Publié le 15 Jan 2014 - 12:03
NOUVEAUX ACCORDS DE PÊCHE EN VUE

L’État corse la note avec les Russes

 

Après quinze jours d'un conflit qui a viré à la tension diplomatique entre Dakar et Moscou, le gouvernement et l’Association des armateurs russes sont en passe de signer un accord. Ceci après que les propriétaires du bateau «Oleg Naydenov» ont tout d’abord accepté de consigner 400 millions de F Cfa dans les livres de «Bank Of Africa» pour le compte du Trésor public sénégalais pour se tirer d’affaire. Le Sénégal semble bien tenir dans cette affaire le bon bout, avec un nouveau contrat, plus intéressant que ceux, classiques, qui sont habituellement signés avec des navires étrangers pêchant dans les eaux territoriales sénégalaises...

 

Il s’agit d’une autorisation accordée à des navires étrangers à exploiter les ressources pélagiques migratrices présentes au large des côtes sénégalaises. C’est là sans doute l’épilogue d’une partie qui avait débuté le 05 janvier quand la marine sénégalaise avait arraisonné ce navire, véritable bateau-usine long de 120 mètres, illégalement présent dans nos eaux après être parti de Guinée-Bissau. C’est d’abord un «Bréguet Atlantique», bâtiment de surveillance de la marine française, qui avait alerté les autorités sénégalaises.

Dans un enchaînement de procédures propres aux militaires, un bâtiment de la marine avait très vite atteint les flancs du navire. Dans un premier temps, le commandant qui avait à son bord 62 Russes hommes d’équipage et 20 Bissau-Guinéens, a refusé d’obtempérer. Mais les «bérets verts» de la marine sont alors partis à l’assaut. Retour forcé au port de Dakar, négociations et récriminations diplomatiques qui n’ont pas fait plier le gouvernement sénégalais. Bref, il fallait négocier car, à Dakar, en haut lieu, il était décidé qu’il ne fallait rien lâcher…

Ainsi, récemment, les premiers termes d’un accord ont été ficelés entre le gouvernement et l’Association des armateurs russes, représentée par la société KMA International SA, dirigée par Mayoro Mbaye, son Président directeur général. Seul un  accord-cadre existe entre la Russie et le Sénégal, aucun contrat d'autorisation de pêche n'ayant jamais été signé l'Association des armateurs russes et l'Etat du Sénégal.

Alors que la Mauritanie et la Guinée Bissau ont des contrats en bonne et due forme. L'astuce consiste à acheter des licences en bonne et due forme, comme la Société coréenne Dongwon Industries  Co.Ltd l'a fait, en février 2012, avec le Directeur général de la Sogemar, Alassane Sarr. Situation désormais dépassée ? 

75 Us dollars par tonne

En tout cas, le protocole à signer explique qu’un nombre de navires étrangers, «ne dépassant pas 10, ci-après dénommés les navires et dont les fiches d’identification seront annexées», seront autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise, et ceci pour une période de 04 mois.

Toutefois, selon les termes du protocole, la zone de pêche est bien délimitée : au-delà des 20 miles marins de la ligne de référence de la frontière avec la frontière sénégalo-mauritanienne à la latitude de l’île de Yoff ; ensuite, au-delà des 35 miles marins de la ligne de référence de la frontière sud sénégalo-gambienne à la frontière avec la Guinée-Bissau. Détail important, la pêche est interdite entre la latitude de l’île de Yoff (14°46’20’’N) et la frontière nord avec la Gambie.

Si les parties s’accordent, la partie étrangère s’engage à protéger la ressource halieutique, notamment celles concernant les techniques de pêche prohibées, ainsi que celles relatives à la pollution marine sous toutes ses formes. C’est un tonnage global de 100 000 tonnes qui ferait l’objet d’une autorisation dans le stock des ressources pélagiques migratrices présentes au large de nos côtes.

Contrairement aux précédents accords, cette fois-ci, «l’armateur ou son représentant est tenu de s’acquitter du paiement de 75 dollars Us par tonne de captures», contre 35 dollars précédemment. EnQuête a en effet pu parcourir les termes d'un Protocole d'accord standard, comme celui signé avec DONGWONG Industries Co.Ltd représentée par Alassane Sarr et le ministre de l'Economie maritime de l'époque, Khouraïchi Thiam. Un accord qui fixe le prix à l'Etat de la tonne pêchée à...35 dollars soit environ 17 000 francs la tonne. Un prix jugé trop bas par les spécialistes.

