Publié le 15 Apr 2013 - 09:37

Pour un pacte politique de non agression

Dans un monde en profonde crise économique où notre petit pays à faible revenu et à forte croissance démographique est obligé de ne compter presque exclusivement que sur ses propres forces endogènes pour tirer son épingle du jeu, il est devenu capital d’unifier nos forces politiques et sociales pour une coalition inclusive vers le développement réel et la démocratie réelle, la sécurité collective, la stabilité et la paix. C’est, au demeurant, la condition sine qua non pour, à minima, sortir le Sénégal la tête de l’eau, dans cet amas mondial de difficultés complexes de tous ordres.

 

Il se trouve que les défis majeurs qui continuent à polluer notre atmosphère, s’identifient toujours à vaincre la misère, la maladie et l’ignorance au milieu d’un contexte mondial de plus en plus défavorable, en plus des complexifications résultant de conflits permanents ou latents, en Casamance et dans presque tous les pays de la sous région (Mali, Guinée Bissau, Guinée, Côte d’Ivoire, Nigeria).

L’heure devient de plus en plus grave avec la montée des périls alimentaires et nucléaire, le changement climatique et la massification de l’armée des chômeurs, à tel enseigne que si nous n’y prenons pas garde, toutes choses égales par ailleurs, nous risquons d’aller droit devant le mur.

 

C’est dire que les questions existentielles fondamentales sont, de nos jours, nombreux et ardus, au point qu’il soit apparu vital et urgent de rassembler toutes les forces politiques et sociales, afin de vaincre les périls. Si bien que cette exigence appelle pour notre pays l’observation d’une trêve politique entre protagonistes ou concurrents pour la compétition électorale, au moins, pendant une période sabbatique de trois années. A cet effet, nous devrions distinguer les coalitions électorales précaires des coalitions politiques établies sur des bases programmatiques minimales pour la sauvegarde de l’intérêt général et de la stabilité indispensables à notre survie, selon un agenda politique bien défini. C’est de cette manière méthodique et organisée qu’il nous sera possible de prévenir des désordres politiques après une phase électorale, lesquels désordres sont susceptibles de nous mener vers des instabilités ou le chaos. Le temps n’est plus au culte du sectarisme qui mène droit vers l’anarchie, le temps est au rassemblement pour une coalition contre les conflits destructeurs et pour le développement véritable.

 

En effet, il y a un temps court pour la précampagne (six mois) et la campagne électorales (un mois) et, un temps long pour fédérer toutes les énergies sans exclusive vers le travail productif sans lequel, il n'y aura pas de coexistence pacifique possible. De sorte que le danger le plus grave qui nous guette est consubstantiel aux contentieux politiques nés avant les périodes électorales, pendant les périodes électorales ou après, si, au préalable, il n’y pas eu la définition et l’application d’accords politiques sur des bases minimales entre les différentes forces politiques et sociales au terme d’un dialogue inclusif. Cette vérité est partout vérifiée en Afrique, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, où force est de reconnaître que la matière électorale et la dévolution du pouvoir constituent les premières causes des désagrégations. Le panafricanisme et l’intégration économique intra-régionale et inter régionale s’éloignent de plus en plus de nos schémas avec les multiples défaillances dans les marchés, la désarticulation dans les systèmes productifs sur fond de conflits intra étatiques à l’intérieur d’un continent balkanisé. Au gré du temps, l’afro pessimisme se substitue progressivement à l’afro optimisme.

 

Or, le Sénégal a eu la chance de boucler un cycle électoral national (présidentiel et législatif) dans une Afrique en convulsion, en dépit de tumultes que nous avons pu gérer. Dans une phase d’exercice d’un nouveau mandat présidentiel et d’une nouvelle législature, pour un pays comme le nôtre inséré dans un environnement mondial où les dégradations sont multiples et multiformes, nous devrions savoir raison gardée et aller à l’essentiel dans le chemin qui nous réunit en évitant les désordres politiques, les invectives et la politique politicienne rétrograde. Les élections locales qui se profilent à l’horizon sont, certes, importantes, mais seule la démocratie locale devrait prévaloir, sans que le processus soit entaché par une boulimie d’accaparement des tenants du pouvoir qui devraient veiller, outre mesure, au plein exercice de la citoyenneté dans un esprit républicain. Depuis mathusalem, nous avons assisté au Sénégal à la fin des partis monopolistiques tentaculaires au pied d’argile, au profit d’une société politique éclatée pluraliste qui nous impose une collaboration et une entente inter parti sur des bases minimales.

 

Le Sénégal a eu également la chance de bénéficier en 2012 d’une pluviométrie abondante qui nous a valu de bonnes récoltes dans les campagnes, en plus de conditions conjoncturelles favorables du marché mondial des oléagineux qui a impacté positivement sur le prix intérieur de l’arachide. Toutefois, il faut convenir que les problèmes structurels restent plus que d’actualité avec la part encore faible du budget national consacré à l’agriculture au sens large (250 milliards de FCFA), bien en deçà de 10 % du PIB (700 milliards de FCFA), alors que nous devrions atteindre le niveau de 15% du PIB (1000 milliards) pour le monde rural, si nous avons l’ambition à terme de révolutionner l’agriculture, résorber le chômage, créer des surplus et fournir les matières premières nécessaires aux industries de transformation agricole.

 

Bien entendu, ces mesures vigoureuses pour consacrer plus d’argent dans le secteur productif national agricole nous permettra d’avoir au moins une croissance régulière du plus du double de la croissance démographique afin de créer les conditions d’une émergence à l’horizon 2017. C’est à ce prix seulement que nous pourrions créer les bases véritables qui nous permettront de résoudre les préoccupations des populations et éviter le pire aux générations futures en faisant le sacrifice patriotique de prioriser les intérêts nationaux devant les intérêts partisans. Cela est d’autant plus vrai que la crise alimentaire, la crise financière et le changement climatique frappent à nos portes, amenant tous les pays au monde, en raison de ces périls, à développer des stratégies inclusives de sursaut national afin de les surmonter.

 

Les problèmes politico-politiciens de second rang dans nos États fragiles doivent laisser la place, après la période où le cycle électoral qui vient d’être bouclé, à une trêve politique et un pacte de solidarité pour la résolution des questions économiques et sociales fondamentales.

 

Kadialy GASSAMA, Économiste

Rue Faidherbe X Pierre Verger

Rufisque

 

 

 

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