Le président du Sénat mauritanien, Ba Mamadou dit Mbaré, n’est plus. La nouvelle a été annoncée vendredi par l’institution elle-même, à travers un communiqué. Né en 1946 à Maghama, dans la région du Gorgol, feu Ba Mbaré séjournait depuis quelques mois dans la capitale française pour des raisons de maladie. Il était interné dans un hôpital parisien.

Cet homme politique, qui a occupé plusieurs fonctions depuis le régime de l’ex-président Ould Taya, est connu pour son calme et sa loyauté. Il est le premier président négro-mauritanien depuis les indépendances, pour avoir conduit la transition, après le coup d’État perpétré par l’actuel président, Aziz, et après la démission de celui-ci, conformément à la constitution, pour briguer la magistrature suprême du pays en juillet 2009. Même si ses responsabilités étaient limitées, il a ainsi géré cette transition du 16 avril au 5 août 2009, veille de la prestation de serment du président élu le 18 juillet 2009, Mohamed Ould Abdel Aziz. Une courte période à la présidence de la République Islamique de Mauritanie mais qui a vu un Négro-mauritanien conduire, par intérim, les destinées du pays depuis l’indépendance en novembre 1960.

Le défunt président du Sénat a connu ses débuts politiques au milieu des années 60, à l’occasion de manifestations d’étudiants pour protester contre l’obligation, pour tout Mauritanien, d’apprendre l'Arabe instituée langue officielle. Cette participation active de Ba Mbaré n’a pas été sans conséquences. Il sera renvoyé de l’école, avant de revenir poursuivre ses études jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Après ses études en Ukraine (ex-Union Soviétique) et son admission au doctorat en sciences vétérinaires, il a suivi des formations en sciences des pêches en ex-URSS, puis à l’Institut des technologies de pêche à Nantes (France).

De retour dans son pays, il a occupé plusieurs directions des pêches avant d’être nommé, sous Ould Taya, ministre des Pêches et de l’Économie maritime. Ba Mbaré a été élu maire de la commune rurale de Wali avant de devenir, par la suite, sénateur représentant la ville de Maghama en 2007, après les élections organisées par les militaires de la bande à Ély Ould Mohamed Vall. Lesquels ont déposé Taya à la faveur d’un coup d’État le 3 août 2005. C’est après l’élection de l’ancien président démocratiquement élu, Sidi Ould Cheikh Abdallah, que Ba Mbaré a été désigné pour diriger le Sénat mauritanien jusqu’à sa mort, hier à Paris. Un deuil de trois jours a été décrété par le gouvernement mauritanien.

Ibou BADIANE

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