Publié le 14 Jun 2023 - 22:22
MAMADOU LAMINE DIALLO, CANDIDAT DECLARE A LA PRESIDENTIELLE 2024

‘’Les jeunes sont révoltés contre un système qui les refoule. Et ils ont raison’’

 

Le leader du mouvement Tekki a dévoilé quelques lignes de son programme ‘’’Agenda de redressement du Sénégal’’, lors de sa déclaration officielle de candidature, hier. Mamadou Lamine Diallo revient, dans cet entretien, sur les raisons de sa candidature, les deals au Dialogue national et questionne Khalifa Sall.  

 

Vous venez de déclarer officiellement votre candidature à la Présidentielle du 25 février 2024. Pourquoi pensez-vous être la bonne personne pour diriger le Sénégal ?

Nous sommes dans un pays où l’élite médiocre veut nous écraser et ne veut pas du développement de la capacité technique, technologique, scientifique et institutionnelle de notre peuple. Et c’est ça le développement. Sur le plan académique, de ce qu’on a appris, ce qu’on a pratiqué, c’est indiscutable que je suis le bon profil ! Mes adversaires disent que je suis un économiste, valeureux ou pas. J’en suis un, effectivement, du Centre d’économie industrielle de l’Ecole des mines de Paris. Mais ce qu’on ne précise pas, c’est que je suis ingénieur de l’Ecole  polytechnique de Paris. Bien que reconnu comme un grand historien, Cheikh Anta Diop est d’abord un grand scientifique, diplômé de l’Ecole de chimie de Paris, la plus grande de France.

J’ai un parcours professionnel. J’ai abandonné le dollar ou le franc CFA, sachant qu’il allait être dévalué. Je suis rentré au Sénégal pour appuyer les discussions et la gestion de l’après-dévaluation. Je suis également un ingénieur des mines, diplômé de l'École des mines de Paris. J’ai travaillé dans une mine souterraine de charbon.

Je connais bien l’Administration, après avoir travaillé comme conseiller technique dans les infrastructures, dans les mines, l’énergie. Tout ceci aux côtés des anciens Premiers ministres Habib Thiam, Mamadou Lamine Loum, Moustapha Niasse et Mame Madior Boye.

Donc, je connais l’Etat du Sénégal.

J’ai travaillé comme directeur de cabinet d’Alpha Oumar Konaré (ancien président malien, ex-président de la Commission de l’Union africaine) à  Addis-Abeba (Ethiopie) sur l’agenda des Etats-Unis d’Afrique, du gouvernement continental d’Afrique. Si Mouammar Kadhafi n’avait pas été aussi rigide sur les propositions de ministres coordonnateurs des Affaires étrangères et ministres coordonnateurs de la sécurité de l’Afrique, peut-être qu’on aurait eu un gouvernement continental.

Au plan politique, nous avons créé le mouvement Tekki de rien du tout. Nous nous sommes battus pour nous imposer dans la sphère politique sénégalaise. Aujourd’hui, nous avons des conseillers municipaux, départementaux, des députés, etc.

Justement, comment comptez-vous y arriver ? Quel est votre programme pour diriger le Sénégal ?

 Il nous faut un ‘’Agenda de redressement du Sénégal’’. Il nous faut ouvrir le système économique, social et environnemental pour absorber les jeunes, soutenir les femmes  et les retraités. Ce programme, nous y travaillons depuis deux ans, sur une méthode et une démarche. Il s’articule autour de trois piliers.

En premier lieu, restaurer les valeurs, le courage patriotique et la confiance dans le peuple. Il nous faut avoir une vision basée sur l’esprit scientifique, le respect des institutions, des lois.

Sept millions d’enfants doivent être éduqués au Sénégal. On n'en éduque que trois dans le système républicain, un dans les Daaras. Les trois autres sont laissés à ‘’eux-mêmes’’.

C’est pourquoi le deuxième point de notre programme souhaite reprendre le système en main, absorber ce qui doit l’être, ouvrir le système pour créer plus d’emplois à travers notre concept ‘’Tekki Am Niarigne’’.

Notre troisième pilier  consiste à soutenir l’entreprise et l’industrie pour stimuler la croissance et l’emploi.

Vous parlez  beaucoup d’emploi, des jeunes, etc. Pourquoi est-ce important ?

Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins. Les jeunes sont révoltés contre un système qui les refoule. Et ils ont raison. Ce système ne leur donne pas d’emplois. Il refoule les femmes et ne leur donne pas de financements. Tout le monde est  fatigué dans ce pays. Ce qui est plus grave, c’est que les jeunes commencent à contester les institutions, ouvertement et fondamentalement. A partir de ce moment, c’est la société de confiance sénégalaise qui est menacée. Elle risque de se dissoudre. Celui qui est à pointer du doigt, c’est Macky Sall, qui est un dictateur, un Daou Demba (damel du Cayor, ancienne région ouest du Sénégal, de 1640 et 1647). En son temps, deux personnes ou trois n’avaient pas le droit de se réunir. C’était le seul qui avait le droit de manger du sel, etc. Sept ans durant, il a régné comme ça dans le Cayor. Alors que partout au Sénégal, Thierno Souleymane Baal (Fouta), Dianké Wali (Gabou) travaillaient de manière organisée.

Aujourd’hui, Macky Sall veut nous ramener au temps de Daou Demba en piétinant notre démocratie, les assises nationales, en décidant de réduire l’opposition à sa plus simple expression. Il s’est mis à dos la jeunesse de ce pays et c’est pourquoi il doit partir pour qu’on puisse redresser le Sénégal.

Vous êtes dans une coalition politique, Wallu Sénégal. Celle-ci n’a pas encore désigné un candidat officiel. Comptez-vous sortir de Wallu, avec cette déclaration de candidature ?

Wallu Sénégal est une coalition électorale. D’abord, pour les élections locales (janvier 2022). Après ce test, on a décidé de maintenir la coalition pour les élections législatives, quand bien même certaines formations politiques l’ont quittée (Bokk Gis Gis par exemple). Maintenant, c’est terminé. Notre groupe parlementaire ne s’appelle même pas Wallu, mais groupe Liberté, démocratie et changement. Dans l’accord de coalition qu’on a eu, il était clairement marqué qu’il s’agit d’une coalition électorale.

Qu’est-ce qui explique que vous ne participez pas au Dialogue national lancé par le président de la République Macky Sall, alors que vos amis de la coalition Wallu Sénégal y sont ?

D’abord, ce n’est pas Wallu qui participe au Dialogue national, mais le PDS. Moi, je suis candidat du mouvement Tekki et du CRD (Congrès de la renaissance démocratique). Nous sommes en train de construire une coalition autour de ma candidature. Nous ne sommes pas dans des combines la nuit, ni dans le Dialogue national. Dans ce Dialogue national que j’appelle ‘’Rokki mi rokki’’ (donne-moi et je te donnerai), tout le monde sait que les décisions sont déjà arrêtées. Les hypothèses sont sur la table, on en discute. Certains disent que l’on voudrait augmenter le mandat du président de la République de deux ans, faire une sorte de gymnastique pour que Macky Sall soit président jusqu’en 2031. A partir de ce moment, il aura atteint la limite d’âge pour être candidat et quelqu’un d’autre pourra venir. Mais qu’est-ce que c’est que ces histoires de cow-boy ?

Le Sénégal ne leur appartient pas. La jeunesse est en révolte contre les institutions. S’ils veulent précipiter le Sénégal dans le chaos, allons-y. Tous ces gens du système qui entourent Macky Sall et profitent du foncier, de l’argent etc., doivent comprendre que tout cela peut s’arrêter en un claquement de doigts. L’Afrique est l’enjeu du monde. Les autres continents ne s’amusent pas. Nous ne pouvons pas continuer à nous laisser distraire.  

Nous ne sommes pas dans les combines. Nous exposons au peuple sénégalais, aux jeunes et aux femmes notre volonté, notre vision et notre programme.

Ne pensez-vous pas qu’il y a un danger à faire cette politique de la chaise vide, car ce qui se décidera au dialogue s’appliquera à tous ?

Il n’y a pas de chaise vide, car tout est déjà décidé. Nous n’avons rien à faire là-bas. Un point, c’est tout !

C’est pour cela que vous exprimez des doutes sur Khalifa Sall ?

Je ne soupçonne personne, ni n’exprime de doute. Je constate que la liste des titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi a été assommée lors des élections législatives. On n'en a pas parlé à ce moment-là, car nous étions dans un combat pour gagner. Avec toute l’expérience qu’il a, ancien maire de Dakar, peut-on comprendre qu’il fasse des erreurs pour confectionner une liste paritaire ?

Maintenant, il va dialoguer avec le président Macky Sall. J’ai le droit de lui poser des questions. Je lui demande de nous expliquer pourquoi il a fait plonger cette liste ? Comment cela a pu se passer ? Le moment est arrivé, et je l’interpelle publiquement, pour qu’il nous dise ce qui s’est passé.  

Lamine Diouf

 

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