Publié le 29 May 2024 - 19:41
PRÉSENCE DE DIOMAYE FAYE AU DIALOGUE NATIONAL SUR LA JUSTICE

"Notre système judiciaire a besoin d’une profonde refondation…"

 

La Journée nationale du dialogue sur la réforme et la modernisation de la justice a été lancée hier, présidée par le président de la République Diomaye Faye.

 

En 2018, le besoin de modernisation de la justice avait fait l'objet d'un rapport du Comité de concertation mis en place par le garde des Sceaux, ministre de la Justice. Six ans après ces concertations et après avoir été traversé par de violentes secousses, Bassirou Diomaye Faye a estimé, hier, à l'occasion de cette Journée nationale du dialogue, que "force est de reconnaître que notre système judiciaire a besoin d’une profonde refondation que seule une approche inclusive permettra de réussir".

Le thème porte sur la réforme et la modernisation de la justice. Le président de la République du Sénégal note que le triptyque qui doit guider les actions dans le cadre de ce dialogue est le suivant : œuvre collective, démarche participative et exercice de co-construction. "Sous ce rapport, je voudrais particulièrement insister sur le fait que nous n’ouvrons donc pas ici un procès en inquisition, pour désigner un ou des coupables à jeter aux orties", a-t-il précisé.

À l'en croire, il est plutôt question de tenir un débat "lucide et serein, posé et apaisé" pour ausculter notre système judiciaire, identifier ses forces et faiblesses, et rechercher ensemble les solutions aptes à refonder son fonctionnement et améliorer ses performances.

Il a rappelé la quintessence de la justice, à savoir : la séparation des pouvoirs, l'indépendance, l'impartialité et l'intime conviction du juge, l'égalité de tous devant la loi, la présomption d'innocence, le principe du contradictoire, le droit à un procès équitable et l’habeas corpus, bouclier contre les arrestations et détentions arbitraires.

"En rappelant ces principes énoncés et encadrés par des textes légaux et réglementaires, j'ai en même temps conscience qu'ils ne suffisent pas à eux seuls pour jauger l'indépendance, la crédibilité et l'efficacité d'un système judiciaire", a indiqué Diomaye Faye. En effet, il souligne que, quelle que soit la pertinence des textes, c'est d'abord et surtout à l'aune de la pratique qu'on peut juger si un système judiciaire répond aux idéaux et exigences de l'État de droit.

À cet effet, pour le chef de l'État, à travers ces assises, il faut interroger notre système judiciaire en revisitant ses règles et mécanismes, afin de le perfectionner et le hisser à la hauteur de nos ambitions et des aspirations de notre peuple.

Les thématiques incluent notamment le statut des magistrats, l'organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, la dématérialisation du service public de la justice, la justice et le numérique, le temps du procès pénal, le régime de la sanction pénale, le cadre juridique et institutionnel de l'administration pénitentiaire, les conditions de détention et de préparation à la réinsertion sociale des détenus, le régime de la privation de liberté, la prise en charge des enfants en danger ou en conflit avec la loi. "La finalité de cet exercice est de nous aider à baliser la voie pour une réforme pragmatique de notre système judiciaire, afin qu'il inspire davantage confiance au justiciable et préserve sa dignité", a renseigné le président de la République.

Pour ce faire, il appelle à mettre en place un système plus transparent de gestion de la carrière des magistrats ; définir un régime de privation de liberté mieux encadré ; aménager un dispositif législatif et institutionnel de nature à favoriser la célérité dans le traitement des procédures judiciaires et humaniser l'univers carcéral ; instituer des plateformes dématérialisées et fonctionnelles et améliorer le fonctionnement du système par l'allocation de moyens budgétaires suffisants et la poursuite du programme de construction et de réhabilitation des infrastructures.

Il note que pour bâtir l'État de droit, la réforme et la modernisation du système judiciaire ne doivent pas seulement se limiter au volet pénal. "Nous ne devons pas oublier les affaires civiles, dont la matière commerciale constitue une composante majeure, le droit du travail et le contentieux administratif ; autant de domaines dont la prise en charge conditionne le fonctionnement de la justice", a-t-il dit.

Pour le président, cette cérémonie s’inscrit dans nos vieilles traditions socioculturelles de "diiso" que nous perpétuons au sein de nos familles et de nos communautés sénégalaises. "Fidèle à cet héritage de longue date, j’ai tenu à maintenir dans le calendrier républicain la date symbolique du 28 mai consacrée au Dialogue national", a-t-il indiqué, soutenant qu’il accorde une grande priorité à la concertation comme mode de gouvernance des affaires publiques.

Diomaye Faye estime que la vertu préventive du dialogue en temps de paix éloigne le spectre des tensions et favorise les dynamiques consensuelles, consolidant ainsi la démocratie sénégalaise et assurant la stabilité indispensable au développement économique et social, dans l’intérêt supérieur de la nation. "Dialoguer en temps de paix, en partageant la part d’humanité qui existe en chacun de nous, est un examen à l’aune duquel une nation mesure sa grandeur", a dit le président de la République.

BABACAR SY SEYE

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