Pour promouvoir les arts visuels
Il y a, au Sénégal, des jeunes conscients qui savent mettre en œuvre des projets cohérents qui répondent à des besoins. C’est le cas de Léopold Tine. Il pilote Naatal Visual Arts (NVA), une plateforme sans but lucratif, qui s’active dans toutes les disciplines de cultures urbaines, principalement en photo-vidéo, danse, graffiti et en fashion design. Elle sert notamment à accompagner et à vulgariser le travail des artistes. NVA collabore avec structures internationales telles que l’association France Volontaire et l’association Normale basée à Bruxelles, pour des sessions d’échanges.
Naatal Visual Arts (NVA) est une structure créée par un collectif d’artistes qui se sont rencontrés durant la 5e édition du festival Guédiawaye by Rap. Il s’agit d’un artiste graffeur suisse, d’un guitariste, d’un roller, d’une danseuse et d’une fashion designer. Cette structure se veut être une plateforme pour la vulgarisation et la diffusion des spectacles vivants et des productions en arts visuels de jeunes artistes issus de la banlieue. ‘’A travers Naatal Visual Arts, nous cherchons à̀ mutualiser les différentes formes d’expression des jeunes dans le domaine des cultures urbaines’’, explique l’initiateur Léopold Tine.
Sa structure cherche également à encadrer et à accompagner les jeunes dans leurs pratiques artistiques, en les aidant à se professionnaliser. ‘’J’ai constaté que beaucoup de jeunes aimeraient évoluer dans certains secteurs comme celui de l’audiovisuel. Mais ils n’ont pas assez de moyens pour faire des formations dans les écoles. Et comme notre organisation est à but non lucratif, je me suis dit que je vais créer une plateforme qui va permettre à ceux qui sont dans le centre et même ceux qui n’y sont pas, de pouvoir en bénéficier’’, dit-il.
En effet, à la base, Léopold est un musicien autodidacte qui a suivi des études en musique et sur le solfège guitare. Ayant développé un esprit d’entreprenariat, la rareté des scènes l’a obligé à se lancer dans la création d’entreprise. ’’Nous sommes dans un centre appelé Guédiawaye hip-hop. Là-bas, on nous a appris que chacun de nous doit être porteur de projet. C’est ainsi que j’ai bénéficié de plusieurs formations en gestion de projet. Puis, en 2017, dans le cadre du Forum des cultures urbaines du Sud, j’ai bénéficié des sessions de formation dans les métiers hors scène’’, a-t-il fait savoir.
Depuis, Léopold n’a pas lâché prise. A chaque fois qu’il est informé de ces formations, il y participe. Il a détecté un besoin et s’attèle résolument à satisfaire la demande. Ainsi, son collectif organise des séries d’ateliers de renforcement de capacités dans toutes les disciplines des cultures urbaines, principalement en photo-vidéo, danse, graffiti et en fashion design. NVA a mis également en place un festival pluridisciplinaire, en interconnectant ces différentes disciplines de cultures urbaines. Depuis sa création en décembre 2018, la structure a enregistré́ 547 adhésions et à bénéficier d’une convention avec l’Etat du Sénégal, dans le cadre du Plan Sénégal émergent, pour accompagner le festival Wëundeelu Fëgg Jaay Fecc Rek.
Grâce à̀ l’artiste graffeur suisse membre du collectif, des programmes d’échanges sont prévus avec de jeunes artistes de Genève et de la sous-région ouest-africaine, pour donner une dimension internationale aux projets qui seront mis en œuvre. Ainsi, du 23 mars au 1er avril, la structure que dirige M.Tine va travailler en étroite collaboration avec Break Beat Studio pour échanger avec Normale, une association qui se trouve à Bruxelles. Au cours de cette rencontre, un film intitulé ‘’A history without the past‘’, qui signifie littéralement ‘’Une histoire sans passé’’, sera
coproduit. L’artiste Malal Talla figure parmi les personnages.
Par ailleurs, NVA collabore avec l’association France Volontaire qui, dans le cadre de son programme d’échange ‘’Wecco’’, amène des jeunes de la France au Sénégal et vice-versa, pour des sessions d’échange d’une durée de six mois. Ce rendez-vous se tient chaque année.
Aujourd’hui, Naatal Visual Arts est en train d’imprimer sa marque dans la banlieue dakaroise. Son travail est chanté grâce à l’originalité́ au niveau de la conception de supports de communication : flyers, affiches, banderoles, T-shirts, kakémonos, bâches, fonds de scènes. Elle propose également aux établissements scolaires un programme alternatif inspiré des arts visuels pour accompagner la créativité́ dans l’éducation des élèves.
BABACAR SY SEYE