Accélération partout, croissance nulle part, un régime qui 'perd pied'
Je n’arrive toujours pas à trouver les bonnes réponses aux questions qui m’assaillent. Je m’interroge, je m’inquiète, je deviens de plus en plus septique sur ‘leurs capacités intellectuelles’ à relancer l’économie de ce pays.
Ils sont plus dans une logique d’une économie recettes/ dépenses. Le choix des hommes et leur dernière discussion avec le FMI le prouvent amplement. Mais qui, bon sang, peut leur expliquer ce qu’est un système de création de richesses ? Nous fonçons encore vers une autre alternance ratée.
Bientôt deux ans et rien de concert. Je pensais naïvement que le Chef de l’Etat allait faire le point dans son discours du 31 décembre 2013. Ce fut un 31 décembre, la fin d’une année civile. Comme dans toutes les organisations, ‘les actionnaires’ ont droit à un bilan. Mais que nenni, le Président Sall avait décidé de faire passer l’année 2013, par pertes profits…
Ils mélangent tout mais réalisent des exploits
Le Président Wade et le PDS ont été sanctionnés par les Sénégalais. Alors, je ne sais pas pourquoi ce rétropédalage systématique ? Pourquoi regarder le rétroviseur ? De grâce, qui peut leur rappeler qu’ils sont attendus ailleurs ? Laissez le Président Wade et son régime tranquille…
Qui peut bien faire comprendre à ces messieurs qu’ils sont plutôt attendus sur la relance de l’économie, sur les 500.000 emplois qu’ils s’étaient engagés à créer et que sais-je encore ? Qui peut leur faire comprendre qu’une vision n’a rien à voir avec de l’opérationnel et ne saurait être un slogan creux ou ‘une liste de wishes’ ?
Ils arrivent pourtant à réaliser des exploits… Je me disais naïvement que ‘faire mieux que Wade est un jeu d’enfants mais pire que le PDS, c’est un exploit’. Karim Wade devait être le Sénégalais le plus détesté en 2011 mais (des) Sénégalais sont en train de voir en lui le prochain Président du Sénégal en 2017.
Sans s’en rendre compte, ils font, non seulement, pire que Wade mais ils ont fait de Karim Wade, un héros. Maintenant c’est devenu une patate chaude entre leurs mains. Ils vont utiliser le prétexte de l’appel ‘des marabouts’ pour le libérer. Cette prouesse mérite d’être inscrite dans le Guinness book
Ils se permettent tout
Dans quel pays, au monde, un Etat peut-il décider, ‘tout de go’, d’imposer une baisse de revenus des opérateurs privés ? La mesure unilatérale de baisse des loyers est inique et injuste. Pour respecter le parallélisme des formes, ils auraient pu dire aux huiliers que ‘le prix d’achat des graines d’arachides est à 300 F le kg, le monde rural vit dans des conditions inacceptables’ et faire voter une loi à l’Assemblée nationale’.
A propos d’Assemblée nationale, il aurait été plus judicieux de faire voter une loi sur la réduction du mandat présidentiel de 7 à 3 ans (trois autres années, à ce rythme et nous nous n’aurons plus de pays) que de faire le forcing sur la baisse des loyers…
Cette loi sur la réduction est d’autant plus injuste qu’elle touche, en majorité, les travailleurs immigrés (mes parents Sarakolés). Ces personnes se sont privées de tout, ils ont économisé centime d’euro par centime d’euro, ils ont bravé toutes les humiliations, le froid pour investir toutes leurs économies dans l’immobilier pour bénéficier d’une retraite paisible… En 50 ans de carrière, ces personnes n’ont jamais gagné 8 milliards. Certains en ont gagné en moins de dix années, générosité du Président Wade, disent-ils.
Nonobstant, tous les coûts induits. Soit le coût du matériel de construction, 18% de TVA sur les travaux de construction immobilière, 45% d’impôts sur les revenus immobiliers. Il y a vraiment bien d’autres moyens plus ‘équitables’ de baisser le coût du loyer mais il faut bien assurer le train de vie de l’Etat et le FMI veille au grain…
Leur seule solution : accélérer la transhumance
En réalité, ils sont à la recherche effrénée de résultats. Ils auront tout essayé, rien n’a marché. La solution la plus facile, c’est évidement d’arracher les revenus de ces Sénégalais qui se sont tués à la tâche. Il ne faut pas se faire d’illusions ça ne fait que commencer.
Plus nous approcherons des élections, plus ils en prendront d’autres plus calamiteuses, plus ils se rendront compte de leur incapacité à trouver des solutions aux problèmes socioéconomiques du Sénégal, plus ils vont continuer à s’énerver et quand ils finiront de comprendre qu’ils ne maitrisent rien, alors ils accéléreront la cadence et ouvriront alors grandement les vannes de la transhumance c’est tout ce qui leur restera à faire pour ‘sauver’ leur peau.
Accélérer avant de démarrer
Le Sénégal est moins industrialisé aujourd'hui qu'il ne l'était du temps des Socialistes. L'investissement privé dans les industries modernes, en particulier dans les biens échangeables, reste trop faible pour soutenir la transformation structurelle de notre économie. Nous serons rapidement appelés à affronter de sérieuses difficultés dans les années les deux années à venir.
Avec un taux de dépendance de 86% (2011) et un marché de l’emploi où il y a, chaque année, 200 000 nouveaux arrivants. Le Secteur privé ne permet d’offrir que 30 000 emplois par an. Il est plus qu’urgent d’anticiper sur la réduction de l’aide, bâtir une économie compétitive et désamorcer la bombe sociale qui menace notre existence en tant que Nation.
Les prévisions de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2013 et 2014 de la BCEAO tablent sur 4,4% pour le Benin, 7% pour le Burkina Faso, 9% pour la Côte d’Ivoire, 2,5% pour la Guinée Bissau, 4,4% pour le Mali, 7,7% pour le Niger, 4,3% pour le Sénégal et 5,3% pour le Togo… Nous sommes quand même devant Bissau…
Le Yonou Yokuté (la voie de la prospérité), ayant fini de se transformer en Yonou Yakhouté (voie de la déchéance), leur dernier concept est ‘Croissance Forte, Partagée et Maitrisée’. Leur nouvelle bible : le Programme Sénégal Emergeant (PSE) horizon 2023.
Seront-ils toujours en place pour être évalués ? Ils sont encore et toujours dans une démarche, fondée sur de simples extrapolations. En fait, ils ont perdu pied. Allez leur expliquer qu’il faut bien démarrer avant d’accélérer et que c’est le moteur qui est grippé. Ils auront beau cadencer, chalouper et balancer, ils n’y arriveront jamais… Accélération partout. Croissance, nulle part !
Lansana Gagny Sakho