Pour ce contrat-ci avec les Russes, la partie sénégalaise a par ailleurs exigé une caution de 10 millions de F Cfa par navire qui devra être déposée dans les comptes bancaires de l’Agence nationale des affaires maritimes (ANAM). Autres fortes exigences de la partie sénégalaise, l’interdiction de pêcher certaines espèces et la présence d’un inspecteur sénégalais assisté de deux agents observateurs de la Direction de la protection et de la surveillance des pêches.

Et pour approvisionner le marché local, «un pourcentage de 10% des captures sera débarqué par chaque navire pour approvisionner le marché local». Au plan technique, une balise de positionnement type ARGOS sera obligatoirement activée à bord de chaque navire et suivie par les services de surveillance des pêches. Les données de l’Automatic Identification System (AIS), à bord du navire, devront être quotidiennement transmises à l’Agence nationale des affaires maritimes.

Dans ce dossier, les arguments du gouvernement tiendraient au fait que «les ressources pélagiques migratrices présentes en saison froide au large des côtes sénégalaises sont très peu exploitées par les armements de pêche nationaux». Très peu de Sénégalais investissent de façon substantielle dans ce secteur.

Les Sénégalais étant incapables de pêcher loin des  côtes, les infrastructures adéquates sont plutôt contrôlées par les étrangers (Coréens, Russes, Chinois etc). En se lançant dans cette procédure, Dakar estime que l’exploitation de ces ressources halieutiques sous contrôle national est de nature à garantir des ressources financières additionnelles importantes pour le Trésor public et à réapprovisionner le marché local en protéines animales. Naturellement, une levée de boucliers est attendue des acteurs locaux de la filière…  

Doudou Fall Niang, SG du syndicat des travailleurs de la marine de pêche

«Il est urgent de renouer des partenariats bénéfiques pour le Sénégal !"

Dans une lettre en date du 10 janvier dernier, le secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs de la Marine de Pêche Commerce et des Branches Annexes du Sénégal, demande au Président Macky Sall de se pencher «sur les vraies raisons des motivations» des acteurs de la filière qui cherchent à mettre un terme aux accords de coopération en matière d’exploitation des ressources halieutiques du Sénégal. Il juge qu'il est urgent de renouer des partenariats bénéfiques pour le Sénégal.

«Les autorisations de pêche accordées aux navires russes et ukrainiens concernaient uniquement les espèces pélagiques hautières migratrices que nous partageons avec les pays voisins dont une partie se trouve dans une zone commune gérée conjointement avec la Guinbé-Bissau signataire d’un accord avec la coopération russe», écrit Doudou Fall Niang dans sa lettre au chef de l’Etat.

Les arguments du syndicaliste : «Nous nous posons des questions sur les vraies motivations de ceux qui activent leurs réseaux (…) dans le but d’obliger le gouvernement à renoncer à toute idée de signer des autorisations de pêche ou des accords au motif que l’Etat n’a pas le droit de délivrer des licences».

Pour Doudou Fall Niang, les mêmes acteurs qui sont contre eux gèrent «des sociétés écran, utilisent des engins et des méthodes de pêche beaucoup plus destructrices, font fi des restrictions sur les options en exploitant les ressources pélagiques au détriment des consommateurs sénégalais».

La centrale de la rue Escarfait à Dakar, par l’entremise de son secrétaire général, suggère au président de la République d’amener le gouvernement à se rappeler que «les capitaines d’industrie sénégalais n’ont jamais pensé à s’investir pour la réouverture de la société Africamer, ni proposé aux autres acteurs de la pêche un accompagnement dans le cadre de la formation, du renforcement des capacités, de moyens logistiques en vue de booster le secteur».

Pour Doudou Fall Niang, le secteur ne saurait rester sous perfusion et laissé «entre les mains des capitaines d’industrie qui n’ont d’autres préoccupations que de piller (sic) la ressource et d’indexer des navires étrangers».

 

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