Sonko fait des révélations et recadre les militants
Ousmane Sonko a fait hier une sortie publique pour expliquer comment la nomination d'Aoua Bocar Ly Tall a été effectuée. Acceptant qu’il y ait eu une erreur de casting, il a recadré ses militants et toutes les personnes ayant tenu des propos démesurés sur cette affaire.
Suite à la vive polémique née de la nomination d'Aoua Bocar Ly Tall parmi les 9 membres du CNRA, le Premier ministre a apporté des éclaircissements hier soir. Les militants de Pastef reprochent à la dame d'être une ancienne apériste qui a traité Sonko de tous les noms d’oiseaux. Lors de sa sortie, Sonko a d’abord expliqué comment les nominations ont été faites.
Il note que pour ce type de nomination concernant le secteur de l'audiovisuel, c’est encadré par la loi. Les personnes choisies, dit-il, ne doivent pas avoir de coloration politique. “C’est pourquoi cette nomination renferme d'autres erreurs. Cela ne se limite pas à ce que les gens ont soulevé”, a-t-il indiqué. La deuxième chose est qu’il y a des organisations au sein desquelles il faut choisir une personne, selon Ousmane Sonko.
“Le président a demandé au ministre chargé de la communication de lui faire des propositions. Ce dernier a travaillé avec les personnes concernées avant de faire des propositions au président. Par la suite, ce dernier m’a transmis ce qu’on lui a proposé et m’a demandé si j’avais des remarques à faire. J’ai regardé les noms proposés ; je n’ai rien trouvé à redire. Je lui ai dit que je n’avais pas d’observation à faire. C’est ainsi qu’il a pris le décret”, a expliqué le PM. Ainsi, le Premier ministre dit avoir lui-même vu et “validé” cette proposition avant la publication du décret de nomination.
Poursuivant, Ousmane Sonko a souligné qu’aucune enquête de moralité n’est parfaite et que certaines choses peuvent échapper aux personnes chargées de ce travail. “Même au sein d’un parti, tu peux être avec une personne pendant des années, et après une nomination, on découvre des choses que l’on ne savait pas sur cette personne”, a-t-il soutenu. Avant d’inviter les militants de Pastef et ceux qui les ont élus à leur faire confiance. “Il ne faut pas croire qu’on a fait exprès de donner des postes de responsabilité à des personnes qui se sont opposées à nous. C’est un manque de confiance”, a-t-il regretté.
En outre, le leader de Pastef a attiré l’attention de ses militants sur le fait qu’il y a des ennemis parmi eux, qui font semblant de soutenir le projet, mais qui n’attendent que la première faille pour leur tomber dessus. Ainsi, dans cette affaire, poursuit-il, “certains ont fait preuve de mauvaise foi. Ces gens veulent faire croire aux Sénégalais que le président Diomaye Faye cherche des gens qui m'ont insulté pour les nommer”, a pesté Sonko. Il rappelle que c’est en défendant le président Diomaye qu'il a été emprisonné sous le régime de Macky Sall. “Vous savez tous que Diomaye est très calme. La première fois qu’on l’a entendu hausser le ton, c’était lors d’une émission où un débatteur a dit des choses pas catholiques sur moi. Il lui a rendu la pareille. C’était une première. Donc, avec tout ce qu'on a traversé, comment les gens peuvent-ils dire que le président Diomaye rassemble dans le gouvernement des gens qui ont insulté Ousmane Sonko ?”, questionne-t-il, invitant les Sénégalais à penser positivement.
Par ailleurs, Ousmane Sonko prévient ses militants que personne ne peut tordre le bras d’un président de la République. “La Constitution donne au chef de l’Etat les prérogatives de nommer aux emplois civils et militaires. Or, on voit des gens hausser le ton en disant qu’ils exigent du président... Ils n’ont rien à exiger. Ce n’est pas parce qu’on est militant de Pastef qu’on peut tordre le bras du président de la République”, prévient Sonko. Il attire l’attention des militants sur le fait qu’ils risquent de donner l'image d’un président faible qui recule à cause de leurs menaces. “Je n'accepterais pas cela. Le président Diomaye non plus”, prévient-il.
Sonko renchérit : “Si on lui signale quelque chose, il fera ce qu’il faut et on le soutiendra. Mais les menaces doivent cesser.” Il souligne que l'appartenance à Pastef ne donne pas ce droit.
Il invite donc les militants à plus de mesure et à se limiter à signaler les cas où, par mégarde, un ennemi de Pastef est nommé à un poste de responsabilité. Et même là, il invite ses partisans à faire le distingo entre ceux qui ont décidé de changer de camp en ayant eu les mains propres dans leur gestion précédente et les ennemis irréductibles du Pastef qui ont martyrisé les militants et leurs dirigeants.
De ce fait, Ousmane Sonko les invite à faire leurs critiques avec méthode. Car ils peuvent se tromper de bonne foi. Il prévient qu’ils iront chercher les meilleurs profils dans les rangs de Pastef, mais aussi en dehors. “Avant qu’on arrive au pouvoir, j’avais toujours dit qu’on se bat contre le système. On ne se bat pas contre des hommes. Le système, ce sont des règles, ce n’est pas forcément des hommes. Et donc, les hommes qui étaient dans le système et qui sont irréprochables et ont quitté le système peuvent avoir leur place parmi nous. Beaucoup nous ont rejoints lorsque nous étions dans l'opposition”, renseigne-t-il.
BABACAR SY SEY