Deux promoteurs au banc des accusés

Un litige foncier portant sur 52 parcelles d'une superficie de 1,5 ha pollue l'atmosphère à Guédiawaye. Le collectif des éleveurs et maraîchers regroupant des personnes qui pratiquaient l'élevage ou le maraîchage sous les filaos de Guédiawaye, interpelle le chef de l'État et son Premier ministre.
Il y a de l'électricité dans l'air à Guédiawaye, plus précisément à Sam Notaire. Hier, le collectif des éleveurs et maraîchers regroupant des personnes qui pratiquaient l'élevage ou le maraîchage sous les filaos de Guédiawaye, dans l'arrondissement de Sam Notaire, a fait face à la presse pour dénoncer une spoliation foncière.
Selon leur porte-parole, après le déclassement de la forêt, le collectif a demandé et obtenu de la commission de contrôle des opérations domaniales 52 parcelles. ‘’Ils nous ont demandé de les représenter au niveau de l'administration. C'est là où a débuté nos tracas’’, déclare Pape M. Diène.
Il poursuit : ‘’Ils (les deux promoteurs) ont cherché à dissimuler des informations relatives à ces parcelles. Sur les 52 parcelles reçues, ils ont dit avoir reçu 26, sans préciser la liste des attributaires. Ensuite, ils ont déclaré avoir demandé un rajout de 15 parcelles pour les membres du collectif omis.’’
Selon toujours le porte-parole, les promoteurs leur ont fait comprendre que le financement des travaux de terrassement était à la charge du collectif. Qu’il fallait demander un bail collectif. Ce faisant, ils ont demandé aux membres attributaires des cotisations de 150 000 F CFA et de 100 000 F CFA.
Mais contre toute attente, après avoir ‘’convaincu les membres d'arrêter leurs activités’’, ils (les deux promoteurs, ‘’ont commencé à faire les travaux de terrassement sans les autorisations de l'autorité compétente’’.
Pape Diène rapporte qu'en 2023, lors d'une réunion du collectif, M. Dieng (un des promoteurs) a déclaré que l'État avait pris en charge les travaux de terrassement du site et que lui-même avait été retenu pour faire ces travaux. ‘’Toujours en 2023, des informations nous sont parvenues sur le nombre de parcelles attribuées au collectif, 52 et non 26 comme ils nous l'ont assuré, et ces informations sont corroborées par le plan de situation délivré par le service du cadastre à un de nos membres’’.
‘’En somme, martèle le porte-parole, nos deux représentants ont caché aux membres du collectif le nombre réel de parcelles qui nous avait été attribué. Et ce qui est suspect, le service des domaines a confié les travaux de terrassement à M. Dieng. Ce dernier a engagé les travaux de destruction des champs des membres omis volontairement, lors de la distribution des parcelles’’.
En réaction à ces forfaitures, renseigne le sieur Diène, ‘’des plaintes ont été déposées contre M. Dieng, car n'ayant pas cherché auparavant des autorisations’’. Mais aussi, parce que ‘’l'argent qu'ils ont soutiré aux membres du collectif pour le financement du terrassement et le bail collectif n’a jamais été remboursé’’.
En sus des plaintes, les membres du collectif qui ont été omis volontairement ont entrepris des démarches. D'abord, au bureau du cadastre de Guédiawaye où on leur a demandé de présenter la liste des 52 personnes attributaires des parcelles du collectif. Mais, dit-on, le chef du bureau a refusé de leur remettre la liste.
Devant la tournure des événements, ils ont déposé une plainte à l'Ofnac, en mai 2024, pour connaître les conditions d'attribution du marché des travaux de terrassement du site à Pape Dieng. ‘’Et quand on appelle l'Ofnac, on nous dit que le président a ordonné l'ouverture d'une enquête. Jusqu'à présent, rien n'a été fait. À la Direction des Domaines, deux courriers ont été adressés au directeur. L'un au mois de mai 2024, l'autre en décembre 2024. On a expliqué au directeur comment les parcelles du collectif ont été distribuées. Nous lui avons demandé de faire les corrections qui s'imposent. Jusqu'à présent, on n'a pas de réponse. À la Direction générale de la Surveillance et du Contrôle de l'occupation des sols (Dscos), en décembre 2024, quand le directeur général devait procéder à la validation des titres de propriété des personnes disposant de parcelles sur la bande des filaos, il a validé les parcelles MR1 à MR52 du collectif des éleveurs et maraîchers. Avant de procéder à leur validation, il fallait faire des enquêtes complémentaires. Ce qu'il n'a pas fait’’, dénonce le porte-parole.
Il ajoute : ‘’Nous tenons à ce que les plus hautes autorités de l'État (le président de la République et le Premier ministre) soient informées de cette injustice et du manque de réaction de l'administration (depuis plus d'un an, on n'a pas de réponse). C'est pourquoi nous tenons cette conférence de presse. Nous interpellons le chef de l'État et le Premier ministre. Nous savons qu’ils ne sont pas au courant, sinon on aurait eu une solution. Nous demandons aussi au procureur de ne pas confier cette enquête à la Dscos. Nous avons porté plainte depuis 2023, mais depuis lors, aucune poursuite n'a été engagée. Tout ça parce que Pape Dieng a des liaisons avec des intouchables. Nous voulons une solution, avant que les choses ne dégénèrent. Nous souffrons de cette situation qui commence à durer. Pape Dieng a mis à genoux notre business. Depuis 2003, nous évoluions sur les lieux. Cet endroit nous avait été cédé par les eaux et forêts’’, tonne M. Diène.
Appelé pour avoir sa version, M. Dieng a souhaité ne pas se prononcer. ‘’Doumasssi wakh’’ (je n'ai rien à dire) a été sa réponse.
CHEIKH THIAM