Des disciples de Cheikh Béthio Thioune ont violemment manifesté leur colère contre le transfèrement de leur guide dans la maison d'arrêt de Reubeuss à Dakar. Ils ont mis le feu dans certains coins du centre-ville, blessé des passagers d'un bus saccagé, et fait passer un sale quart d'heure au ministre de l'Intérieur, Mbaye Ndiaye.

Mbaye Ndiaye n'oubliera pas de si tôt son après-midi d'hier. Le ministre de l'Intérieur a subi vers 14h les foudres de disciples (thiantacounes) de Cheikh Béthio Thioune mécontents de son transfèrement lundi nuit à la prison de Reubeuss à Dakar. A notre passage vers 16h, de grosses pierres jonchaient le sol sur la corniche Ouest, juste en face de la maison d'arrêt où séjourne le Cheikh. Renseignement pris, le ministre de l'Intérieur a été bien caillassé par une foule en furie.

''[Mbaye Ndiaye] savait pertinemment qu'il n'était pas le bienvenu dans le secteur, il s'est permis de nous saluer ; les fidèles ne l'ont pas raté, il a essuyé un jet de pierres ; On l'a même giflé, il cherche depuis le début à nous pousser à la faute'', laissait entendre une foule bigarrée et enragée contre le régime en place. Massés devant la maison d'arrêt, certains semblaient exulter à l'idée d'avoir fait passer un sale quart au ministre Mbaye Ndiaye. Selon le diawrigne (responsable thiantacoune), Mbaye Guèye, les disciples n'ont fait que répondre à une provocation du ministre de l'Intérieur. ''On est convaincu qu'il a fait exprès d'emprunter cette route et de baisser la vitre de sa voiture sachant que les disciples s'étaient massés sur les lieux. Nous avons toujours prôné la non-violence mais nous ne pouvons pas neutraliser des fidèles qui viennent de plus 500 daraas (écoles coraniques). Le ministre sait pertinemment que la foule est folle...'', a soutenu M. Guèye.

Un bus attaqué, des passagers blessés

En tout cas, des pneus ont été brûlés sur la chaussée vers 16h provoquant un embouteillage indescriptible. Un bus de la ligne 10 a été saccagé faisant des blessés. Parmi les victimes, la dame Aminata Diop, une politicienne, bouleversée par les jets de pierres qui ont fait couler du sang. ''Nous avons été attaqués par une foule qui s'est dirigée aveuglément vers nous avec de grosses pierres. Toutes les vitres ont été cassées. Le bus qui avait fait le plein a enregistré plusieurs blessés. Nous venons de vivre des moments traumatisants. L'État doit mettre un terme à cette spirale de violence. Ils nous terrorisent, ils n'ont pas le droit de prendre le pays en otage. Je suppose que beaucoup d'entre nous n'auront plus le courage de passer par là, ce qui est anormal'', s'est indigné la dame.

Indexés, des disciples du Cheikh ont dégagé en touche imputant les faits à des infiltrés qui se cacheraient derrière l'effigie leur guide. D'autres ont admis qu'il soit fort probable que des thiantacounes surexcités aient cherché à déverser leur bile. ''Les auteurs de tels actes ne sont pas des nôtres, nous sommes des républicains, cela ne nous ressemble pas'', a défendu le djawrigne, Mbaye Guèye.

Il a fallu l'intervention d'éléments de la Brigade d'intervention polyvalente (Bip), vers 17 heures, pour dégager la corniche Ouest et les abords de la prison. Les fidèles qui avaient assiégé les parages sont rentrés calmement, alors qu'ils voulaient profiter du vendredi, jour de visite, pour s'enquérir des nouvelles de leur guide emprisonné depuis six dans le cadre du double meurtre de deux de ses disciples à Mbour. Finalement, aucun des pensionnaires de cette maison d'arrêt n'a eu droit à une visite.

Matel BOCOUM

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.