homologue le vaccin à dose unique
Le premier vaccin anti-Covid qui ne nécessite qu'une seule injection, a été homologué, hier, par l’Organisation mondiale de la santé. Janssen Monodose a été créé par le laboratoire pharmaceutique américain Johnson & Johnson (J&J).
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné son homologation au vaccin américain Janssen Monodose. Ce vaccin à dose unique est du laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson (J&J). L’agence de l’ONU recommande son utilisation, de manière préférentielle dans les zones où l'épidémie est particulièrement active. Le président de l’autorité sanitaire, Dominique Le Guludec, a souligné, au cours du point de presse de l’homologation, que ce vaccin présente une performance tout à fait satisfaisante. Ce vaccin américain à injection unique, peut être utilisé à partir de l'âge de 18 ans, y compris chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Il peut aussi être utilisé chez les personnes susceptibles de porter des formes graves de Covid. Les premières doses devraient être livrées à partir du mois d'avril. Ce qui fait dire au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, que chaque nouvel outil sûr et efficace contre la Covid-19 est un pas de plus vers la maîtrise de la pandémie.
Le feu vert donné permet d'intégrer Janssen Monodose au système Covax mis en place par l'Alliance pour les vaccins (Gavi), l'OMS et le Cepi. Sa spécificité, souligne le Dr Tedros, est que ce vaccin est à vecteur viral, contrairement aux sérums de Pfizer et de Moderna qui proposent la méthode de l’ARN messager. J&J utilise un mécanisme similaire aux vaccins d’AstraZeneca et de Spoutnik V, à savoir un adénovirus, virus inoffensif du rhume. On y ajoute des instructions génétiques d’une partie du virus responsable de la Covid-19.
L’objectif, selon l’OMS, est de fabriquer un modèle de la protéine de pointe du SARS-CoV-2, permettant au système immunitaire de reconnaître le virus sans provoquer de maladie. Il agit aussi sur les variants de la même manière. L’organisme va alors repérer les fragments et déclencher une réponse immunitaire. “Il y a quelques avantages à cette approche. Premièrement, l'adénovirus est bien connu dans la population humaine. Deuxièmement, cela aide à stabiliser la température d'un vaccin”, informe le Dr Tedros. A son avis, Jonhson & Jonhson a peut-être réussi à apporter des modifications à la formule pour que son vaccin produise une réaction immunitaire plus forte.
Le sérum Janssen Monodose peut être maintenu dans un réfrigérateur classique
L'OMS a déjà homologué le vaccin de Pfizer-BioNTech, ainsi que celui d'AstraZeneca-Oxford. Ces vaccins nécessitent l'injection de deux doses et celui de Pfizer ne peut être stocké qu'à des températures ultra-froides. À l'inverse, Janssen Monodose peut être maintenu dans un réfrigérateur classique. La particularité de ce vaccin contre la Covid-19, développé par Johnson & Johnson, est le premier à ne nécessiter qu'une seule injection.
De l’avis d’un immunologue, cette spécificité du nouveau venu dans le paysage vaccinal peut étonner. Parce que, soutient-il, depuis le début, des efforts pour développer des vaccins, les autorités et une large partie de la communauté scientifique ont répété que deux doses valent mieux qu'une. "La première injection permet de susciter la réponse immunitaire adéquate. La deuxième est censée permettre au vaccin de protéger plus longtemps’’.
L’immunologue rappelle qu’il y avait certes déjà eu des discussions pour savoir si une dose des vaccins de Moderna ou Pfizer pouvait suffire. "Oxford avait commencé à travailler sur son vaccin avec l'espoir qu'une seule injection ferait l'affaire. Mais la Food and Drug Administration (l'autorité américaine du médicament) et des experts de premier plan ont opté pour deux doses, car ils craignaient que la population ne soit que partiellement protégée", précise-t-il.
Pour la virologue, Docteur Seynabou Diop, cette spécificité convient bien aussi aux priorités vaccinales du moment. À l'heure où tous les gouvernements veulent aller vite pour satisfaire des opinions publiques qui se plaignent que les campagnes de vaccination traînent en longueur, ‘’la solution de J&J peut sembler particulièrement alléchante. Avec un même nombre de doses, il est non seulement possible de vacciner deux fois plus de personnes, mais aussi de le faire sans interruption. Parce que lorsqu’il faut faire deux injections, il y a forcément un moment donné où on doit arrêter d'en administrer à des nouveaux patients. Car il faut garder les réserves pour la deuxième dose", explique le Dr Diop.
A son avis, ce vaccin peut permettre de rendre les campagnes de vaccination moins onéreuses. "Parce qu’il ne faut mobiliser des ressources supplémentaires qu'une seule fois pour aller à la rencontre des populations les plus isolées", dit-elle.
VIVIANE DIATTA