Publié le 4 Jul 2021 - 00:48
LUTTE CONTRE LA COVID 19

Le Sénégal fait face à une tension de vaccins

 

Depuis quelques temps, il est devenu difficile de se faire vacciner au Sénégal, surtout dans la région de Dakar. Cette situation est causée par une rupture de vaccins. Le Directeur de la Prévention, Docteur El Hadji Mamadou Ndiaye annonce l’arrivée de nouvelles doses, à partir du mois d’aout, notamment du vaccin Johnson & Johnson.

 

Ils sont très nombreux, les Sénégalais qui n’ont pas pris leur deuxième dose de vaccin. D’autres voulant se faire vacciner n’ont pas pu le faire. Dans les structures de santé, on leur demande de rebrousser chemin, parce qu’il n’y a pas de vaccins. Cette information, qui circule depuis plus de deux semaines, est confirmée hier par le Directeur de la Prévention. Prenant la parole, lors de la réunion d’urgence organisée par le Comité National de Gestion des Epidémies (Cnge), Docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a souligné qu’il y a une tension de vaccins dans le pays. Déjà, dans la région de Dakar, il précise qu’il n’y a plas de vaccins, de même qu’à Thiès.

Une situation qu’il juge normale. ‘’Actuellement il n’y a pas de vaccins. On peut dire qu’on est en tension de vaccins. Ce qui est normal, compte tenu de ce que nous avons en termes de vaccins. S’ils en trouvent, c’est paradoxal’’, déclare Dr Ndiaye. Le Directeur de la prévention renseigne qu’ils ont reçu 384 000 doses de Sino Pharm et 623 800 doses d’Astrazeneca. La consommation globale du pays est autour de 64%.

Le problème actuel, fait-il savoir, est celui de la communication. ‘’Il faut mettre l’accent sur la communication. Cette rupture était prévisible. L’Initiative Covax avait dit que, pour cette année 2021, il ne faut pas être ambitieux. Il faudra être autour de 20%. Parce que, compte tenu de la tension mondiale, il serait difficile de disposer de suffisamment de vaccins. Néanmoins, il faudra faire une communication tout azimut, pour vaincre les rumeurs et stimuler la demande, pour que les gens acceptent de se faire vacciner. Parce que, ces doses qu’on a reçues, dans une campagne normale, on les épuise, en 3 jours’’, explique-t-il.

Le Secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action Sociale, Alassane Mbengue, ajoute : ‘’A chaque fois qu’une région enregistre une rupture de vaccins, nous faisons un redéploiement desdits vaccins. Nous prélevons des vaccins des régions qui n’ont pas pu vacciner avec toutes leurs doses pour les déposer à Dakar et Thiès. L’Etat est en train de faire énormément d’efforts pour que le pays soit suffisamment doté de vaccins. Egalement pour que toute la cible de vaccination soit atteinte. Mais actuellement, nous sommes à plus de 536 000 personnes vaccinées. Ce qui est encore loin de notre cible, pour l’année 2021. Donc, il fallait remobiliser toutes les équipes, pour que nous puissions donner un coup supplémentaire à la vaccination, afin qu’elle puisse protéger les Sénégalaises contre cette terrible maladie. Donc, il n’est pas question de changer la stratégie. Il est question de mieux l’apprécier pour voir ce qui a bien marché pour le renforcer, ce qui a moins marché pour le corriger’’.

3, 997 millions de doses de Johnson & Johnson attendus en aout

D’ailleurs, Docteur Ndiaye révèle que le pays attend près de 8 millions de doses d’AstraZeneca. Puisque l’Initiative Covax est en partenariat avec plusieurs structures, poursuit-il, le Sénégal pourrait avoir plusieurs types de vaccins, comme Pfizer, Moderna et Johnson et Johnson. ‘’C’est une possibilité. Parce que l’Initiative Covax dote les pays en fonction des doses qu’ils pourront avoir. C’est des possibilités qui sont annoncées. En ce qui concerne Johnson & Johnson, nous avons passé une commande avec l’Union Africaine, avec l’appui de la Banque Mondiale. Nous aurons 3,997 millions de doses dont les premières livraisons nous parviendrons dans le mois d’aout. J’ai adressé une correspondance à Gavi. Ils avaient demandé, si on est intéressé par Moderna. Nous avons donné une réponse favorable, en sachant qu’on n’a pas de contraintes de chambre de froid’’, renseigne-t-il.

Le Directeur de la Prévention souligne qu’il faut un plan de communication, pour prendre en charge la question des ruptures de vaccins, lutter contre les rumeurs et inciter les populations à se faire vacciner. Il faut ainsi un déploiement des stratégies de vaccinations, c’est-à-dire se déplacer vers les populations. Cette communication, explique-t-il, doit être faite en relation avec les structures opérationnelles, notamment les Districts et les Hôpitaux régionaux.  Il faut aussi financer cette communication. ‘’On aura beau faire de la communication, si les gens n’ont pas suffisamment de moyens pour se déplacer, il n’y aura pas suffisamment de résultats. Un planificateur correct fait une répartition de cibles, selon sa stratégie. Cela doit être soutenu par un plan de communication avec des moyens conséquents, avec bien sûr des vaccins disponibles partout et au bon moment’’, défend-t-il.

‘’Il faut une stratégie agressive de vaccination’’

Conseiller à la présidence, Professeur Mamadou Ba renseigne que la première enquête de séroprévalence a montré que la moyenne nationale est de 20%. ‘’Si on y ajoute les données de la vaccination et, peut-être, si on fait la deuxième enquête, cela donnera une idée. Il faudra insister sur la vaccination. Il faut une stratégie agressive de vaccination, pour obtenir une adhésion. Cela va avec un approvisionnement constant en vaccins, avec une distribution de ces vaccins dans les sites de vaccination. Il faut une stratégie mobile’’, conseille Pr Ba. Qui renseigne que les directives du programme, depuis quelques semaines, c’est de vacciner toutes les personnes âgées d’au moins 18 ans.

‘’On a demandé aussi et surtout de ne pas réserver une deuxième dose, sauf pour le Sino Pharm que nous approvisionnons de manière séquentielle. Parce que, nous ne sommes pas sûr de pouvoir procurer des doses supplémentaires. Pour le Sino Pharm, tout ce qui arrive, on fait première et deuxième dose. Maisn pour le vaccin de AstraZeneca, on a dit de donner toutes les doses sans réserver une deuxième dose. Parce qu’il y avait des doses qui risquaient de périmer et nous avons des engagements fermes au niveau de Covax, pour que l’ensemble des vaccins qui sont annoncés sur le plan, par rapport à Astrazeneca, nous parviennent’’, explique Dr El Hadji Mamadou Ndiaye.

VIVIANE DIATTA

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