L’acanthosis, une maladie rare difficile à traiter
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L’acanthosis nigricans est une pathologie cutanée rare qui se traduit par la présence de plaques hyperkératosiques (épaississement de la peau) de couleur grise à noirâtre, généralement au niveau du cou, de l’aine ou des aisselles. Le diagnostic est posé devant l’évidence des symptômes et doit mener à la recherche de sa cause afin d’orienter la prise en charge.
Elles sont très nombreuses, les maladies qui n’ont pas de traitement. On peut citer en exemple la famille des coronavirus, l’hémorragie à virus Ebola. Les médecins sont obligés de faire un traitement symptomatique et attendre les résultats. Parmi ces pathologies, il y a l’acanthosis nigricans. Celle-ci crée d’énormes difficultés aux chercheurs dans sa prise en charge. Très rare, cette dermatose est parsemée d’ambigüités. Jusque-là, ses causes réelles ne sont pas connues du monde de la médecine, encore moins son traitement. C’est d’ailleurs ce qui pousse le chercheur et docteur en pharmacie, Charline D à lancer hier un appel à ses pairs pour mener la recherche à travers le diagnostic posé. Cette maladie est caractérisée par des lésions en plaques mal délimitées au niveau des plis axillaires (aisselles) et inguinaux (aines) et du cou.
Selon le Dr D, il existe deux types d’acanthosis nigricans : malin et bénin. Chez les jeunes, explique-t-elle, l’acanthosis nigricans peut être d’origine héréditaire. Elle peut aussi être due à d’autres troubles comme un diabète, une obésité, un trouble hormonal (une hypothyroïdie ou la maladie d’Addison). Elle peut également être associée à certaines affections rares (par exemple, le syndrome de Crouzon ou le syndrome de Miescher) ou la prise de médicaments. ‘’Un hyperinsulinisme est souvent associé (excès de production d’insuline) avec une résistance à l’insuline. C’est le type d’acanthosis dit bénin. Dans la forme familiale de la maladie, la transmission est dite autosomique dominante’’, fait-elle savoir.
A son avis, on parle de transmission dominante lorsque l’anomalie génétique responsable de la maladie est présente sur l’une des deux copies du gène et que cela suffit à l’expression de la maladie. Ainsi, un enfant atteint de la maladie a forcément l’un de ses deux parents également atteint. Selon le chercheur, le risque de transmission à la naissance est donc de 50 %. On parle en ce moment d’autosomique. Ce qui signifie que l’anomalie génétique porte sur un chromosome non sexuel.
En revanche, chez les patients plus âgés, la présence d’un acanthosis nigricans est généralement due à un cancer, souvent de l’estomac. C’est à ce moment, précise le Dr D, qu’on parle de forme maligne.
Un chromosome est un élément microscopique constitué de molécules d’ADN. Il contient donc les gènes, supports de l’information génétique qui sont transmissibles à la descendance. Les chromosomes vont par paire. Tout individu sain dispose de 23 paires de chromosomes. La paire 23 contient les chromosomes sexuels qui déterminent le sexe de l’individu qui les porte : XX chez une femme et XY chez un homme. Mais les chromosomes d’une même paire sont identiques. C’est-à-dire qu’ils portent les mêmes gènes. Ainsi, il n’existe pas une version d’un même gène, mais deux : on parle d’allèle.
Par ailleurs, le Dr D soutient que les symptômes se traduisent par l’apparition de plaques sur la peau qui paraissent épaisses et prennent une coloration grisâtre. Des démangeaisons peuvent être associées aux lésions cutanées. ‘’Le diagnostic d’un acanthosis nigricans est clinique. En effet, le diagnostic est évident devant la présence des lésions caractéristiques. L’essentiel est ensuite de déterminer si la pathologie est bénigne ou maligne afin d’adapter la prise en charge’’, explique-t-elle.
Quant au traitement d’un acanthosis nigricans, c’est celui de sa cause. ‘’La prise en charge des lésions cutanées (ou de l’acanthosis) est symptomatique. Elle repose sur la lutte contre l’hyperkératose (épaississement cutané) et l’hyperpigmentation. Dans certains cas, notamment les patients atteints d’obésité, une simple modification du mode de vie et un régime adapté peuvent suffire’’, soutient-elle. Mais en cas de caractère héréditaire de la pathologie, les lésions se stabilisent ou régressent spontanément, sans intervention thérapeutique. Quand c’est un médicament qui est à l’origine des lésions d’un acanthosis nigricans, informe le Dr D, le traitement doit être diminué, voire arrêté, pour faire disparaître les lésions. ‘’Si une tumeur est la cause de la maladie, une intervention chirurgicale pour son retrait peut être proposée. Une chimiothérapie et/ou une radiothérapie peut être associée’’.
VIVIANE DIATTA