Cela est-il nécessaire ?
Le consortium Legs-Africa/Urac, avec l’appui technique et financier de l’USAID, a organisé hier son premier débat numérique sur "Transparence et participation du public au processus budgétaire". Ces débats vont permettre d’informer, de sensibiliser et d’outiller le grand public sur les mécanismes budgétaires, la collecte et la distribution des revenus particulièrement du secteur extractif, mais surtout de recueillir les préoccupations des citoyens quant à l’efficacité des dépenses sociales par rapport aux priorités territoriales.
Pour une contribution plus efficace au débat d’orientation budgétaire portant sur les priorités locales, le consortium Legs-Africa/Urac, avec l’appui technique et financier de l’USAID, organise une série de débats numériques qui permettront d’informer, de sensibiliser et d’outiller le grand public sur les mécanismes budgétaires, la collecte et la distribution des revenus, particulièrement du secteur extractif, mais surtout de recueillir les préoccupations des citoyens quant à l’efficacité des dépenses sociales par rapport aux priorités territoriales.
C’est en sens que s'est tenu, hier, le premier débat numérique sur le thème "Transparence et participation du public au processus budgétaire".
Selon le président de Legs-Africa, Elimane H. Kane, ce projet permettra aux acteurs, surtout au niveau le plus localisé, d'avoir des mécanismes d'analyse et de suivi budgétaire pour renforcer les capacités citoyennes de participation au processus budgétaire.
"Il faut que les populations, les communautés puissent accéder à des analyses objectives des politiques budgétaires et ensuite pouvoir y participer pleinement. Il s'agit également de permettre à ce que les populations soient outillées pour contribuer à influencer davantage les orientations des dépenses publiques. Ainsi, de prendre comme cas d'école les collectivités qui sont riches en ressources naturelles’’, a fait savoir le président de Legs-Africa.
Prenant part au webinaire, le secrétaire général du Conseil départemental de Tivaouane, El Hadj Malick Diop, a déclaré qu'aujourd'hui, les dépenses des collectivités locales s'accroissent de plus en plus et les recettes se réduisent de plus en plus. "Du fait d'un dépassement de fonction, si on prend le cas de la Covid-19, et aujourd'hui ces collectivités locales font face à des inondations et certaines calamités. Donc, les dépenses dites exceptionnelles ont pris le pas sur les dépenses des obligations et il est question pour ce webinaire de mettre en orbite, à mon avis, des outils d'articulation du dialogue multiacteurs et des actions majeures en faveur d'une mobilisation accrue des ressources financières locales par une implication du citoyen", a-t-il soutenu.
Selon lui, ‘’la principale source de financement des collectivités locales au Sénégal demeure le budget de l'État, tandis que les ressources propres des collectivités sont faibles, eu égard aux besoins de financement de leurs dépenses de fonctionnement et d'investissement. Donc, le transfert des moyens techniques et humains est resté limité. L'appui que les services de l'État apporte aux collectivités territoriales est lui-même restreint par l'insuffisance, par l'évaluation de participation aux processus".
D'après l'ancien maire de Tivaouane, l'implication des populations ne se limite pas seulement à un apport d'informations, à une consultation ou à une concertation, mais doit viser une réelle participation et une codécision dans la gestion des affaires qui concernent les populations.
En effet, explique El Hadj Malick Diop, pour encadrer cette dimension de la participation dans le processus de budgétisation, "les collectivités doivent réfléchir et répondre aux questions suivantes : qui, entre le citoyen et l'élu, doit prendre la décision concernant les immobilisations et les investissements locaux à inscrire dans le budget des collectivités territoriales ? Qui participe à la prise de décision ? La participation du citoyen, des organisations de la société civile doit se faire à quelle étape du processus ? Comment assurer la participation des personnes et groupes marginalisés ou vulnérables ?".
"La population ne comprend pas ce qu'est le budget"
Le point focal de Legs-Africa à Tivaouane, Bintou Diop, a souligné que la transparence et la participation citoyenne dans le processus budgétaire restent toujours un débat entre les citoyens, mais aussi entre les collectivités territoriales. "Il faut constater que les populations participent activement ou carrément seulement au débat d'orientation. Car il s'agit d'un moment de partage sur leurs préoccupations, afin que les élus puissent les relayer sur le budget N+1. Mais, on constate que la plupart de ces préoccupations ou de ces revendications n'est pas incluse dans le budget ou bien même parfois ce sont les politiques des élus qui prennent le dessus sur la préoccupation ponctuelle des populations", renseigne le point focal.
Dans ce sens, poursuit Mme Diop, "on note toujours que la population ne comprend pas ce qu'est le budget. Parce que, pour elle, le budget, c'est une somme qui est là, prête à être dépensée, sans pour autant prendre en compte que c'est une prévision. Ce qui amène toujours des incompréhensions. À travers les débats d'orientation que nous avons pu assister, dit-elle, au niveau de la collectivité, à savoir le département ou dans la commune de Mboro, sur 400 préoccupations, par exemple, il n'y a que 40 ou bien les 60 qui sont prises en compte dans le budget de l'année N+1. C'est par faute de moyens. Les finances des collectivités sont vraiment déficitaires’’.
Ainsi, Bintou Diop invite les collectivités à communiquer avec les populations sur le budget.
"La population n'a pas besoin de savoir si l'argent est disponible"
Si les uns estiment que la population doit participer à l'élaboration du budget, le consultant, Dr Khadim Bamba Diagne, soutient qu'elle n'a pas besoin de savoir si l'argent est disponible. "Je pense que les populations n'ont pas besoin même de savoir si l'argent est disponible ou non. Ce qui est important, c'est : quelles sont les priorités des populations et comment on doit mettre de l'ordre dans leurs priorités pour qu'avec le budget de l'État, avec celui de la collectivité locale, on apporte des débuts de solution à ces priorités, parce que, dit-il, les populations, si elles voient que les priorités ont été prises en compte, une explication va leur permettre de comprendre que parce que les fonds ne sont pas à jour qu'on n'a pas pris en compte les autres préoccupations. Ce qui manque, c'est une co-construction, c'est-à-dire que l'État, la collectivité locale et les populations se parlent pour mettre un planning faisable", indique-t-il.
Parfois, poursuit Dr Khadim Bamba Diagne, certaines collectivités peuvent ne pas savoir le rôle qu'elles doivent jouer pour pousser l'État à augmenter les fonds. "Il ne s'agit pas de régler tous les problèmes, mais au moins de les prioriser et de les séquencer, pour montrer quelque part les besoins des populations", dit-il.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)