Omar, La grande faucheuse a encore fait son œuvre.
Comme beaucoup d’entre ceux qui te connaissaient, je suis consterné par la brutalité de ta disparition. Tu nous as quittés sur la pointe des pieds. C’est un immense malheur pour ta famille et une perte sans commune mesure pour la communauté universitaire en général et pour tes étudiants en particulier.
Les hommes épris de culture, comme tu l’étais, ne sont pas en reste aussi. Le choc est tellement inattendu, toi qui étais plein de projets pour la ville de Dakar, que je ne pouvais pas y croire. Aussi, ai-je réveillé en plein sommeil (à cause du décalage horaire) un collègue pour en avoir le cœur net. C’est là que j’ai appris le malheur qui frappe ta famille : une double perte à quelques heures d’intervalle : celle de ta maman et la tienne.
J’ai connu un Omar d’avant l’enseignement. C’est celui que je souhaite évoquer avant tout. Nous nous sommes connus dans les salles de cours du département de lettres modernes. J’étais ton aîné de quelques années. Tu avais à l’époque, sans hésitation aucune jeté ton dévolu sur moi. Tu avais fait de moi ton ami et grand-frère.
Tu étais un étudiant singulier qui venait parfois en classe sans cahier ni livre, mais un brillant étudiant. Tu venais souvent à moi, pour me dire : « grand, donne-moi une feuille ou prête-moi un stylo ». Tu n’hésitais pas à venir me rendre visite à la Sicap Liberté VI. Nous avions cheminé ensemble de 1982 à 1987, année à laquelle nos routes se sont séparées, toi pour le Maroc et moi pour l’Hexagone pour la même option : la littérature comparée.
Nous ne nous sommes retrouvés qu’en 2011 lorsque tu as demandé au chef du département de lettres modernes qui venait de me confier une charge d’enseignement dont tu étais le titulaire. Tu avais tenu à me rencontrer pour t’assurer que tes étudiants allaient être en de bonnes mains. Leur devenir a toujours été ta première préoccupation. Ce qui témoigne de tes qualités professionnelles et de l’intérêt que tu portes à la formation de l’homme.
Les mots que tu avais employés pour me présenter aux étudiants me reviennent à l’esprit. « Je suis rassuré », avais-tu dit à ceux qui t’écoutaient attentivement (et le mot est faible). Aussi, avais-je tout mis en œuvre pour mériter cette confiance. Je me souviens encore de notre tête-à tête au restaurant de la maison de l’université.
Tu étais curieux de savoir pourquoi j’étais encore hors des frontières de notre cher pays. De moi, tu voulais tout savoir. Omar, tu étais de ceux qui n’encensent pas, de ceux qui s’en tiennent à la vérité, de ceux qui font comme s’ils ne savaient rien, alors qu’ils en savent beaucoup.
Omar, ta famille te pleure et te pleurera encore longtemps. Tes étudiants aussi. Moi aussi, je te pleure et te pleurerai toujours. Tu étais simple, humble et tes qualités professionnelles et humaines sont unanimement reconnues et appréciées à l’université Cheikh Anta Diop sans oublier la mairie de Dakar où tu as certainement laissé de beaux souvenirs et un vide. Tes étudiants, tes collègues de l’UCAD, le maire de la capitale et son équipe te regretteront et je suis de tout cœur avec eux.
Je pense à toi, à ta famille et à tous ceux qui t’ont connu personnellement et professionnellement.
Prends ton temps, Omar, là où tu es désormais. Poursuis ta route dans un ciel aussi bleu que tu aimais admirer dans la ville que tu chérissais tant : Dakar. Repose en paix.
Je présente mes condoléances à ta famille et à tes innombrables amis et collègues.
Ton frère, ami et collègue.
Chérif Seck, Ph.D.
Kansas City, Missouri, USA