"Cette rencontre se veut inclusive"
MC Mo, Mamadou Ngom de son vrai nom, s'est lancé dans le rap entre 2003 et 2004, à travers le groupe Tigui Vibes. En 2009, il entame sa carrière solo, avec à ce jour deux produits ; un dans le cadre du collectif Carré d'as et un autre, individuel, intitulé ‘’Ndegerlay’’. Directeur du Festi village, une rencontre culturelle, il présente cette rencontre qui se tient du 8 au 12 novembre.
Qu’est-ce que le Festi village ?
Le Festi village est un festival des arts et cultures urbains. Nous en sommes à la quatrième édition. Ce sont des moments d'échanges avec les acteurs par l'organisation de panels. Il y aura aussi des ateliers de formations offertes en montage vidéo, djing, musique assistée par ordinateur (MAO) et en marketing digital. Au niveau sociétal également, nous allons aborder une thématique inhérente au sport et à la violence. Cela nous permettra d'échanger avec les jeunes et de déceler les voies et moyens nous permettant d'endiguer le phénomène de la violence dans le milieu sportif.
Au-delà des cultures urbaines, le but est de réunir toutes les couches de la localité de Ouakam et des autres villes ou communes autour de cette programmation intéressante évoquée tantôt.
Pourquoi cette appellation Festi village ?
Parce que déjà, malgré ses airs urbains, Ouakam est un village. En outre, le concept de village laisse penser à la vie en communauté, à la solidarité, à cet esprit de partage. Et à chaque édition, nous essayons de sortir un thème susceptible de répondre aux préoccupations des populations. Car nous savons tous que les villages, à l'image des "penc" lébous, accordent une place primordiale aux palabres, concertations. En gros, ces raisons font que l'esprit de village habite ce festival.
Quelle est la particularité de ce festival, de façon concrète ?
La particularité de ce festival, même si nous ne l’avons pas encore totalement atteint, reste son caractère inclusif. D'habitude, nous assistons plus à des évènements qui ne concernent que les acteurs du milieu hip-hop. Nous ne voulons pas de cela. Par exemple, avec l'ouverture qui se fera le 8 novembre, nous avons prévu des séances de "Ndawrabine", sans oublier que nous misons sur l'appropriation locale. C'est-à-dire tout simplement que les Ouakamois s'approprient la manifestation, qu'elle leur parle.
Quelles innovations pourrions-nous attendre de cette quatrième édition ?
Pour cette édition qui arrive, nous mettrons l'accent surtout sur le marketing digital. Les acteurs doivent être en mesure de tirer le maximum des opportunités offertes par le numérique. Par exemple, les plateformes de streaming peuvent être beaucoup plus approfondies. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de dédier trois jours à cet aspect lié au marketing digital. Il y aura des ateliers et des panels à cet effet.
Concernant le free mix, une prestation de djing qui avait déjà eu lieu lors de la dernière édition, une innovation sera prise en compte. En effet, à travers cette activité, nous voudrions rendre un hommage à DJ Pol qui nous a quittés il y a quelques mois. Ainsi, des prestations seront tenues par d'anciens collaborateurs de notre regretté ami et frère, le 10 novembre. Mako Deff aussi sera de la partie.
Avez-vous bénéficié d'un appui de la mairie, dans le cadre de ce festival ?
Sur le plan culturel, dans la commune de Ouakam, les équipes municipales se succèdent et se ressemblent. Pour tout vous dire, la culture ne les intéresse pas. Dans le cadre de ce festival par exemple, nous avons essayé, à plusieurs reprises, de nous approcher du maire, mais en vain. Par rapport au maire actuel, notre déception est encore beaucoup plus grande, nous nous attendions vraiment à qu'il fasse bouger les choses, d'autant plus que Ouakam est une vraie ville de culture. On s’attendait à le voir appuyer ce secteur. Ce qui ne pourrait qu'être bénéfique et pour la municipalité et pour toutes les populations ouakamoises. Quant à la tutelle, nous l'avons contactée, mais nous attendons toujours d'être reçus afin d'exposer nos doléances.
Vous avez d’autres soutiens ?
Oui, pour les sponsors, nous en avons sollicité certains, sans aucun retour satisfaisant. D'aucuns font preuve de sérieux, certes, mais ça se limite là. Même au niveau local, nous avons soumis des demandes pour bénéficier de sponsoring auprès d’une entreprise installée à Ouakam. Là encore, on nous envoie presque balader. Pour tout vous dire, si nous tenons ce festival, c’est uniquement grâce aux fonds des cultures urbaines et aux initiatives individuelles des uns et des autres. Bref, des moyens du bord.
Comment appréciez-vous l’évolution du hip-hop Galsen ?
De mon point de vue, le hip-hop Galsen se porte plutôt bien. Les initiatives se multiplient de part et d'autre à travers des albums, des scènes et autres événements. Sur le plan de la musicalité, on essaye également de faire bouger les choses en intégrant notamment les sonorités locales. Mais, parce qu’il y a un mais, le seul reproche qu’on pourrait faire à cette nouvelle génération, surtout, c’est l’impertinence du message, car rap sans message n’est plus vraiment du rap. L’autre problème est ceux qui ont délaissé le micro au profit d’une supposée cause politique. Or, le hip-hop est par essence politique par rapport aux combats qu’il mène, aux causes qu’il défend, mais par sa principale arme, la musique.
Comment se porte votre carrière musicale, ‘’Ndegerlay’’ reste votre dernier produit sur le marché ?
Concernant ma carrière musicale, j'ai à mon actif un album solo intitulé ‘’Ndegerlay’’, sorti en 2019. Auparavant, j'avais participé à l'album ‘’Wutiko’’ dans le cadre du collectif Carré d'as. Il y a un deuxième produit qui s'annonce, il est déjà prêt d'ailleurs. Mais nous voudrions apporter une touche innovante à ce futur produit. C'est la raison pour laquelle nous comptons le sortir sous une forme live. Le public est friand d'innovations, donc il faut se montrer créatif pour ne pas trop le décevoir.