Publié le 8 Aug 2014 - 20:17
PETITE CÔTE

Joal se meurt dans l’indifférence presque totale

 

Joal est une ville chargée d’histoires où le temps a comme suspendu son vol. La commune manque presque de tout, gagnée qu’elle est par l’insalubrité et où l’économie reste tributaire d’une pêche qui ne nourrit plus son homme. Reportage.

 

Pendant très longtemps, la ville de Joal a été l'un des plus grands comptoirs commerciaux de l'ouest du Sénégal. La période coloniale a vu s’y succéder Portugais, Hollandais, Français et Anglais. Des missionnaires se sont installés sur la côte, dès 1636. Mais l'évangélisation y a rencontré une forte résistance. La population rebelle a toujours refusé d’épouser les idées occidentales, en restant ancrée dans sa culture sérère, malgré la création du séminaire de Ngasobil.

Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une ville archaïque. En cette saison sèche, règne un temps pas du tout clément. Une voie bitumée, la seule, mène de l’entrée du bourg au pont de Fadiouth. L’autre voie praticable reste la régionale qui relie Mbour à Fadiouth. Il y a une seconde route, il paraît qu’elle a été autrefois bitumée. Aujourd’hui, rien ne le laisse croire. Pour dire que Joal se meurt. Le sable est argileux. Les bras de mer pullulent. En période d’hivernage, la ville enregistre les pires catastrophes liées aux inondations.

 Une ville sans arène

Le Joal d’aujourd’hui est aux antipodes de la ville ‘’des signares à l'ombre verte des vérandas. Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève’’ chantée par Léopold Sédar Senghor. Loin des ‘’fastes du Couchant où Koumba Ndoffène voulait faire tailler son manteau royal’’, la ville prend les allures d’une commune abandonnée à son propre sort.

Et pourtant, la commune est réputée pour être un grand vivier de sportifs de la lutte traditionnelle. Elle a vu naître Marcel Béti, Laurent Daba, Robert Diouf, Manga 2 et le ‘’lutteur du cinquantenaire’’ Yakhya Diop Yékini. Joal ne dispose même pas d’une arène municipale. Mais le nouveau maire Boucar Diouf en a fait une priorité. Il promet de réhabiliter l’arène municipale avant la fin de son mandat. ‘’Il est inadmissible que Joal n’ait pas une arène de lutte, alors que nous avons les lutteurs les plus connus du Sénégal», dit-il. Et si on en croit Sophie Gladima Siby, ancienne ministre des Télécommunications, le projet va voir le jour plus tôt que prévu. «Une enveloppe de 10 millions a été octroyée par le président de la République Macky Sall, pour une arène municipale», renseigne-t-elle.

Une ville sale

Cependant, dans la ville, ce qui frappe : c’est l’insalubrité. D’ailleurs, c’est la commune la plus sale de la Petite Côte. Il n’y a pas assez de charrettes pour les ordures qui s’amoncellent un peu partout. En période d’hivernage, c’est le comble. L’insalubrité est telle que les nuées de mouches harcèlent de manière continue les habitants. Pour manger, il faut un éventail ou quelque chose pour chasser les mouches. Au niveau de Khelcom (le lieu où l’on fait sécher le poisson), la situation est innommable. Les femmes évoluent dans la boue mélangée avec l’eau sale des poissons. Il faut se boucher le nez, si on est étranger, à cause de l’odeur nauséabonde.

Un seul poumon économique

L’économie de la commune de Joal Fadiouth tourne autour de la pêche et de ses activités annexes. Ils représentent près de 90% des activités économiques. S’il y a du poisson, l’économie marche à merveille. Lorsque le poisson se fait rare, la commune le ressent. A côté des pêcheurs, se trouvent les sécheurs de poisson, sans compter ceux qui évoluent dans le transport. La bonne marche des autres activités dépend de l’abondance des ressources halieutiques.

Les édifices culturels délabrés

Il n’y a quasiment pas un édifice public en bon état dans la commune. Mbine Diogoye (la maison du père de Léopold Sedar Senghor) est devenu un musée dans un état piteux. On jurerait qu’il n’y a pas d’entretien. Les murs sont fissurés et sales. Mbine Diogoye n’est pas le seul site laissé à l’abandon. La mairie rassemble à une hutte de nomade dans la brousse. Ce lieu est sans luxe et d’une propreté douteuse.

Une élite aux abonnés absents

«L’union fait la force». Mais cet adage, les Joaliens l’ignorent. Les cadres qui travaillent dans l’administration se tiennent à l’écart des préoccupations de la ville. La plupart d’entre eux ne font rien pour le développement de la ville. Ils cèdent la place aux hommes politiques qui se livrent une guerre sans merci. Entre Paul Ndong, l’ancien maire, et Joseph Ndong, les relations n’ont jamais été au beau fixe. Le premier est de Bokk Gis Gis. Le Second est du Parti démocratique sénégalais. A côté, il y a Sophie Gladima Siby, l’apériste qui essaie tant bien que mal de relever le défi du développement, mais elle est bien seule. En plus d’être victime de certaines croyances bien ancrées : une femme ne doit pas diriger les hommes. C’est une commune très conservatrice où l’homme joue le premier rôle. Le plus chanceux reste le nouveau maire progressiste Boucar Diouf qui a réussi un véritable hold-up électoral.

BOUCAR DIOUF, MAIRE DE LA VILLE

«Le visiteur est déçu, quand il arrive à Joal»

‘’Il faut faire de sorte que Joal retrouve son visage qui correspond à sa renommée. Le visiteur est déçu quand il arrive à Joal. Il y a un problème d’infrastructures. Nous n’avons pas de stade, ni d’arène municipale, bien que les meilleurs lutteurs du Sénégal soient des natifs de la localité.

Il nous faut donc nous attaquer à ces problèmes, investir dans la voirie ainsi que dans les infrastructures d’épanouissement et économiques. Je vous garantis que le problème de la saleté va être bientôt un vieux souvenir et nous allons faire le maximum possible pour résoudre le problème de l’eau dans les quartiers et à Khelcom. 

La réhabilitation du musée Mbine Diogoye est dans nos priorités. C’est de mon devoir de faire du musée de la maison familiale du premier président du Sénégal un joyau. Les pénc (lieu à palabre) sont des sites qu’il faut aussi rénover et leur donner une valeur culturelle pour attirer les touristes.

André BAKHOUM (MBOUR)

 

 

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