Publié le 9 Jul 2024 - 15:27
MONNAIE COMMUNE OUEST-AFRICAINE ÉCO EN 2027

Les défis et les enjeux de cette alternative au F CFA

 

L'Afrique de l'Ouest est en effervescence. Le lancement de la nouvelle monnaie régionale, l'éco, marque un tournant significatif dans l'histoire économique du continent. Ce projet ambitieux, longtemps en gestation, vise à renforcer l'intégration économique et à offrir une alternative viable aux monnaies actuelles. Dans cet article, ‘’EnQuête’’ cherche à comprendre les motivations, les défis et les perspectives de cette nouvelle monnaie, tout en intégrant les analyses de l'économiste Maguette Gaye, une voix respectée sur les questions économiques africaines.

 

En amont du Sommet de la CEDEAO organisé à Abuja le 7 juillet, le ministre nigérian des Finances a relancé le projet, lors d’une réunion avec ses homologues de la sous-région. ‘’Wale Edun a souligné l’importance de l’éco dans la promotion de la croissance économique et du développement dans la région et a réitéré l’engagement du Nigeria à la mise en œuvre réussie de la monnaie unique’’, a détaillé Mohammed Manga, le porte-parole du ministère nigérian des Finances, le 6 juillet.   

La réunion a rassemblé les principales parties prenantes de la Banque centrale du Nigeria (CBN), le ministre des Finances du Cap-Vert, Olavo Correia, le ministre des Finances et des Affaires économiques de la Côte d'Ivoire, Adama Coulibaly, et le ministre ghanéen des Finances Mohammed Amin Adam ainsi que d'autres représentants éminents.

Les chefs d’État de la CEDEAO ont également demandé à la Commission de la CEDEAO de ‘’soumettre un projet d’acte additionnel définissant les modalités de participation des États membres à l’Union monétaire’’.

Enfin, ils ont ordonné à la commission présidée par Omar Alieu Touray de ‘’procéder à une évaluation des coûts et d’identifier les sources et les modalités de financement pour la mise en place des institutions nécessaires à la création de l’éco’’. Un vrai pas en avant donc.

Un nouveau point d’étape est d’ailleurs prévu début 2025, lors de la prochaine réunion ordinaire des chefs d’État de la sous-région, début 2025.

Mais compte tenu des défis qui persistent, plus grand monde ne croit à l'éco en 2027.

L'idée de l'éco remonte aux années 1990, avec la création de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'objectif principal de l'éco est de faciliter les échanges commerciaux entre les 15 pays membres de la communauté, de réduire la dépendance vis-à-vis des devises étrangères et d'améliorer la stabilité économique de la région. Actuellement, huit des quinze pays de la CEDEAO utilisent le franc CFA, une monnaie dont la gestion est encore influencée par la France. Les sept autres pays utilisent leur propre monnaie nationale, ce qui complique les transactions transfrontalières et crée des barrières économiques.

La mise en place de l'éco vise à surmonter ces défis, en fournissant une monnaie commune qui pourrait stimuler le commerce intrarégional, attirer des investissements étrangers et promouvoir une plus grande cohésion économique.

 Cependant, le chemin vers l'adoption de l'éco n'a pas été sans obstacle. Des divergences sur les critères de convergence économique, les inquiétudes sur la stabilité macroéconomique et la résistance politique ont retardé sa mise en œuvre.

Les défis de la mise en œuvre

Le lancement de l'éco présente plusieurs défis importants. L'un des principaux est l'atteinte des critères de convergence fixés par la CEDEAO. Ces critères comprennent un déficit budgétaire ne dépassant pas 3 % du PIB, une inflation à un chiffre et des réserves de change couvrant au moins trois mois d'importations. Peu de pays membres ont réussi à respecter ces critères de manière cohérente, ce qui soulève des questions sur la viabilité de la monnaie commune.

De plus, la transition vers l'éco nécessite une coordination politique et économique sans précédent. Les pays de la région doivent harmoniser leurs politiques fiscales, monétaires et commerciales. Cela implique non seulement des réformes structurelles importantes, mais aussi une volonté politique de céder une part de souveraineté nationale au profit de l'intégration régionale.

L'analyse de Maguette Gaye

L'économiste Maguette Gaye, reconnue pour ses analyses perspicaces sur les économies africaines, offre une perspective équilibrée sur l'éco.

Selon elle, la monnaie unique a le potentiel de transformer l'économie ouest-africaine, mais son succès dépendra de plusieurs facteurs clés.

Premièrement, M. Gaye souligne l'importance de la crédibilité des institutions régionales. "Pour que l'éco fonctionne, il est essentiel que les institutions de la CEDEAO soient perçues comme solides et impartiales. Cela nécessite des mécanismes de surveillance rigoureux et une transparence totale dans la gestion de la politique monétaire", affirme-t-il.

Deuxièmement, M. Gaye met en garde contre les risques de divergence économique. "Les économies des pays de la CEDEAO sont à des stades de développement très différents. Si l'éco doit réussir, il faudra mettre en place des mécanismes de compensation pour les pays les plus vulnérables, afin de prévenir des déséquilibres économiques qui pourraient mettre en péril l'ensemble de la zone monétaire".

Enfin, l’économiste insiste sur la nécessité d'un soutien populaire. "Pour que l'éco soit accepté, les populations doivent en comprendre les avantages. Une campagne de sensibilisation et d'éducation est indispensable pour éviter les résistances et assurer une adoption en douceur".

Perspectives et avenir de l'éco

Malgré les défis, le projet de l'éco avance en dents de scie. Les réunions ministérielles se multiplient pour résoudre les questions techniques et politiques, et plusieurs pays ont réaffirmé leur engagement envers la monnaie unique.

Si les obstacles peuvent être surmontés, l'éco pourrait apporter des avantages significatifs à la région.

L'un des principaux avantages attendus est l'augmentation des échanges commerciaux intrarégionaux. Actuellement, les transactions entre les pays de la CEDEAO sont souvent entravées par des taux de change fluctuants et des frais de transaction élevés. L'éco pourrait réduire ces barrières et stimuler le commerce, conduisant à une croissance économique accrue.

De plus, une monnaie commune pourrait renforcer la position de la CEDEAO sur la scène internationale. Avec l'éco, la région pourrait attirer plus facilement des investissements étrangers, en offrant un environnement économique plus stable et prévisible. Cela pourrait également renforcer le pouvoir de négociation de la CEDEAO dans les accords commerciaux internationaux.

Le lancement de l'éco représente une étape audacieuse et ambitieuse pour l'Afrique de l'Ouest. Bien que les défis soient nombreux, les potentiels bénéfices économiques et politiques de cette monnaie commune sont considérables. L'analyse de Maguette Gaye nous rappelle que la réussite de l'éco dépendra de la crédibilité des institutions, de la gestion des divergences économiques et du soutien populaire.

L'éco pourrait transformer l'économie ouest-africaine, en rendant les échanges commerciaux plus fluides, en attirant des investissements et en renforçant la position de la région sur la scène mondiale.

Pour réaliser cette vision, les pays de la CEDEAO doivent travailler ensemble de manière coordonnée et déterminée. Le chemin est long et complexe, mais l'objectif est clair : une Afrique de l'Ouest plus intégrée, prospère et souveraine.

En fin de compte, le succès de l'éco sera un test de la capacité de la région à surmonter les différences nationales au profit d'un bien commun. Si cela peut être réalisé, l'éco pourrait devenir un modèle pour d'autres régions du continent africain, inspirant une nouvelle ère de coopération et de développement économique.

Amadou Camara Gueye

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