Publié le 30 Jul 2025 - 23:32
MALADIES ET DÉCÈS D'ORIGINE ALIMENTAIRE  

Le Sénégal veut limiter la casse

 

Les maladies d’origine alimentaire causent près de 420 000 décès par an dans le monde, dont un tiers concerne des enfants de moins de 5 ans, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. Elles sont à l’origine d’une perte de productivité d’environ 95 milliards de dollars par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire, dont 15 milliards de dollars de dépenses médicales.

 

Quatre cent vingt mille décès. C’est le nombre de morts par an causé dans le monde par les maladies d’origine alimentaire. Sur ce total, un tiers concerne des enfants de moins de 5 ans, particulièrement en Afrique et en Asie du Sud-Est. L’annonce a été faite hier par le docteur Habib Ndiaye, conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Action sociale, lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier national de validation du profil pays du système de contrôle des aliments au Sénégal.

D’après le Dr Ndiaye, sur le plan économique, les aliments insalubres entraînent une perte de productivité d’environ 95 milliards de dollars par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire, dont 15 milliards de dollars de dépenses médicales.

Il a également souligné la nécessité, pour les gouvernements et autres acteurs, de mettre en place des stratégies pour garantir la sécurité alimentaire et éviter ces maladies et décès.

Les systèmes nationaux de sécurité sanitaire des aliments ont été conçus pour protéger la santé des populations et assurer des pratiques équitables dans le commerce international. À cet égard, les accords internationaux ratifiés par le Sénégal, notamment ceux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), insistent sur la nécessité pour tous les pays de renforcer l’efficacité de leurs systèmes de contrôle alimentaire.

Le Dr Ndiaye insiste, lui, sur l’urgence de consolider ces mécanismes pour produire des aliments de qualité. D’ailleurs, les autorités sénégalaises ont instauré un cadre juridique définissant les missions des structures compétentes et les normes d’hygiène. Ce dispositif permet de contrôler les aliments importés ou fabriqués localement.

Il salue également le rôle du Comité national du Codex, pivot de plusieurs initiatives multisectorielles concourant à la promotion de la sécurité sanitaire des aliments, notamment l’élaboration d’une stratégie nationale de sécurité sanitaire des aliments ; d’un plan national de réponse aux urgences de sécurité sanitaire des aliments qui décrit les procédures permettant d’identifier en temps opportun et de gérer de manière coordonnée les événements liés à la consommation d’aliments contaminés ; la mise en œuvre de plans de surveillance pour établir la prévalence de dangers significatifs sur la santé dans certains aliments de grande consommation.

Il y a aussi la création d’une plateforme électronique de collecte et d’analyse de données e-SSA pour la collecte et l’analyse des données de SSA pour mieux aider à la prise de décisions par les autorités ; la réalisation d’un exercice de priorisation des dangers dans les aliments ; la mise en œuvre d’un projet ‘’Marché santé’’ en vue d’améliorer les conditions de vente des aliments dans les marchés ; la mise en place d’un comité d’experts pluridisciplinaires afin de mieux évaluer les risques liés aux aliments et mettre en place des systèmes adaptés de prévention et/ou de maîtrise de ces risques.

Toutes ces activités, renseigne le docteur Habib Ndiaye, sont soutenues par la coopération luxembourgeoise, la FAO et l’OMS.

Cependant, malgré ces efforts, des lacunes persistent. Des contrôles ont révélé des niveaux élevés de contaminants dans des aliments courants, favorisant des toxi-infections alimentaires aux impacts sanitaires et économiques majeurs. Ce qui lui fait dire qu’il ‘’est essentiel de renforcer le système pour faire face aux menaces actuelles’’.

Les objectifs du SF4S

Patrick Bahal’okwibale, fonctionnaire chargé de la gestion de l’eau et des terres au bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, a présenté le projet ‘’Renforcer les normes de sécurité sanitaire des aliments (SF4S)’’.

La sécurité sanitaire des aliments, selon lui, est l'un des fondements les plus critiques de la santé publique, de la nutrition, du commerce agroalimentaire et du développement durable. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) porte, dit-il, une attention particulière aux questions de nutrition et de sécurité sanitaire des aliments. D’ailleurs, son cadre stratégique s’articule sur quatre piliers appelés ‘’Four Betters’’, l’amélioration de la nutrition étant l’un des quatre piliers stratégiques de la FAO qui inclut une meilleure sécurité sanitaire des aliments, afin de préserver la santé publique et de réduire la mortalité prématurée des mères et des enfants due aux maladies non transmissibles. 

Or, l’amélioration de la nutrition, souligne-t-il, est un domaine d’intérêt particulier dans le monde et, en Afrique, les risques liés aux maladies d’origine alimentaire continuent de peser lourdement sur les systèmes de santé et les économies africaines.

A titre illustratif, chaque année, renseigne-t-il, plus de 91 millions de personnes tombent malades et 137 000 meurent à cause d'aliments contaminés. ‘’Ces maladies, dont 70 % sont diarrhéiques, affectent principalement les populations les plus vulnérables, notamment les enfants’’, assure-t-il.

Fort de ces enjeux, le projet SF4S s’est fixé comme objectif d’apporter un soutien significatif à l’amélioration de la sécurité sanitaire des aliments et à la mise en œuvre de l'accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) dans le secteur agricole et à l'expansion du commerce agricole intra-africain par un soutien accru aux PME agroalimentaires, qui incluent les associations de produits de base et les organisations d'agriculteurs.

Le projet SF4S vise à renforcer la capacité des PME à comprendre et à respecter les contrôles réglementaires des denrées alimentaires, à renforcer les systèmes de contrôle des aliments le long des chaînes de valeur des produits alimentaires prioritaires et à renforcer la capacité à développer et à mettre en œuvre des normes des aliments et à mettre en œuvre le contrôle officiel.

Le SG du ministère de l'Industrie et du Commerce, Seydina Aboubacar Sadikh Ndiaye, a rappelé que dans le cadre du Règlement sanitaire international (RSI, 2005), la sécurité sanitaire des aliments (SSA) figure parmi les 19 domaines techniques, relevant de la composante ‘’Prévention’’. À ce titre, elle constitue un pilier fondamental de l’architecture de préparation et de réponse aux urgences sanitaires.

‘’Les évaluations récentes de notre pays, à savoir la JEE 2023 et l’eSPAR 2025, ont permis de constater des avancées notables, mais ont également souligné la nécessité d’intensifier les efforts dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments. Ces constats justifient pleinement la tenue de cet atelier’’, a-t-il noté.

CHEIKH THIAM

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