Les militaires invalides s’insurgent contre des pensions ‘’invalides’’
Ils ont encore remis ça et de fort belle manière. Surpris de constater des coupures sur leurs dus, ils se sont tout bonnement rendus devant les grilles du palais pour cracher leur désarroi.
Comment ont-ils pu tromper la vigilance des forces de l’ordre et se coucher à même le goudron jouxtant le palais présidentiel ? La question taraude l'esprit, d’autant qu'une fourgonnette remplie de forces de l’ordre stationne constamment sur les lieux. Pour les militaires invalides, il ne fallait surtout pas chercher loin : ‘’Nous sommes des anciens de l’armée et maîtrisons parfaitement les stratégies de regroupement. Nous sommes passés sous leurs yeux, sans qu’ils ne s’en rendent compte’’, confient ces mutilés de guerre. En tout cas, ils ont réussi leur coup et ont bloqué, pendant une bonne demi-heure le trafic sur l’avenue Léopold Sedar Senghor (Ex-avenue Roume). Si rien n’est fait dans les 15 jours qui suivent, ils promettent de remettre ça et cette fois : ‘’Nous rentrerons dans le palais sans que les forces de l’ordre ne soient au courant’’, préviennent-ils. Ni l’intervention du ministre-conseiller Moubarack Lô, ni celle d’autres autorités de la République n’ont pu venir à bout de leur détermination hier.
'' Des ponctions de 10 à 22 mille francs Cfa sur nos salaires’’
Les militaires invalides ont manifesté avec énergie leur désarroi, face au constat inquiétant fait lundi à la perception. ''Nous nous sommes rendus compte à la perception que nos salaires ont subi une ponction importante allant de 10 à 22 mille francs Cfa pour certains’’. Une situation ‘’inacceptable’’, selon Adja Awa Diop, présidente nationale des veuves et épouses d’anciens militaires invalides. ‘’Le président de la République avait promis que nos pensions allaient être augmentées de 10%, à notre grande surprise, nous avons été victimes de coupures de nos soldes, ce mois-ci’’, poursuit-elle furieuse.
Ce coup de gueule fait suite à une autre protestation, la semaine dernière. Les militaires invalides et blessés de guerre s'impatientent de voir se réaliser la promesse de Macky Sall de donner à chacun d’eux une maison et 10 millions de francs. Une promesse tenue le 10 novembre dernier, lors de la célébration de la journée nationale des forces armées par le chef de l’État.
Ils ont également été très critiques à l’égard des officiers supérieurs qui, à leurs yeux, ne montrent aucune motivation à matérialiser les engagements du président de la République. Ils accusent l’intendance des forces armées de n’avoir pas su constituer ‘’sérieusement’’ les dossiers des invalides et blessés de guerre concernés. Suffisant pour que les protestataires de l’avenue Léopold Senghor soulignent qu’‘’une tâche si importante ne saurait être laissée entre les mains des officiers de l’armée sénégalaise’’. Forte de 1 168 membres et de 700 veuves, l’Association nationale des militaires et invalides de guerre du Sénégal entend se battre jusqu’à la dernière goutte de sueur pour obtenir gain de cause.
Amadou NDIAYE
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