Publié le 17 Mar 2025 - 11:27
MARAÎCHAGE DANS LA ZONE DES NIAYES

Les producteurs en appellent à un changement de cap, face à la crise agricole

 

La zone des Niayes, traditionnellement un bastion du maraîchage au Sénégal, fait face, cette année, à une crise sans précédent qui touche de plein fouet les producteurs de légumes, notamment à Keur Mbir Ndao, un village de la commune de Notto Gouye Diama, dans le département de Tivaouane. Une récolte exceptionnelle s'est transformée en un fardeau insoutenable pour les agriculteurs de la région, qui dénoncent une chute drastique des prix des denrées agricoles, les poussant à vendre à perte pour éviter que leurs récoltes ne pourrissent sur pied.

 

En tournée dans la zone des Niayes, le président du mouvement Aar Sunnu Mômel, Bassirou Ba, et ses camarades ont exprimé leur frustration et leur mécontentement face à la situation alarmante du secteur agricole au Sénégal. À travers leurs interventions, ils ont pointé du doigt une négligence systématique des autorités à l’égard du monde rural, notamment des secteurs agricoles et commerciaux, qu’ils considèrent comme fragilisants pour le gouvernement et menaçant la stabilité économique du pays.

Le constat dressé par les producteurs est sans appel : ‘’Le secteur agricole est en souffrance et, avec lui, une grande partie de la jeunesse sénégalaise qui se tourne vers l’émigration clandestine, faute d’opportunités professionnelles dans leur propre pays’’, a déclaré Bassirou Ba. Il a dénoncé ce qu’il appelle une ‘’négligence manifeste’’ des autorités vis-à-vis d’un secteur agricole ‘’capable de transformer la vie de milliers de jeunes et de familles sénégalaises’’.

Selon les producteurs, le travail de la terre est lourd et coûteux, mais les récoltes abondent. Cependant, ces dernières finissent souvent par pourrir sur place, faute d’acheteurs. Dans la zone des Niayes, la situation est d’autant plus dramatique que les produits agricoles, tels que l’oignon, la pomme de terre et autres légumes, sont souvent bradés ou inutilisables en raison de la concurrence déloyale des importations.

 

Les défis du terrain : concurrence déloyale et manque d'infrastructures

Les producteurs de Keur Mbir Ndao, historiquement engagés dans la culture de légumes comme la carotte, l’aubergine, le piment et l’oignon, subissent cette année une chute spectaculaire des prix. Selon les témoignages des agriculteurs locaux, les prix des produits maraîchers ont dégringolé de manière inquiétante. Par exemple, la carotte, qui se vendait à 30 000 F CFA, est aujourd’hui proposée entre 7 000 et 7 500 F CFA. L’aubergine, traditionnellement vendue à 20 000 F CFA, est désormais échangée entre 4 000 et 5 000 F CFA. Le piment, un produit de base, se retrouve à des prix dérisoires, passant de 500 à 75 F CFA, tandis que l’oignon et la pomme de terre sont bradés à des prix qui défient toute logique économique.

Cette chute des prix a des conséquences dramatiques pour les producteurs locaux qui, non seulement peinent à couvrir leurs frais de production, mais se retrouvent aussi dans l’incapacité de rembourser les dettes contractées pour financer leurs récoltes. Une situation d'autant plus critique dans une zone comme les Niayes où le maraîchage est une activité essentielle à la survie des populations locales.

Face à ce désastre économique, les producteurs de Keur Mbir Ndao lancent un cri de détresse. Après avoir sollicité, à plusieurs reprises, l’aide des autorités compétentes, en vain, Modou Fall Ndiaye, producteur à Notto Gouye Diama, a également exprimé son désarroi face à la concurrence étrangère, citant spécifiquement les importations massives d’oignons et de pommes de terre ainsi que la domination de grandes entreprises internationales, notamment les producteurs indiens, qui détiennent un monopole sur le marché. Pour lui, cela constitue un frein majeur à la compétitivité du secteur agricole local.

Il a également dénoncé l’absence de structures de stockage et de transformation adéquates, comme des chambres froides, pour éviter la perte massive des récoltes. Selon lui, ‘’de Sangalkam à Potou, partout dans la zone des Niayes, la production est bonne, mais elle risque de pourrir, faute d’infrastructures adaptées’’.

Les producteurs appellent à des réformes urgentes, notamment une régulation stricte des importations agricoles ainsi qu’une meilleure organisation des circuits de commercialisation pour garantir une vente équitable des produits locaux. Ils insistent sur l’importance de la mise en place d’un dispositif de stockage efficace pour préserver les récoltes et limiter les pertes économiques.

Ils rappellent que le secteur agricole représente une source essentielle de subsistance pour des milliers de familles sénégalaises, et qu’il est temps que l’État prenne des mesures pour rectifier la situation. Sans une intervention rapide et adéquate, ces producteurs risquent de voir leur activité sombrer dans une crise irréversible.

Ndeye Diallo (Thiès)

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