Ouattara se lance pour un 4e mandat, Soro dénonce

Le président Alassane Ouattara a officialisé, hier, sa candidature à l'élection présidentielle d'octobre prochain, invoquant la stabilité du pays et les défis sécuritaires. Une annonce aussitôt fustigée par Guillaume Soro, qui dénonce une violation de la Constitution et appelle les Ivoiriens à ''défendre la liberté et la justice''.
À moins de trois mois de l'élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé, hier, sa candidature à un quatrième mandat, invoquant des défi majeurs à relever. Une décision vivement adressée à Guillaume Soro, ancien président de l'Assemblée nationale, qui dénonce une ''violation grave'' de la Constitution.
Dans une adresse solennelle à la Nation, le chef de l'État a déclaré avoir répondu aux appels ''de nombreuses voix'' venues de toutes les régions du pays, l'exhortant à poursuivre son action à la tête de l'État. S'appuyant sur la Constitution de la IIIe République, Alassane Ouattara a affirmé que ''le devoir peut, parfois, transcender la parole donnée'', en référence à son engagement antérieur à ne pas se représenter.
''Je suis candidat parce que la Constitution de notre pays m'autorise à faire un autre mandat et ma santé le permet'', a-t-il souligné, mettant en avant la nécessité de préserver les acquis économiques et sécuritaires de la Côte d'Ivoire face à la menace terroriste dans la sous-région et aux incertitudes économiques internationales.
Il a promis un mandat de transmission générationnelle, s'engageant à consolider les acquis et à améliorer le quotidien des Ivoiriens, notamment les plus vulnérables.
Une ''forfaiture'' pour Guillaume Soro
Quelques heures après l'allocution présidentielle, Guillaume Kigbafori Soro a publié une déclaration au vitriol, qualifiant cette candidature de ''quatrième mandat présidentiel illégal''. Soro, devenu opposant en exil, accuse Alassane Ouattara de ''fouler aux pieds la Constitution ivoirienne et les principes les plus élémentaires de la démocratie''. Il dénonce une mise en scène soigneusement orchestrée ces dernières semaines pour ''préparer l'opinion à une nouvelle violation de notre Loi fondamentale'' et comparer le chef de l'État à un ''dictateur'' accroché au pouvoir.
''Aujourd'hui, l'opposition est embastillée, la démocratie bâillonnée et la liste électorale, totalement truquée, annonce des lendemains périlleux'', avertit Guillaume Soro, appelant le peuple ivoirien à se ''lever, dans le respect de la légalité, pour défendre la Constitution, la justice et la liberté''.
Ce duel à distance entre les deux hommes donne le ton d'une campagne électorale qui s'annonce houleuse. Alors que le pouvoir insiste sur la stabilité et la légalité du processus, l'opposition dénonce un verrouillage démocratique et des institutions instrumentalisées
EXCLU DE LA LISTE ÉLECTORALE L'ONU rétablit Tidjane Thiam
Dans un communiqué transmis à la presse, Me Chichportich indique que le comité onusien a, après examen des arguments présentés par la Côte d'Ivoire, invité les autorités à ''prendre toutes les mesures nécessaires'' pour garantir que M. Cheick Tidjane Thiam puisse exercer ses droits politiques en vertu de l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Cet article reconnaît à tout citoyen le droit de voter, d'être élu et d'accéder, dans des fonctions générales d'égalité, aux publiques de son pays. En conséquence, le comité conjoint spécifiquement à la Côte d'Ivoire d'inscrire le président du PDCI-RDA sur la liste électorale, afin qu'il puisse concourir à la Présidentielle de 2025. Maître Chichportich souligne le caractère irrévocable de cette décision : ''Cette décision d'un organe indépendant de la plus haute instance internationale en charge du respect des Droits de l'homme est sans appel.'' Il appelle enfin les autorités ivoiriennes à assumer leurs responsabilités. ''Les dirigeants de la Côte d'Ivoire sont désormais face à leurs responsabilités. Il y va de leur crédibilité dans le concert des nations'', lit-on dans la note. Le Conseil constitutionnel devra encore valider les candidatures. Mais dans un pays marqué par une décennie de crises postélectorales, le climat politique autour du scrutin d'octobre 2025 s'annonce déjà tendu. |
MAMADOU DIOP