ses responsabilités ici et maintenant, à faire preuve d’audace, de lucidité et de courage, pour mettre un coup d’arrêt à son émiettement, pour jouer un rôle de contrôle et de sentinelle vigilante des intérêts fondamentaux des masses. 

La Gauche est condamnée à réaliser son unité.  Ce faisant, elle sera en mesure de dépasser sa division et ses faiblesses si décriées, avec leur cortège de répercussions négatives au sein du peuple, des travailleurs et de leurs organisations syndicales en particulier.

C’est le lieu ici de souligner  avec force que l’unification souhaitée, pour être féconde et porteuse, devra s’appuyer sur les idéaux, valeurs et principes de gauche afin de refonder et de re-crédibiliser la politique, l’action politique et les acteurs politiques eux-mêmes. Il importe plus que jamais de mettre au cœur de la politique l’éthique, la responsabilité, le respect dû au citoyen et la primauté absolue de l’intérêt général, de l’intérêt du peuple.

Il convient en même temps d’impulser la démocratie participative et inclusive, en favorisant l’horizontalité afin de rompre d’avec le bureaucratisme étouffant et inefficace, de promouvoir, loin de tout mimétisme, l’enquête, la recherche, la production théorique, la créativité et l’innovation dans les discours comme dans les démarches, de partir de la maitrise de la spécificité de nos réalités au Sénégal et en Afrique, nous approprier l’identité et le génie culturel créateur de notre peuple, assurer la liaison avec les masses, la liaison entre la nouvelle conscience militante et l’action transformatrice sur le terrain à travers les luttes et les solidarités actives à l’échelle du monde contre toute forme de domination. Voilà autant d’exigences pour un nouveau militantisme, un nouvel humanisme pleinement assumé dans la réciprocité et l’égalité la plus complète, en tant qu’alternative à la crise globale de civilisation charriée par le néolibéralisme mondialisé.

C’est pourquoi conformément aux termes de références, nous proposons la convocation d’Assises de l’unité des forces de la Gauche comme solution concertée à la division et de l’émiettement. Ces Assises reposent sur une conception d’une démarche participative, inclusive associant toutes les forces de gauche acquises à la nécessité de la transformation sociale, de la souveraineté nationale.

Il s’agit de développer une dynamique nationale qui allie l’élaboration théorique à la pratique de mobilisation politique pour la défense des intérêts des masses populaires dans tous les domaines et dans tous les secteurs. La nécessité d’aller de l’avant dans l’édification d’une force de gauche nationalement implantée et représentative des forces laborieuses du pays est à prendre en charge parallèlement à l’unité d’action la plus large possible.

Comme le disait feu le Professeur Abdoulaye LY : « Le triomphe éclatant du système de domination et d’exploitation ne commande pas la capitulation ni une quelconque perte de foi. Il appelle au contraire l’organisation d’un puissant contre- pouvoir, animé par les consciences nouvelles, mobilisées dans un ordre de bataille nouveau ».

Dakar, le

Ont signé :

Ligue démocratique (LD),

Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT),

Rassemblement des Travailleurs africains-Sénégal/ Pencoo Rééw, Yoonu Askan Wi / Mouvement pour l’autonomie populaire (YAW/MAP),

Observatoire Républicain pour la Démocratie et la Citoyenneté (ORDC),

Union pour la Démocratie et le Fédéralisme/Mbooloo mi (UDF/Mbooloo mi) 

 

 

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