Le Pds reste ferme, la mouvance présidentielle attentiste
Un report éventuel des élections locales de mars 2014 ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique où les positions épousent les appartenances politiques.
Selon nos informations, on se dirige tout droit vers un report des élections locales du 16 mars 2014 à une date ultérieure qui serait comprise entre deux et trois mois. Impréparation, projets de réformes institutionnelles en cours, etc. ? Les motifs qui justifieraient ce différé ne sont pas encore officiellement connus.
''Sans accord politique, les élections doivent être tenues à date échue''
Cette perspective ne réjouit presque personne, même pas chez les alliés. À la Ligue démocratique (LD), l'on refuse toujours de croire que le président Macky Sall pourrait une seule seconde penser au report des élections locales. ''Nous considérons que les élections seront organisées à date échue'', soutient son porte-parole, Abdou Karim Fall, soulignant ainsi que ''la Ld ne s'est jamais prononcée pour un quelconque report» des scrutins. ''Il ne faut pas nous remettre le système d'Abdoulaye Wade, qui le faisait de manière unilatérale. Il faut respecter le calendrier et organiser les élections à date échue'', tonne-t-il. En revanche, précise Fall, ''si une concertation est organisée et que l'ensemble des acteurs politiques tombent d'accord sur la décision de reporter les élections locales, la Ld ne va pas se singulariser''.
Embouchant la même trompette, Malick Guèye de l'Alliance des forces du progrès (AFP) renchérit. ''Cela peut être un argumentaire acceptable si les partis politiques pensent que la contrepartie d'aller vers les réformes institutionnelles déjà engagées veut qu'on lâche un ou deux mois pour mieux se préparer à mettre une stabilité assez fondée sur nos institutions''. Autrement, il pense que ''sur le principe, il vaut mieux aller vers un respect du calendrier républicain que les partis politiques aujourd'hui au pouvoir ont toujours souhaité''.
Vers une dualité entre l'opposition et le pouvoir
Cependant, le Parti démocratique sénégalais (PDS) est dans une tout autre posture sur la question. ''Nous exigeons le respect du calendrier républicain'', déclare d'un ton ferme Me El Hadji Amadou Sall. Selon l'ancien ministre de la Justice, membre du Comité directeur du Pds, ''aucune question purement politicienne et même la réforme institutionnelle mise en branle par certains cadres du pouvoir ne sauraient justifier un quelconque report de ces élections''. Car, dit-il, ''les tenants du pouvoir ont largement eu le temps de faire les réformes institutionnelles nécessaires mais ils ne l'ont pas fait''.
En attendant d'avoir les arguments officiels qui puissent expliquer ce report des élections locales, El Hadji Amadou Sall s'est déjà fait une religion sur les sentiments qui animent le président Macky Sall. ''Le pouvoir n'est pas à l'aise parce qu'il y a un mécontentement général et tous les prétextes seront bons pour reporter les élections''. Mais, jure-t-il, ''nous ne les laisserons pas faire. Nous ferons tout pour que les élections se tiennent à date échue''.
En tout état de cause, estime le leader du Parti du travail et du peuple (PTP), Me El Hadji Diouf, ''même si le président Macky Sall amenait le paradis sur terre, le Pds choisirait l'enfer''. Se gardant de toute spéculation, il dit attendre les raisons officielles qu'avancerait le Président de la République. ''Si je suis convaincu, j'approuve, si je ne le suis pas, je rejette''.
Quelle que soit la décision prise par le président de la République, son parti lui, a décidé de le soutenir jusqu'au bout, selon le secrétaire administratif national de l'Alliance pour la République (APR), Abdourahmane Ndiaye. Qui, interrogé sur les vraies raisons qui pourraient militer pour un différé de quelques mois, répond : ''si je dis qu'il n'y a pas de raisons valables pour reporter les élections locales et que le président prenne une décision dans ce sens, je ferais un camouflet à Macky Sall. Si je dis le contraire et qu'il respecte le calendrier républicain, je ferais également un camouflet au président de la République''.
ASSANE MBAYE