Publié le 30 Sep 2024 - 17:26
PDS

Aux origines du conflit

 

Le renouvellement des instances du parti, qui avait permis de déboulonner des caciques au profit de jeunes loups, avait posé les germes de l’implosion qui s’est accentuée depuis la dernière Présidentielle.

 

Le feu couvait depuis le processus de renouvellement des instances, il y a quelques mois. L’exclusion, pour la deuxième fois consécutive, de leur candidat Karim Wade de la course à la dernière Présidentielle a cependant été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Depuis, ils sont nombreux, les militants désemparés, qui croient ferme que Karim Wade ne se soucie pas trop du devenir du Parti démocratique sénégalais (PDS). Avec l’arrivée des Législatives anticipées, les frondeurs ont pris la décision de lancer une nouvelle offensive en portant sur les fonts baptismaux ce qu’ils ont appelé ‘’le PDS cap sur les élections’’. Comme pour dire que le PDS de Karim Wade n’a plus d’ambitions de conquête du pouvoir.  

Parmi les griefs soulevés récemment dans un communiqué, figurent le fait que le Secrétariat national ne s’est pas réuni depuis sa mise en place en 2019 ; l’absence de réunion du Comité directeur depuis 2019 et du Bureau politique depuis 2015.

Bref, selon Doudou Wade et Cie, le Parti démocratique sénégalais n’est plus un parti qui fonctionne de manière démocratique. Ils en veulent pour preuve les renouvellements qui, selon eux, ne s’étaient pas passés dans les règles de l’art. ‘’Les renouvellements ont été émaillés d’abus, d’irrégularités, de dysfonctionnements en violation manifeste des textes qui régissent le fonctionnement du parti. Il s’y ajoute des décisions  arbitraires  de nominations à des postes électifs qui ont fini de saper le fondement démocratique du parti’’, fulminaient les contestataires.

Pour de nombreux observateurs de la situation au PDS, tous ces problèmes remonteraient à ces renouvellements qui avaient permis de renverser certaines figures de proue du parti. Parmi elles, Woré Sarr qui avait été remplacée à la tête du Mouvement national des femmes, mais aussi beaucoup de frondeurs qui avaient vu leurs fédérations tombées sous le contrôle de mains adverses, souvent d’illustres inconnus. Pour certains, le PDS s’était offert un coup de jouvence. Mais c’était sans compter sur la résistance des anciens qui ont refusé de céder la place.

Depuis, certaines voix se sont élevées parmi les plus hauts responsables. Et les accusations contre Karim Wade n’ont eu de cesse de se multiplier, avant de s’émousser à la veille de la Présidentielle. L’absence du PDS à cette joute électorale avait mis plusieurs militants hors de leurs gonds et alimenté un peu plus les rancœurs et les frustrations. Ces frustrés n’avaient d’ailleurs pas hésité à se désolidariser de la décision Me Abdoulaye Wade de soutenir la coalition DiomayePrésident à la dernière Présidentielle. Beaucoup avaient préféré Amadou Ba au candidat d’Ousmane Sonko et de Pastef. Ironie de l’histoire, les mêmes qui avaient rué dans les brancards pour dénoncer une alliance contre nature avec Pastef et dont certains avaient préféré Amadou Ba ruent encore dans les brancards pour dénoncer une alliance avec le parti de Macky Sall.

Dans un communiqué, le Parti démocratique sénégalais a décidé de les exclure pour notamment haute trahison. ‘’Le PDS informe ses militants et responsables que Doudou Wade, Tafsir Thioye, Pape Saër Guèye, Hawa Abdul Ba ne sont plus militants du Parti démocratique sénégalais’’, informe le communiqué signé par le porte-parole Bachir Diawara, qui parle également ‘’de démission de fait’’ des personnes concernées.

Avant la nouvelle vague de départs, Woré Sarr avait, elle aussi, préféré quitter la barque. Suite à son remplacement à la tête du mouvement des femmes, elle fustigeait une démarche antidémocratique et décidait de quitter le parti. ‘’Je me disais que si l’on dit parti démocratique, la base aurait été la démocratie, mais hélas. Si Karim Wade m’avait sollicitée, j’aurais cédé la place volontiers, mais ce n’est pas le cas.  Ni Karim ni personne d’autre ne m’a interpellée à ce sujet’’, déplorait Mme Sarr. Elle ajoutait : ‘’Si je m’étais présentée et que Fatou Sow (la nouvelle présidente des femmes) venait à l’emporter, je m’y conformerais. Mais il n’en est rien. J’ai été informée par une tierce personne qui m’a appelée pour me demander si j’étais au courant de ce qui se passait. Je lui ai demandé ce qui s’est passé, elle m’a dit qu’elle a vu le communiqué sur le nouveau bureau du mouvement des femmes. C’est ainsi que j’ai été informée’’, avait-elle indiqué, accusant Karim Wade d’en être le principal instigateur. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que même si la représentativité des responsables en disgrâce est très discutable – si l’on se fie à leurs résultats dans leurs fiefs aux élections successives - cette situation vient au pire moment et pourrait semer davantage le doute chez les plus fidèles électeurs. Ce, d’autant plus que le parti est déjà confronté à un gros problème, à savoir comment expliquer l’alliance avec son bourreau d’hier.

MOR AMAR

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