De la nécessité d’asseoir une culture préventive
Le Conseil national des artisans du Sénégal veut susciter, chez les travailleurs de leur secteur, une culture de la prévention, pour mieux préserver le capital et réduire considérablement les accidents de travail. Il a ouvert, hier à Thiès, un atelier d’information et de sensibilisation sur tous les risques que rencontrent, au quotidien, les artisans.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), 97 % de l’économie nationale sont portés par le secteur informel et compte la plupart des artisans. Dans leurs activités quotidiennes, les bijoutiers, teinturiers, cordonniers, menuisiers, tailleurs, maçons… rencontrent d’énormes difficultés, notamment des accidents de travail. Certains y perdent leurs doigts, la vue et contractent toutes sortes de maladies. D’autres, par contre, sont victimes de chutes mortelles.
Pour sortir les artisans de ces situations, le Conseil national des artisans du Sénégal a décidé d’investir le terrain national pour sensibiliser et informer ses pairs sur tous les risques et les mesures de prévention indispensables à leur ‘’survie’’.
Hier, c’est Thiès qui a abrité l’atelier de sensibilisation et d’information qui cible les travailleurs dont l’âge est compris entre 18 et 59 ans. Cette rencontre a vu la participation de plusieurs artisans de la région. D’après le président du Conseil national des artisans du Sénégal, l’un des objectifs clés dudit atelier est de sensibiliser sur les règles de santé, d’hygiène et de sécurité, afin d’éviter au maximum les cas d’accident au travail et de décès.
‘’Nous avons décidé de sensibiliser les artisans sur l’hygiène, la santé et la sécurité au travail. Nous avons plus de 129 corps de métier. Et dans chaque métier, il y a des risques, des maladies professionnelles qui assaillent les artisans. Aujourd’hui, avec la Caisse de sécurité sociale, on a décidé d’organiser cet atelier à Thiès pour vulgariser et conscientiser nos amis artisans pour la préservation du capital humain. Ce sont des ressources humaines importantes. Des travailleurs qui se décarcassent nuit et jour pour avoir un métier décent et nourrir leurs propres familles. Donc, nous nous devons de les conscientiser à préserver leur santé’’, a soutenu Moussa Niang, lors l’ouverture dudit atelier.
Pour faire de l’artisanat un levier ‘’sûr’’ du développement économique et social, le président du Conseil national des artisans du Sénégal indique qu’il y a nécessité à œuvrer davantage à la préservation du capital humain. ‘’Il y a eu récemment beaucoup de cas de mort d’hommes concernant les maçons. Les maladies professionnelles attaquent parfois les bijoutiers, parce qu’ils utilisent des produits chimiques qu’ils inhalent. Pour le cas des cordonniers, il y a certaines positions qui provoquent beaucoup de maladies. De même que les menuisiers qui éprouvent des problèmes de vision. Nous sommes là pour les conscientiser à utiliser les équipements de protection individuelle et à s’inscrire au niveau de la Caisse de sécurité sociale’’, a poursuivi le ‘’boss’’ des artisans du Sénégal, insistant sur la santé des travailleurs du secteur de l’artisanat qui, selon lui, doit être préservée.
Pour sa part, le président de l’Association régionale des bijoutiers de Thiès a invité le monde de l’artisanat à respecter à la lettre toutes les recommandations et règles d’hygiène, pour prévenir certaines maladies. ‘’Nous rencontrons beaucoup de problèmes de santé dus aux produits chimiques qu’on utilise. C’est le moment de penser à tout cela. Nous avons l’obligation de se conformer à ce qui sera issu de cet atelier pour notre bien-être. Car une sensibilisation de ce genre est une première dans la région de Thiès. C’est une innovation du conseil’’, s’est réjoui El Hadj Abdoulaye Tall. Qui se dit prêt à réunir ses collègues bijoutiers de la région afin de vulgariser toutes les règles d’hygiène, de sécurité et de santé, symboles d’un secteur artisanal performant.
GAUSTIN DIATTA (THIES)