L’art comme levier économique
Dans le cadre de la célébration des 35 ans de vie artistique de Kalidou Kassé est proposé au public un vaste programme. Parmi les grands rendez-vous, une conférence sur le thème ‘’art et économie’’ a eu lieu avant-hier à la place du souvenir africain.
Les arts et la culture pourraient beaucoup apporter au développement du pays, selon l’économiste et expert en industries culturelles Siré Sy. Ce dernier était l’un des animateurs de la conférence ‘’art et économie’’ tenue avant-hier à la place du souvenir. Cette manifestation entre dans le cadre de la célébration des 35 ans de vie artistique du peintre Kalidou Kassé. De l’avis de l’expert culturel, il faut changer carrément de business modèle. ‘’Il faudrait aller au conseil des arts qui pourrait être une sorte d’agence autonome. Cette dernière aura pour mission de structurer ce qui pourrait devenir à terme le marché des arts et, dans une perspective beaucoup plus lointaine, permettre à éclore une industrie culturelle’’, conseille Siré Sy. Ce qui n’est pas du tout utopique eu égard à l’exemple nigérian, à l’en croire.
Aussi, aux yeux des conférenciers du jour, si le Nigeria est devenu la première puissance économique de l’Afrique de l’Ouest, c’est grâce à ses industries culturelles. ‘’Cela a été possible grâce à l’adoption du business modèle par les Nigérians. Aujourd’hui, cela leur a permis de gagner une certaine indépendance. Ils n’attendent rien de leur Etat. Contrairement au Sénégal où on est toujours dans la perspective de subvention qui suppose que tout doit venir de l’Etat central’’, explique M. Sy. Un avis que partagent les autres panélistes pour qui d’ailleurs cette position attentiste tue toute idée de pensée.
Il urge donc pour le Sénégal de ‘’remettre les structures à plat, de les questionner, de les interroger pour pouvoir en sortir une sorte de structuration qui sera plus à même avec notre commun vouloir de vivre en communauté et aussi avec notre réalité du marché local’’, plaide l’expert culturel Siré Sy. Poussant son argumentaire plus loin, ce dernier estime que la situation actuelle au Sénégal semble ne pas préoccuper le ministère de la Culture alors que, dit-il, ‘’nous sommes dans un contexte de globalisation’’. ‘’Le ministre Mbagnick Ndiaye réfléchit dans une perspective extrêmement locale. Pourtant, il va falloir revoir le business modèle et la question liée aux statistiques étant donné qu’il n’y a ni études ni statistiques sur les arts et la culture. Dès lors, il est impossible d’élaborer une stratégie’’, a conclu M. Sy.
AMINATA FAYE (STAGIAIRE)