«Le Sénégal ne va pas en guerre contre un Etat, mais…»
C'est par un message à l'Assemblée nationale que le chef de l'Etat a informé les députés du déploiement imminent de soldats sénégalais dans la guerre malienne où les troupes françaises ont pris la direction des opérations contre les insurgés islamistes.
Comme le réclamaient certains députés, le président de la République a communiqué hier avec l’Assemblée nationale sur sa décision d’envoyer un contingent militaire au Mali en guerre depuis quelques jours. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Macky Sall estime que face à la situation dans ce pays, exacerbée par l’attaque de la ville de Konan, le Sénégal ne pouvait rester insensible. «En déployant nos forces de sécurité, nous restons fidèles à une longue tradition d’amener nos vaillants soldats dans une vingtaine de pays en Afrique et ailleurs dans le monde», a dit le chef de l’Etat par Mankeur Ndiaye interposé. «Nous ne pouvons pas refuser (notre aide) à notre voisin alors que le feu couve à nos frontières (et que) des pays étrangers et africains hors de notre sous région sont déjà sur le terrain ou s’apprêtent à s’y rendre», ajoute Macky Sall.
Toutefois, le chef de l’Etat a précisé que «le Sénégal ne va pas en guerre contre un Etat». Il s’agit de «contribuer à combattre le terrorisme» et d’«arrêter l’avancée d’un mouvement tyrannique dont le sombre dessein et la pratique d’un autre âge sont à l’opposé de nos valeurs de liberté et de démocratie, de paix, d’ouverture, de tolérance et de diversité». En outre, explique le président, le Mali étant «un pays parent» au Sénégal, «toute menace qui (le) touche nous touche directement».
Face à l'impérieuse nécessité pour le Mali de «retrouver son intégrité», le président de la République appelle toutes «les composantes de la Nation au-delà de toute considération à s’unir dans un élan consensuel pour soutenir la mission de notre contingent». Un appel vite entendu par le président du groupe parlementaire des Libéraux et démocratiques qui, toutefois, a tenu à déplorer le «manque d’initiatives» de notre pays. «Le Sénégal ne devait pas se laisser embarquer par la communauté internationale et sous régionale ; il devait être un acteur principal», déclare Modou Diagne Fada. Qui s'appuie sur trois raisons : «C’est le pays (le Sénégal) qui n’a jamais connu d’instabilité ; il compte plus de 400 000 ressortissants maliens ; (et enfin) c’est le pays qui préside l'Organisation de la Coopération islamique (OCI)».
DAOUDA GBAYA